Jean-François Lisée accuse Québec solidaire de tenter de manipuler les Québécois, alors que s’amorce le dernier droit de la campagne électorale.
Après les questions sur le «chef» du parti de gauche qui «tire les ficelles» dans l’ombre et les critiques sur le programme politique, le chef péquiste a carrément jeté les gants dimanche matin.
«Lorsqu’on cache un programme politique, c’est de la manipulation, lorsqu’on a un co-porte-parole qui dit qu’elle a le pouvoir alors qu’on sait que c’est faux, c’est de la manipulation. Lorsqu’on dit que l’ancien président du Conseil centre de Montréal, un des hommes les plus puissants de l’univers syndical, qui est chef de QS, est juste là pour coller des timbres, c’est de la manipulation», a-t-il énuméré en conclusion d’un point de presse à Saint-Jean-sur-Richelieu.
Pas de preuve
Malgré l’accusation lancée par son chef, le Parti québécois a été dans l’incapacité, dimanche matin, de prouver que QS a modifié son programme politique, disponible en ligne. Le chef péquiste faisait possiblement référence aux textes des chroniqueuses Denise Bombardier et Lysiane Gagnon, qui ont affirmé samedi que le parti a remplacé son programme complet par une version écourtée l’an dernier.
À Québec solidaire, on assure qu’«il n’y a pas une ligne qui a été changée». Les chroniqueuses font peut-être référence au cahier des propositions présenté au congrès, fait-on valoir. Le programme, lui, est le résultat des propositions retenues par les membres lors du congrès.
«Les jeunes en particulier détestent être manipulés», a poursuivi Jean-François Lisée au cours de son point de presse. «Ils veulent rêver, veulent être idéalistes, ils veulent tout ça, bien sûr. Mais lorsqu’on dit ‘‘écoutez, des gens essaient de vous manipuler et il y a des exemples précis’’, je dis méfiez-vous, posez des questions. Nous, notre structure est claire. Nous, notre programme est sur notre site Internet. Nous, on a 15 journalistes tous les jours qui nous posent des questions. Il y a un vrai problème.»
Nationaliser les CELI?
La veille, lors d’un discours devant des jeunes militants de son parti, Jean-François Lisée a accusé Québec solidaire de vouloir nationaliser le tiers des CELI du Québec pour financer la rénovation de bâtiments énergivores.
Dans son plan de transition, QS écrit qu’il souhaite rapatrier le Compte d’épargne libre d’impôt canadien. «Par contre, le tiers de cette nouvelle réserve de capital sera géré par Transition énergétique Québec et rendu disponible aux fournisseurs en énergie (Hydro-Québec, Énergir) pour financer la rénovation de bâtiments résidentiels énergivores», écrit le parti un peu plus loin.
«Ils disent qu’ils veulent contrôler le tiers de toutes les sommes qu’il y a dans les CELI pour l’investir quelque part», dit M. Lisée. «[...] Si quelqu’un décide à votre place de ce que je vais faire avec un dollar sur trois, appelez ça comme vous voulez, mais c’est prendre le contrôle de l’épargne des individus.»
Convergence
Malgré ces critiques, le chef péquiste ne regrette pas d’avoir proposé l’an dernier de réaliser une alliance électorale avec QS, où chaque parti aurait laissé le champ libre à l’autre dans certaines circonscriptions. Cette proposition de «convergence» visait à écarter les libéraux et la CAQ du pouvoir dans un objectif de «bien commun», dit-il.
«Et donc, moi, je ne regrette rien, affirme le chef péquiste. On a fait cette démonstration que, pour nous, le bien commun des Québécois était plus important que nos différences partisanes.»
M. Lisée assure qu’il connaissait déjà les éléments qu’il reproche aujourd’hui à QS. Il a tout de même proposé une alliance «parce que nous avions espoir que des forces positives au sein de Québec solidaire voulaient le bien commun, nous le disaient, et on les voyait travailler, faire le tour du Québec en faisant cette démonstration-là.»