La crise qui secoue le PQ en amène plusieurs à envisager la formation d’un autre parti politique …, comme s’il était utile de diviser à l’extrême le vote souverainiste ! Il pourrait être tentant de miser sur Québec solidaire, puisque cette organisation est déjà en place … Cette option me paraît représenter une erreur majeure, à la fois sur le plan politique et stratégique.
Bien sûr, si l’on est souverainiste et soucieux des intérêts de la majorité de la population, on ne peut être contre certaines orientations de QS, notamment en matière de justice sociale. Mais la moindre connaissance de la réalité de ce parti nous alerte sur le fait que cette organisation, à la fois hétéroclite et sectaire, doctrinaire et opportuniste, n’est aucunement à même de représenter les citoyens québécois, du moins, et surtout, en tant que parti au pouvoir. D’ailleurs les fantasmes de prise du pouvoir que cultivent certains militants de QS sont révélateurs de la nature sectaire, au sens religieux, de ce parti.
D’autre part, les orientations plus détaillées de QS sont à l’image de l’amateurisme et de l’aveuglement qui ont cours dans le parti : curieux sexisme dans la promotion des signes religieux traditionalistes, curieux racisme dans le lien entre la pigmentation de la peau des individus et leurs droits sociaux, curieux appui aux forces fédéralistes (NPD) alors que l’on prétend être officiellement “souverainiste”, imprécision inquiétante sur les processus réels de changement social et politique y compris dans leur dimension stratégique, etc. Ajoutons à cela le passé douteux d’un certain nombre de cadres de QS, en particulier dans l’antisyndicalisme …

Les électeurs québécois ne referont pas l’“opération NPD” une deuxième fois, en faveur de QS. On remarque d’ailleurs une baisse marquée des intentions de vote pour cette formation politique, et cette fluctuation est typique de votes protestataires qui sont susceptibles de se déplacer d’une manière significative sur l’échiquier politique. Il reste cependant que QS représente une sorte d’espoir pour certains citoyens à la recherche d’une voie politique.
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Il apparaît maintenant que le risque d’un autre désastre électoral au Québec ne soit plus seulement celui d’une réélection du gouvernement Charest (à la faveur d’une division du vote progressiste et indépendantiste), mais aussi celui de la possible prise du pouvoir par un nouveau parti sous la direction de François Legault. Dans ce contexte, il est essentiel d’éviter que les voix des électeurs qui optent pour le PQ et pour QS respectivement, ne se divisent et s’opposent inutilement. C’est pourquoi il me semble que d’ici les prochaines élections, il est indispensable qu’émerge et se développe un mouvement social indépendantiste (via Cap sur l’indépendance ?), à la fois libre des contraintes des partis politiques et apte à exercer des pressions significatives sur ceux-ci, le PQ, QS, et le Parti indépendantiste en particulier. Il est trop tôt pour prévoir ce qu’une recomposition du PQ, avec un possible changement de direction, pourrait apporter en terme de renouvellement de perspective pour la population québécoise, mais c’est ce à quoi il faut s’employer, y compris dans les circonscriptions des élus démissionnaires du PQ, là où la situation est à la fois prometteuse et des plus confuse !
En se préparant à faire face éventuellement au pire, travaillons pour le meilleur, chacune et chacun selon nos aptitudes et disponibilités ! Il s’agit de participer à la libération d’un peuple, que l’on tente de désinvestir de sa mémoire et de son identité, et d’un pays réel avec ses centres urbains dans lesquels la langue nationale est menacée et avec ses régions dont l’avenir est à défendre, dans chaque ville et village ! Tout cela sans oublier que notre libération passe par une indispensable alliance avec les nations autochtones !
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Yves Claudé
_ ycsocio@yahoo.ca