Quand on approche des élections, tous les chefs de parti, sans exception, demandent à leurs députés de finaliser leur réflexion : tu continues ou je te cherche un remplaçant ?
Le chef doit en effet savoir sur quel alignement il pourra compter quand les séries commenceront.
Cette planification longtemps d’avance est facilitée quand les élections sont à date fixe.
Normal
Il est vrai que le PQ va très mal, mais il ne faut pas interpréter les départs des derniers jours uniquement à travers la lorgnette des mauvais sondages.
Après 42 ans de vie parlementaire, François Gendron a gagné le droit de faire autre chose.
Éprouvée par la maladie, nommée ministre pour la première fois le même jour que moi, le 23 septembre 1998, Nicole Léger a beaucoup de millage politique dans le corps.
Agnès Maltais a tenu seule la bannière du PQ à Québec pendant des années. Ça use.
Meurtri par deux défaites lors de courses au leadership, Alexandre Cloutier a aussi de jeunes enfants et, à 40 ans, il fait le juste calcul qu’il peut encore démarrer une seconde carrière ailleurs.
Il y aura aussi de nombreux départs parmi les actuels députés du PLQ.
Ceux de la CAQ n’ont pas eu le temps d’être usés par cette vie très exigeante et sont, logiquement, grisés par la perspective de prendre le pouvoir pour la première fois.
Dans le cas du PQ, les mauvais sondages rendront beaucoup plus compliqué de convaincre des « vedettes » de se porter volontaires pour monter au front.
Il est injuste de voir en Jean-Martin Aussant le messie qui pourrait sauver le mobilier péquiste.
Les problèmes du PQ ne se réduisent pas à des considérations de personnalités.
Le PQ est un autobus créé pour mener les Québécois à la souveraineté : pourquoi des gens monteraient-ils à bord d’un véhicule qui veut les conduire là où ils ne veulent pas aller ?
Par contre, si le chauffeur annonce un changement de destination, les passagers déjà à bord, billets payés et bagages rangés dans la soute, protesteront avec raison.
Que faire ?
Le PQ se dirige vers un désastre s’il se présente comme une simple alternative au PLQ : la CAQ ne sera pas moins convaincante dans ce créneau.
Le PQ ne peut non plus ramener la promesse d’un référendum à court terme, auquel seul peut croire quelqu’un qui a des problèmes de contact avec la réalité.
La seule avenue, hautement incertaine, est une attaque frontale et polarisante contre le régime politique canadien afin d’amener le débat sur le seul terrain à l’avantage du PQ.
Mais si vous trouvez que c’est un peu l’équivalent d’enlever son gardien pour un 6e attaquant avec une petite minute à jouer, vous aurez bien raison.