Mélanie Tremblay - La Commission de la représentation électorale (CRE) a déposé sa proposition de nouvelle carte électorale pour le Québec à l’Assemblée nationale ce mercredi. C’est une révision majeure qui est proposée, soit la plus importante depuis près de 30 ans. Et ce, afin d’assurer une plus grande équité entre les circonscriptions, selon la commission. En tout, 86 circonscriptions seront modifiées sur 125 si la proposition est adoptée.
«36 circonscriptions ne respectent pas, ou sont sur le point de ne pas respecter, le critère numérique prévu par la loi pour assurer une égalité relative des votes. Avec la carte actuelle, certains électeurs ont un vote qui a plus de deux fois le poids de celui d’autres électeurs. Cette situation demande des correctifs importants. C’est une question de justice et d’équité», a déclaré Me Marcel Blanchet, le président de la CRE.
Durant plusieurs mois, la commission a donc scruté à la loupe toutes les régions du Québec de façon à comprendre les mouvements de population et les réalités territoriales, tout en considérant l’histoire régionale, les barrières géographiques, le développement économique, le taux de croissance et les caractéristiques de la population. De là est née la proposition d’une nouvelle carte électorale.
Proposition
Le nombre de circonscriptions électorales dans les régions de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent et de Chaudière-Appalaches passerait de 15 à 12.
En Gaspésie, le territoire de la circonscription de Gaspé serait redistribué dans la circonscription de Matane, qui deviendrait ainsi Matane-Gaspé. La circonscription de Bonaventure deviendrait la circonscription de Bonaventure-Percé. La nouvelle circonscription de Matapédia-Mitis verrait son territoire s’agrandir.
Dans le Bas-Saint-Laurent, il est proposé que le Témiscouata se joigne à la circonscription de Rivière-du-Loup pour devenir Rivière-du- Loup-Témiscouata. Kamouraska serait jumelée à la circonscription de Montmagny-L’Islet pour former la nouvelle circonscription de Côte-du-Sud.
En Chaudière-Appalaches, une partie de la circonscription de Beauce-Nord serait fusionnée à celle de Frontenac, ce qui donnerait la nouvelle circonscription de Beauce-Amiante. Une autre partie de Beauce-Nord se retrouverait dans la circonscription de Chutes-de-la-Chaudière et une troisième portion serait transférée dans Beauce-Sud.
En Montérégie, on souhaite créer la nouvelle circonscription de Roussillon à partir des circonscriptions de Châteauguay et de La Prairie. Sur l’Île Jésus, à Laval, on prévoit créer une circonscription qui porterait le nom de Marc-Aurèle-Fortin, à partir des circonscriptions de Fabre et de Vimont. Dans la région de Laurentides-Lanaudière, il y aurait une nouvelle circonscription appelée La Plaine, à partir des circonscriptions de Blainville, de Masson et de Rousseau.
Il y aurait toujours neuf circonscriptions pour la région de l’Estrie et du Centre-du-Québec. Or, leur contour a été modifié. La commission a rééquilibré les circonscriptions entre elles et fait en sorte que leurs territoires correspondent mieux aux limites des MRC et des régions administratives.
Dans la région de la Capitale-Nationale, l’Île-d’Orléans et la Côte-de-Beaupré pourraient se retrouver dans une nouvelle circonscription qui s’appellerait Beaupré-Charlevoix. Au nord-ouest de la province, trois circonscriptions électorales se retrouvent en déficit d’électeurs. Pour corriger la situation d’Abitibi-Ouest et d’Abitibi-Est, il est suggéré d’agrandir leur territoire jusqu’au 50e parallèle et d’inclure la totalité de la ville de Rouyn-Noranda à l’intérieur de la circonscription de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
En Outaouais, dans la circonscription de Papineau où le nombre d’électeurs est très élevé, on souhaite retirer une municipalité au profit de la circonscription de Gatineau. En Mauricie, la circonscription de Laviolette est menacée d’être prochainement en déficit d’électeurs. En ce sens, il pourrait s’y ajouter deux municipalités qui sont dans la circonscription de Portneuf.Sur la Côte-Nord, pour éviter que la circonscription de René- Lévesque ne soit en déficit d’électeurs, il est suggéré de lui ajouter certaines municipalités situées sur la rive sud de la rivière Saguenay.
À venir
Du 21 avril au 13 juin prochain, la CRE tiendra 23 auditions publiques dans 21 municipalités du Québec. Par la suite, à la mi-juin, la Commission de l’Assemblée nationale étudiera la proposition de la carte électorale. Durant l’été, la proposition sera ajustée à partir de tous les commentaires reçus. Et en octobre, un nouveau document sera déposé à l’Assemblée nationale où il fera l’objet d’un débat.
Finalement, la CRE rendra une décision finale sur la carte électorale, laquelle décision sera publiée dans la Gazette officielle. Trois mois après cette publication, la nouvelle carte électorale pourra entrer vigueur.
«Les changements que nous proposons à la carte électorale reflètent l’évolution démographique du Québec. La population bouge. À cet égard, la carte tient compte de ce que le Québec est devenu depuis le début du XXIe siècle. On peut être heureux ou déçus de cette évolution. Pour la commission, il était nécessaire de la constater et de la traduire dans une délimitation juste et équitable pour l’ensemble des électrices et des électeurs», a indiqué Me Blanchet en conclusion.