Le Parti québécois de Pauline Marois prend les devants dans la course serrée que se livrent les trois partis politiques depuis les dernières élections générales. Rien n’est joué, mais l’ADQ aurait été reléguée en troisième place si un scrutin avait été tenu cette semaine.
C’est le constat auquel en arrive la maison CROP dans une enquête menée pour La Presse du 22 novembre au 2 décembre. Le coup de sonde, réalisé auprès de 1002 personnes, est précis à trois points près. Il s’agit du dernier sondage politique de CROP pour 2007, fait au déclin d’un automne qui avait pourtant paru plutôt favorable aux libéraux de Jean Charest.
Or, après répartition proportionnelle des 12 % d’indécis, CROP observe que le Parti québécois aurait obtenu 34 % des suffrages, trois points de plus qu’au sondage d’octobre. Les libéraux restent au même niveau avec 30 %, tandis que l’ADQ baisse de 2 points, à 26 %. Le mois passé, libéraux et péquistes étaient au même niveau, à 31 %, et l’ADQ juste derrière, à 28 %.
La marge d’erreur pouvait alors se traduire par une égalité PQ-PLQ. Cette fois le Parti québécois mène véritablement d’une tête, tandis qu’il ne fait pas de doute que le parti de Mario Dumont ferme désormais la marche, selon Claude Gauthier, l’analyste de CROP.
« On ne peut pas dire qui gagnerait les élections, mais l’ADQ ne serait ni au pouvoir ni l’opposition officielle », estime M. Gauthier. Les verts récoltent 6 % et Québec solidaire un minuscule 3 %.
Si on compare aux scores obtenus aux élections de mars dernier, on constate une perte de 3 points chez les libéraux, un gain de 6 points pour le PQ et un recul de 5 points pour l’ADQ.
Chez les francophones, les libéraux restent en queue du classement. Le PQ y domine avec 39 % d’appuis, suivi de l’ADQ avec 29. Les libéraux ferment la marche avec 23 %, soit le même score qu’en octobre.
Même s’ils marquent le pas dans les intentions de vote, les libéraux peuvent se consoler en jetant un coup d’œil du côté de la satisfaction à l’endroit du gouvernement – désormais 47 % des gens se disent satisfaits du gouvernement Charest, 4 points de plus qu’il y a un mois. Il faut remonter à l’automne 2003, quelques mois après son arrivée au pouvoir, pour retrouver un tel niveau d’appréciation du gouvernement libéral. De plus, en trois mois, le niveau de mécontentement à l’endroit du gouvernement s’est corrigé : désormais 49 % des gens se disent insatisfaits du gouvernement, une embellie pour un gouvernement qui suscitait 62 % de mécontentement en septembre.
« On constate qu’il y a eu moins de bévues, des gens ont changé dans l’entourage de M. Charest et les communications semblent plus efficaces », explique Claude Gauthier devant la hausse de la satisfaction, qui ne se traduit pas ce mois-ci en intentions de vote.
Les résultats par région donnent une autre photo. Dans la région de Québec, le parti de Mario Dumont domine encore, avec 36 % d’appuis, une baisse toutefois de 6 points sur le sondage précédent. Le PQ monte à Québec, avec 30 %, cinq points de mieux qu’en octobre, et les libéraux marquent le pas, à 25 % contre 26 il y a un mois.
En province, le PQ a pris les devants avec 39 % d’appuis contre 27 aux deux autres partis. Dans la région de Montréal, la situation est plus embrouillée. Dans l’ensemble le PLQ est en avance avec 34 % d’appuis, suivi du PQ avec 30 % et de l’ADQ avec 22 %.
Mais si on observe la situation dans la couronne nord et sur la Rive-Sud, c’est le PQ qui prend les devants avec 33 %, suivi de l’ADQ à 29 % et du PLQ à 28 %.
C’est dans l’île même de Montréal que les libéraux dominent avec 39 % des intentions de vote contre 27 % aux péquistes et seulement 16 % à l’ADQ.
Une étoile qui pâlit
D’autres mauvaises nouvelles pour Mario Dumont : son étoile pâlit comme meilleur premier ministre. Avant l’été, plus de 30 % des électeurs voyaient en lui le meilleur chef de gouvernement. On ne trouve désormais que 23 % de cet avis, deux points de moins qu’il y a un mois. Après des scores de 21 à 23 % avant l’été, M. Charest se retrouve à 27 %, un point de mieux qu’il y a un mois. Pauline Marois, à 36 %, monte de 3 points par rapport à octobre, revenant presque au niveau qu’elle avait atteint en septembre.
Au moment où le premier ministre canadien Stephen Harper a décidé de se rendre dans la circonscription de Mario Dumont, signe évident d’appui pour le chef de l’opposition, les Québécois estiment néanmoins que les relations avec les conservateurs sont plus harmonieuses avec les libéraux de Jean Charest qu’avec l’ADQ.
Ainsi, 45 % des gens pensent que les rapports entre Charest et Harper sont «harmonieux», contre 29 % qui pensent que la lune de miel est plutôt entre Mario Dumont et le premier ministre fédéral. Un répondant sur quatre, 26 %, n’a pas d’opinion. Les électeurs conservateurs sont aussi d’avis, à 53 %, que le premier choix de Stephen Harper est le PLQ, mais les supporteurs de l’ADQ estiment à 61 % que c’est avec leur chef que le premier ministre canadien entretient les relations les plus cordiales.
Hier, le premier ministre Charest a voulu banaliser ce passage de M. Harper dans le fief de M. Dumont à Rivière-du-Loup. Il faut se réjouir d’un séjour du premier ministre canadien dans les régions du Québec, s’est-il borné à déclarer.
Finalement, la question mensuelle sur l’appui à la souveraineté du Québec ne montre guère de mouvement : 39 % des répondants voteraient Oui (après répartition proportionnelle des indécis) contre 37 % le mois précédent et 41 % en septembre.
- source
Sondage CROP-LA PRESSE
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