Bien qu'il ait été analysé de toutes les manières, je crois que le problème
linguistique du Québec repose essentiellement sur l'aspect social puisqu'il
transcende toutes les questions culturelles et religieuses qu'apporte le
présent débat sur les accommodements; justement, le fait que cette
commission se déroule en français est déjà une bonne piste de réflexion. Et
ce problème serait même au-delà de l'éthique, de la morale, car il s'appuie
sur un acquis de taille : la majorité des citoyens du territoire du Québec
utilisent le français, dans sa version américaine, afin d'interagir.
Et c'est bien là son utilité : se comprendre entre nous dans un territoire
donné. Alors, à mon avis, le « nous », ne tient qu'à cela. Exit la couleur
de la peau, exit la religion, exit même la culture : la langue française
est le contenant tout en étant le véhicule, émouvant et mouvant, émouvant
dans sa mouvance. Ainsi, la passion, pour l'antagoniser avec le sens
pratique, en devient le résultat et non le moteur. La différence est ténue,
mais compte pour beaucoup dans le calcul. Il n'y a qu'un pas de la passion
jusqu'à la guerre...
C'est pour cela que je prône ici un nationalisme pratique, extérieur à la
passion, pour qu'elle en fleurisse plus aisément, en fin de compte, au
travers du tissu serré de nos nouvelles interactions interculturelles et
interraciales. Parce qu'on le voit bien, la passion qui s'appuie sur la
tradition, a priori, est la plupart du temps réactionnaire, destructive,
négative. Un nationalisme qui ne s'appuierait que sur le consensus
linguistique serait comme une remise à zéro, un moment charnière, d'où
pourrait ressortir quelque chose d'important, de concluant.
Puisqu'en fait rien ne justifie la poursuite du rêve francophone en
Amérique sinon sa seule existence, son usage; nous devons par conséquent
gager sur son côté utilitaire pour assurer sa pérennité. En somme, il faut
que le français soit utilisé par le plus grand nombre possible et qu'il
soit à la base de tous nos rapports sociaux, parce qu'il est fonctionnel,
inclusif, et non pas parce qu'il serait un boulet issu de l'histoire, un
résultat fortuit, interchangeable. Il est vivant parce qu'aujourd'hui on en
use. Quelle meilleure preuve et quel meilleur argument pouvons-nous avoir?
Qui sera alors contre le fait de vouloir réunir la totalité de la
population autour d'un code commun qui s'actualiserait par le français?
Alors, qui pourrait être d'accord avec ce projet et refuser en même temps
toute idée de réglementation dans ce sens, comme entre autres, celui que le
Parti Québécois propose?
Au-delà de la politicaillerie et des grands discours, il va bien falloir
un jour trancher dans le compromis canadien, le multiculturalisme, le
bilinguisme officiel insidieux, asymétrique, parasite maladroit du
bilinguisme volontaire, utilitaire, qui lui s'appuie avec raison sur le
statut mondialisant de la langue anglaise. Il faudra faire le tri.
J'ose croire que sans le couperet référendaire, la population va enfin
accepter de se mouiller afin d'établir un plan linguistique logique, qui
clarifiera sa position au-delà de la mondialisation anglicisante,
justement. Sinon, aussi bien passer à un autre niveau et accélérer
l'assimilation en intégrant la totalité des nouveaux immigrants par
l'anglais et en offrant des cours d'anglais gratuits pour la population
francophone.
L'entre-deux-chaises devient franchement imbuvable... et surtout,
improductif.
Pascal "Renart" Léveillé
http://renartleveille.blogspot.com/
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
Identité québécoise
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
2 commentaires
Jean Pierre Bouchard Répondre
25 octobre 2007La mémoire permet d'être en mesure de s'orienter dans l'espace et le temps. Collectivités ou individus ne peuvent se mouvoir sans l’image mentale de ce qui les caractérisent.
Notre capacité de déduction humaine qui nous distingue des animaux n’est pas dépourvue du sens apporté par la longue durée, elle ne peut se passer « des films que nous
avons dans la tête » qui sont des enregistrements des événements passés. La culture dans sa singularité aménage dans des formes la succession des expériences vécues par des sociétés.
C’est pourquoi qu’on ne peut produire des communautés ou des peuples en laboratoire, c’est pourquoi qu’une nation comme celle du Québec ne se réduit pas à sa caractéristique linguistique francophone. Il en est de même d’ailleurs pour l’ensemble des nations de la planète. Une bonne dose de raison est capable d’encadrer la sensibilité de la culture.
Ce qui signifie que l’inclusion des nouveaux arrivants passe nécessairement par une culture
d’accueil mais en espérant que celle ci soit inscrite dans la laïcité, ce qui est le cas essentiellement du Québec.
Le rapport à l’environnement des autochtones d’Amérique s’est traduit par coutumes et traditions. Le Québec français n’existe pas en soi, depuis 1608 par la fondation de
Kebec, son développement
s’est inscrit dans une durée. L’inclusion pure et abstraite n’existe pas.
Archives de Vigile Répondre
25 octobre 2007C'est très bien dit. C'est clair et ne va pas par 4 chemins, droit au but, sans détours inutiles.
Vous avez saisi exactement le coeur de l'affaire d'une façon positive ce qui contraste avec le lot de négativisme actuel.
Il me semble que Mme Marois commence solide comme chef du PQ dans le sens souhaité par une majorité de Québécois. Elle a l'appui de Jacques-Yvan Morin et de Louis Bernard, 2 sommités en affaires constitutionnelles.