Pour une immigration francophone venue des quatre coins du monde

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JFL : Les études (dont celle du CIRANO de 2014) disent que l’immigration a un impact très mineur sur la croissance économique.

Le Verbatim de mon échange de ce matin à ce sujet:
VERBATIM- 26 septembre 2016
JFL : Les études (dont celle du CIRANO de 2014) disent que l’immigration a un impact très mineur sur la croissance économique.
J’ai deux propositions.
La meilleure immigration possible, c’est celle qu’on fait en ce moment avec Québec International dans les journées Québec. Les employeurs de Québec, qui sont en plein emploi, donc en pénurie de main-d'œuvre, se rendent en France, en Belgique ou à Barcelone, ont des kiosques, reçoivent des cv et des personnes qui peuvent exactement répondre à la demande d’emploi.
À ce moment-là, ils les embauchent et ils les emmènent, leur trouvent un logement, l’école pour les enfants, ils sont immédiatement intégrés. Ca c'est l’immigration parfaite qui répond parfaitement aux besoins de l’économie québécoise et qui assure le succès du néo-québécois.
Ça me préoccupe énormément. Si on fait venir des gens, il faut être accueillant. Il faut les conduire au succès.
La 2e chose que je propose : l’immigration des diplomés. C'est de faire en sorte qu’on attire au Québec, dans nos cegeps, nos universités, nos écoles de formation des élèves francophones du monde entier, pour les accueillir, les intégrer, les diplômer avec nos propres diplômes.
Donc il n’y a pas de débat à savoir si ce sont de bons diplômes, ce sont les nôtres. Et en retenir la grande majorité.
Ça c’est de l’immigration qui est gagnant gagnant. Gagnant pour notre économie, gagnant pour les néo-québécois qui sont tout de suite dans un parcours de succès.
Q : donc la meilleure immigration,c’est l’immigration européenne?
JFL : Pas nécessairement, je dis les francophones du monde entier. Donc ce sont..les francophones sénégalais, et les francophones qui ont le français comme 2e langue et qui peuvent étudier en français. Alors tous ceux qui viennent de Shanghai, ou de Santiago, et qui peuvent étudier en français sont bienvenus.
Q : Donc il faut mieux choisir son immigration?
JFL : Bien sûr. Il faut non seulement mieux la choisir, mais créer des chemins vers le succès de chaque néo-québécois. Moi, des ingénieurs qui chauffent des taxis, et des techniciennes spécialisées qui servent aux tables, briser des vies d’immigrants, ça ne m’intéresse pas.
Je ne veux plus jamais qu’on fasse cela. Alors, mieux on va cibler, mieux on va accompagner le succès.. et je dis dans mon programme sur les étudiants étrangers que le jeune étudiant haïtien qui est très bon, mais qui n’a pas un sou, lui il faut l’aider à réussir.
Moi je suis prêt à non seulement lui payer ses bourses, mais ses frais de séjour, pour que les gens de la francophonie sachent qu’au Québec, c’est un pôle d’excellence, je peux réussir ma vie grâce au Québec
Q : en ce sens-là, est ce que la vague de réfugiés syriens que nous avons eue, qui bien souvent n’ont aucun diplôme, qui ne parlent pas le français, est ce que ça ne va pas à l’encontre de ce que vous dites ?
JFL : Il y a trois sources d’immigration : les travailleurs qualifiés, c’est ce dont je parle; il y a la réunification des familles pour laquelle je pense qu’il faut les prendre en charge pendant 2 ou 3 mois, (sauf les grands-mères de 72 ans, les grands-pères) pour leur assurer une bonne intégration linguistique. Et il y a notre solidarité internationale. Ça, ce sont les réfugiés.
Peu importe le nombre de nids de poule qu’il y a ici, on est un des endroits les plus riche au monde. Et on a un devoir de solidarité, et on l’a toujours fait pour des populations qui fuient la guerre, un tremblement de terre ou un séisme. Et pour eux, c’est sûr que ce n’est pas ce qu’on aurait choisi pour l’économie québécoise, mais ce n’est pas la question qu’on pose, c’est « est ce qu’on fait notre juste part d’humanisme? ».
Et pour eux, je dis qu’il faut les prendre en charge complètement pendant 2 à 4 mois quand ils arrivent, leur apprendre le français, leur apprendre la façon dont on fonctionne ici, l’égalité des hommes et des femmes. On ne leur demande pas de voir leur diplôme.
Q : En clair, ils vont à l’encontre de la politique économique que vous nous présentez. Ce sont des gens issus de l’immigration qui ne sont pas actifs sur le plan économique rapidement quand on les reçoit?
JFL : Ce n’est pas pour ça qu’on les reçoit. Eux, ce sont des gens dans le trouble. Nous autres, on est riche, on va vous aider. On va faire le maximum pour vous intégrer le mieux possible à notre société.
Q : Vous citez Paris, Barcelone ou Bruxelles, c'est donc dire qu il faut orienter le programme d'immigration des travailleurs qualifiés vers ces pays qui ont des universités reconnues et baisser les seuils des pays qui ont des universités moins reconnues comme le Maghreb?
JFL : Ça ne fonctionne pas comme cela. Quand je dis que Québec international fait des journées Québec pour aller chercher des cv et employer directement des gens, ce sont des opérations extrêmement ciblées et couronnées de succès.
