Projet de loi 62: i-nap-pli-cable

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Au Québec, les 1001 nuits deviennent le conte des 1001 questions

Avant que le gouvernement légifère sur la laïcité comme il l'a fait cette semaine en adoptant le projet de loi 62, il y avait 1000 questions sur la neutralité de l'État et les accommodements religieux.


Il y en a maintenant 1000 et 1...


La toute nouvelle loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l'État complique en effet un peu plus un enjeu déjà compliqué. 


La preuve étant qu'elle a été adoptée en bonne et due forme... mais qu'on ne sait toujours pas par qui et comment elle sera appliquée.



La bibliothécaire devra-t-elle refuser de prêter un livre à une femme portant le niqab ?


Le responsable de la Maison de la culture devra-t-il empêcher l'entrée à une dame portant le voile intégral ?


Le chauffeur devra-t-il expulser de son autobus une femme portant la burqa ?


Et le Québec deviendra-t-il ainsi la seule juridiction en Amérique du Nord à interdire aux femmes voilées... les transports en commun ?


Devant une aussi flagrante contradiction avec ses discours passés, le premier ministre Couillard répond qu'il est guidé par un principe simple. « Vous me parlez, je vous parle, je vous vois le visage, vous voyez le mien. Ça fait partie de la communication. »


Soit. Mais à moins qu'un guichetier de métro ait une raison d'intervenir auprès d'une femme portant le niqab, en quoi « la communication » est-elle nécessaire pour lui permettre l'accès à la station ? En quoi doit-on absolument « parler » à une dame qui veut prendre l'autobus ? En quoi est-il important de « voir le visage » d'une femme qui souhaite visiter le Biodôme ?


Et surtout, qu'est-ce qui justifie qu'on cible et qu'on ostracise ainsi une poignée de femmes - quelques dizaines tout au plus - vivant à Montréal ?


Les simples craintes de la majorité, vraiment ?


Disons-le, dans les circonstances, la résistance qu'entend opposer le maire Denis Coderre se comprend. « S'il n'y a pas de question de sécurité en jeu, on n'a pas à l'appliquer », a-t-il tonné en rencontre éditoriale à La Presse.


En effet, on aura beau passer neuf mois à tenter de baliser la chose, on ne fera que repousser les questions et les déchirements à plus tard, tout ça pour conclure au caractère inapplicable d'une portion de la loi. 


Car précisons-le, ce n'est pas la loi qui pose problème en soi, mais le fait qu'elle intègre les services municipaux et qu'elle traite les services donnés et reçus sur un pied d'égalité.



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