Nous sommes au début d’un nouveau cycle politique qui doit absolument cette fois, être déterminant pour l’avenir de notre peuple et son indépendance politique. Il devenait impossible pour moi de demeurer à l’écart de cette campagne que tient le Canada sur le territoire du Québec.
On doit faire en sorte que cette élection du Canada soit la dernière sur le territoire du Québec ou, au pire, l’avant-dernière. Nous devons mettre fin à notre dépendance de l’État canadien pour pouvoir prendre nous mêmes toutes nos décisions. Mais en même temps, d’ici à ce que l’indépendance se réalise, des députés du Bloc à Ottawa pourront, non seulement mieux défendre les intérêts du Québec, mais aussi lier chaque question débattue au Parlement d’Ottawa avec notre avenir national plutôt qu’avec celui du Canada.
Pour « monter au front », je devais quitter la présidence des Organisations unies pour l’indépendance. Les États généraux sur la souveraineté que nous y avons mené ont dénombré 92 blocages dans tous les domaines de la vie collective, publiés dans l’ouvrage « Forger notre avenir » que j’ai édité. On y défini également des projets pour le Québec que nous pourrions réaliser en levant ces blocages et en récupérant toutes nos compétences et nos budgets. Voilà une base de contenu solide pour la campagne électorale.
Contrairement à ce que cherchent à véhiculer nos adversaires, la plupart des questions qui affectent la population sont en lien direct avec notre statut de dépendance politique. Dans Lasalle-Émard-Verdun où je me présente, les mesures de création d’emploi faites ailleurs et contre nos valeurs dans le pétrole, l’automobile ou l’armement, ainsi que les coupures à l’assurance chômage, frappent durement les travailleurs et les jeunes familles. Le retrait d’Ottawa du financement du logement social créera inévitablement, une augmentation du coût des loyers pour les moins riches. Le péage sur le pont Champlain, porte de communication du sud-ouest avec l’extérieur, viendra encore grever le budget familial des résidents du comté. Le transport du pétrole dans le Saint-Laurent fait subir un risque énorme pour la qualité des berges et notre environnement. Finalement, les coupures des transferts en santé et la hantise du déficit zéro (appuyé désormais par le NPD) risquent d’ajouter une deuxième austérité à celle déjà en cours à Québec en santé et en éducation. Toutes des mesures de l’État canadien, prises à l’extérieur du Québec doivent être combattues d’un point de vue indépendantiste.
Sortir le Canada du Québec
Ces élections fédérales auront un impact important sur l’avenir du projet d’indépendance. L’élection d’un député du Bloc, ça signifie un indépendantiste de plus sur le terrain et un fédéraliste de moins. Ça signifie des moyens financiers, de la visibilité, des employés au service de l’indépendance. Une majorité de députés bloquistes au Québec, ce sont des centaines de personnes et des millions de dollars au service de l’indépendance, au service du Québec, au service de nos aspirations. Les indépendantistes forment toujours plus de 40% de la population. Ils doivent être représentés par des candidats qui pensent comme eux et qui résisteront aux blocages du régime, tout en obtenant des gains pour le Québec.
Oui il faut sortir le gouvernement Harper, mais encore plus important, il faut sortir le Canada des affaires du Québec. Depuis que les conservateurs sont majoritaires à Ottawa, nous sommes soumis à l’un des gouvernements canadiens les plus néfastes pour le Québec. Avant eux, les libéraux l’ont été tout autant. Rappelons qu’en 1982 le gouvernement Trudeau (père), avec l’appui de 74 députés du Québec sur 75, nous a imposé une constitution qui lui a permis de désavouer des lois fondamentales du Québec comme la loi 101. Le NPD est en bonne voie de leur ressembler, lui dont le chef vient de remiser le crédo social démocrate pour épouser l’objectif du déficit zéro et promouvoir le transport pétrolier au Québec qui serait, affirme-t-il bénéfique pour tous les canadiens. Les députés NPD et libéraux sont les représentants du Canada du Québec, peut-être moins rétrogrades que les conservateurs mais plus centralisateurs : ministère des affaires urbaines, interventions dans les garderies, commission des valeurs mobilières, appui au Canada pétrolier. Alors qu’à Québec on déconstruit l’État québécois, qu’arrivera-t-il si Ottawa le remplace grâce à son pouvoir de dépenser notre argent.
Le véritable changement
Il y a deux méthodes pour sortir les conservateurs à Ottawa : la mauvaise et la bonne. La mauvaise consiste à mettre tous ses œufs dans le même panier comme en 2011 en s’illusionnant sur la capacité des députés du Québec à défendre les intérêts et les valeurs du Québec alors qu’ils sont forcément minoritaires dans les partis fédéralistes lorsqu’il sont au gouvernement.
La bonne méthode consiste à s’assurer que le prochain gouvernement canadien soit minoritaire avec une forte opposition du Bloc québécois. Un gouvernement minoritaire sera moins nuisible, car il pourra être contré s’il attaque le Québec ou convaincu d’adopter parfois des mesures bénéfiques pour le Québec s’il veut l’appui du Bloc. Un Bloc québécois détenant la Balance du pouvoir n’aura aucune contrainte imposée par le Canada pour jouer pleinement son rôle, à 100%, dans la défense des intérêts du Québec. Et il pourra préparer le seul véritable changement, pas un simple changement de parti ou de « maître » à Ottawa, mais un changement de régime où nous ne serons plus d’éternels minoritaires toujours sur la défensive, mais où nous contrôlerons les clefs de notre avenir.