Mais si le VG dit que nous pouvions en accueillir 32 000 comme dans les années 80, on n’arrivera jamais à 32 000 comme ça. Le reste, ce sont des gens qui, peu importe où ils sont dans le monde, font une demande de sélection et on leur dit « très bien, quel est votre diplôme»?
Moi ce que je veux, c’est qu’on puisse leur dire avant qu’ils arrivent, si votre diplôme est reconnu ou il ne l’est pas; ça vous prend deux ans de plus ou non; est-ce que vous avez une connaissance du français qui est intermédiaire ou avancée?
On le teste par examen. Si vous échouez votre examen, pas de problème, continuez à étudier le français chez vous, et repasser-le l’an prochain. Et on sélectionne à l’intérieur du bassin de candidats ceux qui sont le plus proche des besoins en main d’œuvre d’où qu’ils viennent.
Q : Est ce vous qui disiez il y a 2 ou 3 ans qu'un immigrant francophone valait plus qu’un immigrant chinois?
JFL: Non, ce que je disais c'est que le succès de l’intégration passe par la connaissance du français d’où qu’il vienne. Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a à peu près un million de finissants de lycées français partout dans le monde, qu’il soit à Shanghai, au Sénégal ou à Boston. Et donc, il y a un bassin de gens, pour qui le français n'est pas la langue première, mais la langue seconde à qui on devrait parler.
Q : Donc la connaissance du francais est un facteur d’intégration. Est-ce que par ailleurs, l’attachement aux valeurs occidentales est un autre facteur d’intégration qui favoriserait par exemple quelqu’un de Paris, Bruxelles ou Barcelone de s’intégrer plus facilement que quelqu’un de Bamako, ou de Tanger?
JFL : Il y a des gens à Paris ou Bruxelles ou Barcelone qui sont membres d’Al quaida, alors, on ne les veut pas. Écoutez, c’est une généralisation que je ne veux pas faire. Je ne veux absolument pas la faire, mais je veux être très clair.
J’ai proposé de dire quel est le tronc commun de nos valeurs. Si quelqu’un vient ici, des États-Unis, du Canada, ou d’où que ce soit, il faut qu’il sache que le Québec est une nation, que la langue est le français, qu'on a un récit historique singulier que chacun est appelé à connaitre, qu'on a une culture à prédominance francophone et on est très attaché à des valeurs universelles que sont l’égalité des hommes et des femmes, la laïcité, l’entraide et la coopération, le progrès social et la démocratie. C’est ça notre marque de commerce. C’est ce qui nous définit.
C’est sûr qu’on leur dit -- on leur dit déjà à peu près ces choses-là --lorsqu’ils sont candidats à la sélection. Et le message qu’on envoie, c’est que si vous n’êtes pas d’accord avec ça, c’est peut-être mieux que vous alliez ailleurs.
Contrairement à ce que François Legault pense, il n’y a aucune façon de vérifier au point d’entrée. Si quelqu’un dit : "oui oui, je suis d’accord avec ces valeurs-là, et dans les faits, je suis pour un système de valeurs complètement différent" …on n’aura jamais de contrôle là-dessus.
Il faut assumer complètement notre affirmation de qui nous sommes et de nos valeurs, et puis ensuite il y aura toujours des gens. Il y a d’ailleurs des gens qui sont nés ici et qui deviennent des radicaux. Il faut accepter que dans la société il n’y ait pas unanimité sur nos valeurs, mais il n’y aura pas de consensus si on ne les affirme pas.
Q : Il n’y a aucune façon pour le gouvernement du Québec de s’assurer que les immigrants, les personnes qui sont admises au Québec, respectent et respecteront les valeurs québécoises?
JFL: Il n’y a aucune façon de s’assurer qu’un bébé qui est né au Québec aujourd’hui ne deviendra pas un criminel. Les gens évoluent. Ça n’existe pas, moi je suis contre Big Brother. Je pense qu’il faut faire de la pédagogie. Il faut assumer qui on est, on ne peut pas entrer dans la tête des gens et prévoir cinq ans d’avance.
Q : Je comprends que vous êtes opposé au test des valeurs, parce que vous jugez qu’il serait complètement inefficace. Mais des entrevues par un fonctionnaire québécois avec les personnes avant de leur donner une certification de sélection du Québec ?
JFL: Tout a été essayé, c’est sûr qu’on fait toujours une étude de sécurité. Donc des gens dont on pense qu’ils sont liés à des réseaux criminels quels qu’ils soient, sont écartés. Ça c’est très bien. On leur demande de signer une déclaration qui reflète nos valeurs. Et on sait que l’immense majorité signe en étant d’accord avec, mais à partir de là, il faut être conscient de la réalité de la nature humaine.
Q : est-ce que vous faites confiance au système de filtrage d’Immigration Canada?
JFL : Jusqu’à preuve du contraire, oui. Parce que je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont été écartés, y compris dans les camps de réfugiés. Il y a beaucoup plus de criminels qui sont entrés aux États-Unis qu’au Canada au cours des cinq dernières années malgré un système dont on dit qu’il est beaucoup plus rigoureux aux États-Unis. Alors, je pense qu’on est dans la norme supérieure

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Jean-François Lisée297 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





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