L’analyse fédéraliste de La Presse quant au dernier sondage sur le climat politique québécois demandait son pendant souverainiste. De bon coeur, prêtons-nous à cet exercice.
À la lecture du dernier sondage CROP sur l’avis des Québécois en ce qui a trait à la politique québécoise et canadienne, il est évident que le fossé se creuse entre le nationalisme revendicateur, par le poids cumulé du PQ et de l’ADQ, et le fédéralisme éculé du PLQ. Pourtant, La Presse fait ses choux gras de la perte de vitesse de l’option souverainiste et de la popularité de Mario Dumont pour tenter de faire oublier la piètre performance de Jean Charest et de son parti (que même un changement de chef avec Philippe Couillard ne semblerait pas beaucoup aider). Quant aux résultats sur l’appui à la souveraineté, nous devons aller plus loin que les simples chiffres qui réjouissent les uns et dépriment les autres.
Au départ, la question de faire l’indépendance du Québec sans partenariat est biaisée puisqu’il serait hypothétiquement impossible que ce nouveau pays se referme sur lui-même au lendemain d’un OUI assez fort pour démontrer une réelle volonté populaire. Il s’agirait simplement d’un suicide collectif. Donc, pour relativiser encore plus les choses au niveau de l’économie, cela prendrait vraiment une mauvaise volonté générale, ainsi qu’un désir pathétique de perdre de l’argent pour que les entreprises des autres pays et du Canada cessent unanimement, du jour au lendemain, de faire affaire avec un pays émergeant dont le PIB fait déjà concurrence, comme simple province, avec des pays comme l’Italie et l’Espagne.
Aussi, le discours mondialisant a été tellement répété depuis le dernier référendum qu’il est difficile de comprendre pourquoi cet enjeu est encore enchâssé dans le raisonnement collectif, si ce n’est que par la faute de la stratégie fédéraliste. Pourtant, il est facile de se rendre compte que cette question de la souveraineté pure n’est là que pour faire peur et donner l’opportunité aux antisouverainistes de sauter au plafond en voyant des chiffres si encourageants.
En fait, ce résultat de 32% pour un OUI, avec cette question ne représente que la portion des « purs et durs » dans la population. Dans ce cas, il suffit d’être logique et regarder seulement les résultats sur la même question au référendum de 1995. Nous obtenons donc un résultat qui accorde 42% au OUI et 58% au non, pour le sondage effectué du 19 au 29 avril 2007.
Malgré la réelle perte de vitesse de l’option souverainiste, mais dans un sens plus réaliste (avec une perte de sept points en 12 ans), on constate en général qu’une majorité de Québécois espère encore que tous les problèmes pourront se régler sans risquer d’avoir à casser des oeufs et surtout à investir dans un autre coûteux référendum, tant au niveau monétaire que du déchirement social que cela occasionnerait.
Malgré cela, le sondage démontre que la popularité de Mario Dumont et de Pauline Marois, ainsi que l’impopularité de Jean Charest sont quand même serties d’une poussée nationaliste prudente mais éloquente : les Libéraux ont failli à satisfaire le peuple et presque 3/4 des citoyens préféreraient donner leurs appuis aux deux autres partis, qui sont, à la base, nationalistes. Les Québécois veulent donner une chance au Canada, mais dans un sens affirmatif, et non assujetti : comme l’éternelle position aplatventriste du PLQ.
Étant donné l’impopularité d’un référendum sur la souveraineté, la joute politique tournera autour de possibles gains que pourrait obtenir le Québec dans un Canada ouvert — ce qui permettrait ensuite de l’unir — avec toujours quand même un risque de mettre le feu aux poudres bleues si les négociations sont vaines, d’où l’utilité d’avoir un mouvement souverainiste qui est un contrepoids dynamique au statu quo. Par conséquent, il serait possible qu’un règlement total de toutes ces demandes puisse faire mourir ce mouvement subversif, mais les positions de Stephen Harper et Stéphane Dion sont loin de donner des signes prometteurs.
Finalement, dans le cadre d’un autre sondage récent sur la fierté des Québécois, on dénote un total de 90% de répondants qui sont fiers d’être québécois et 86% qui sont fiers d’être canadiens. Il est évident que ces résultats ne sont pas représentatifs des intentions de vote pour les partis ou pour un futur référendum, sinon, nous ne serions pas en situation de gouvernement minoritaire, situation qui semble vouloir se répéter à l’avenir. Ces résultats sont même tellement surprenants qu’il est difficile de les analyser sans tomber dans le parti pris, puisqu’ils se contredisent et concerneraient donc plus la sociologie. Laissons ces résultats aux fédéralistes pour qu’ils puissent, maladroitement, s’y accrocher comme à une bouée de sauvetage.
L’acharnement des sondages
Laissons ces résultats aux fédéralistes pour qu’ils puissent, maladroitement, s’y accrocher comme à une bouée de sauvetage
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