Sortir le Canada, pas seulement Harper
Pourquoi je me présente pour le BLOC
Lier les vrais affaires à l'indépendance
Chronique de Gilbert Paquette
Gilbert Paquette68 articles
Ex-ministre du Parti Québécois
_ Président des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO)
Gilbert Paquette est un chercheur au Centre interuniversitaire de recherche sur le téléapprentissage (CIRTA-LICEF), qu’il a fondé en 1992. Élu député de Rosemont à l’...
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Ex-ministre du Parti Québécois
_ Président des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO)
Gilbert Paquette est un chercheur au Centre interuniversitaire de recherche sur le téléapprentissage (CIRTA-LICEF), qu’il a fondé en 1992. Élu député de Rosemont à l’Assemblée nationale du Québec le 15 novembre 1976, réélu en 1981, Gilbert Paquette a occupé les fonctions de ministre de la Science et de la Technologie du Québec dans le gouvernement de René Lévesque. Il démissionne de son poste en compagnie de six autres ministres, le 26 novembre 1984, pour protester contre la stratégie du « beau risque » proposée par le premier ministre. Il quitte le caucus péquiste et complète son mandat comme député indépendant. Le 18 août 2005, Gilbert Paquette se porte candidat à la direction du Parti québécois. Il abandonne la course le 10 novembre, quelques jours à peine avant le vote et demande à ses partisans d’appuyer Pauline Marois. Il est actuellement président du Conseil d’administration des intellectuels pour la souveraineté (IPSO).
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5 commentaires
Robert J. Lachance Répondre
8 septembre 2015Si je vous ai bien compris, j’en fais comme vous une question de gestion de territoire avant que de projet d’évolution de francophonie en Amérique. Une question d’État-peuple pluri-national souverain autant qu’il se peut au sein des nations, aux Nations-unies.
Il se trouve au Québec trois nations fondatrices : Les Premières-Nations, La Deuxième et compagnie, La troisième et compagnie. L’affirmer, c’est poser la question. Le Québec est majoritairement francophone.
Dans ce contexte conceptuel, Le Canada sans le Québec CSQ plutôt que ROC, est semblable mais majoritairement anglophone.
Deux peuples. Deux pays ?
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Par ailleurs, je suis un adepte de Bryan Breguet. À cette adresse :
http://www.tooclosetocall.ca/2015/09/liberals-take-lead-in-ontario-true.html
il expose scientifiquement vos chances d’avoir à subir des séjours fréquents à Ottawa. On y trouve pour Lasalle-Égard-Verdun des projections désespérantes, c’est selon. Les conservateurs seraient à 9 %, les libéraux à 23, le NPD à 46, les verts à 4 et les bloquistes à 18. être deuxième sera une victoire. Premier me semble une inaccessible étoile au sens de Jacques Brel, à la voix de Ginette Renaud :
https://www.youtube.com/watch?v=eMaouEQUW8E
Avec ces pourcentages, les probabilités imaginées que vous deveniez député à Ottawa en 2015 sont de .0 % comme celles des candidats conservateur et vert. À .3 %, celles du candidat libéral ne sont pas réellement beaucoup meilleures. Le candidat NPD obtient les 99,7 restants.
Archives de Vigile Répondre
7 septembre 2015M.Paquette
Jamais deux sans trois!
Une bonne raison de sortir le Québec du Canada
mais que personne ne mentionne et il y a urgence
c`est d`éviter de subir une troisième CONSCRIPTION
du au fait que le Canada fait parti de l`empire Anglo-Saxon!
Les décisions se prennent par Ottawa et le Canada
anglais! Face à ça le Québec seras toujours perdant!
Rester dans le Canada c`est accepter le risque d`une 3iè CONSCRIPTION si conflit potentiel d`une 3iè guerre mondial!
http://www.fondationlionelgroulx.org/Le-1er-avril-1918-Emeute-a-Quebec.html
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/collaborations/8674.html
Archives de Vigile Répondre
7 septembre 2015Un peuple sans mémoire est un peuple sans vision de l'avenir.
Comment des prétendus souverainistes vont s'y prendre pour soulager leur conscience après avoir voter pour un parti centralisateur fédéraliste garni de poteaux à Ottawa, malgré la présence du bloc québécois avec Gilles Duceppe à sa tête?
Mon député s'appelle Jacques Gourde, le plus *%?/! des cinq députés conservateur élus au Québec, il inonde ma boîte postale de propagande de l'Ouest canadien de la vision de Stephen Harper; la sécurité de nos rues, les emprisonnements prolongés des détenus et toute la poubelle au grand complet.
S'il n'y avait pas du Bloc, j'annulerais mon vote.
Bonne chance le soir de l'élection M.Paquette
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
6 septembre 2015M. Paquette, qu'on vous donne la visibilité et vous gagnerez de l'électorat la crédibilité.
On ne sait pas assez toute l'expérience qui vous a mené aux Intellectuels Pour la SOuveraineté (IPSO) qui ont produit les jeunes IPSO puis les Organisations Unies pour l'Indépendance (OUI QUÉBEC), en passant par les États Généraux sur l'Indépendance du Québec. D'où les 92 blocages subis par le Québec dans le Canada.
Des milliers de convaincus nouveaux à venir.
Archives de Vigile Répondre
6 septembre 2015S’il est vrai que le NPD, les PLC et le PCC ont autour de 30% du vote dans l’ensemble du Canada
avec le NPD un peu en avant, il est possible que le NPD soit à la tête d’un gouvernement
minoritaire.
Une quinzaine de députés du Bloc pourraient détenir la balance du pouvoir. D’accord avec vous
Gilbert Paquette. C’est réaliste et ça doit être l’objectif du Bloc. Bonne chance dans votre comté.
Robert Barberis-Gervais, 6 septembre 2015