Le premier ministre François Legault a promis « d'électrifier le Québec » à la fin du conseil général de la Coalition avenir Québec qui s'est déroulé sur le thème de l'environnement, en plus de vouloir réduire radicalement les importations de pétrole de la province.
Pour maximiser l'utilisation de l'hydroélectricité québécoise, François Legault a indiqué lors de son discours de clôture, dimanche, vouloir miser sur trois chantiers : les transports collectifs avec plusieurs projets de tramway, les bâtiments en remplaçant le mazout dans les immeubles gouvernementaux et les entreprises privées.
Ces projets visent également à réduire les importations de pétrole de 40 % d'ici 2030, importations qui minent l'économie de la province, selon M. Legault.
Le premier ministre a aussi rappelé son passage à New York la semaine dernière, indiquant que le Québec « va avoir une entente avec New York pour leur envoyer plus d'électricité », ce qui a provoqué un tonnerre d'applaudissements.
M. Legault croit que si Québec signe un contrat avec « les bons volumes d'hydroélectricité » à vendre aux États-Unis, la province pourra réduire de « 5 millions de tonnes » les émissions de gaz à effet de serre (GES) à l'échelle de l'Amérique du Nord.
« Il n'y a aucun autre moyen qui aiderait mieux à lutter contre les changements climatiques » que d'alimenter en hydroélectricité « les voisins » du Québec, a soutenu François Legault.
Les GES n'ont pas de frontières!
Du transport collectif, mais pas de ligne rose
Prolongement du REM, un tramway dans l'est de Montréal, un autre dans la ville de Québec et un troisième sur le boulevard Taschereau sur la Rive-Sud de Montréal; le premier ministre a rappelé son intention de multiplier les chantiers de transport collectif dans la province.
En point de presse, François Legault a toutefois balayé du revers de la main le projet de ligne rose du métro de la mairesse de Montréal, indiquant qu'il coûterait « une fortune ».
Des quelque 32 propositions soumises au cours de la fin de semaine aux 1200 membres réunis dans la métropole, notons que l’imposition d’une consigne sur les bouteilles d’eau, la mise en place de mesures pour lutter contre le suremballage, l’augmentation du recyclage du verre et l’accroissement notable de l’offre et de la qualité du transport collectif ont obtenu des votes favorables.
Cependant, les membres de la CAQ ont refusé qu’une consigne soit imposée sur toutes les bouteilles de plastique, comme celles contenant détergents ou savon à vaisselle, ainsi que sur les bouteilles d’eau.
Samedi, François Legault s’est également refusé à imposer de nouvelles taxes ou des péages dans sa stratégie de lutte contre les changements climatiques.
Questionné sur la conciliation entre sa vision environnementale et le projet du troisième lien à Québec, le premier ministre a voulu apporter quelques nuances.
« Il faut être prudent avec les régions, a indiqué M. Legault. Ce ne sont pas toutes les régions qui ont la densité de population pour développer du transport collectif. »
Pour le premier ministre, les habitants de Chaudière-Appalaches pourront utiliser un service de transport en commun qui circulerait sur le troisième lien.
M. Legault a réitéré qu'il travaille pour tous les Québécois et qu'il faut avant tout être « pragmatique ».
Champagne enthousiaste et pugnace
Nouvellement membre en règle de la CAQ afin de participer à ce conseil général, le militant environnementaliste et metteur en scène Dominic Champagne a salué la réflexion et les gestes de François Legault, en matière d'environnement.
Bravo! Je pense qu’on fait des pas de géant. Je suis content de voir que la mobilisation porte ses fruits et en même temps il va falloir continuer à exercer une saine et ferme pression sur notre gouvernement et livrer… Bien sûr, livrer.
Dominic Champagne a livré le même message de persévérance aux militants qui campaient à l'extérieur de l'hôtel montréalais où se déroulait le conseil. Ils ont d'ailleurs pu rencontrer le premier ministre dimanche, à l'issue du conseil général, après une première tentative qui n'avait pas porté fruit samedi.
William Des Marais, de « Devoir Environnemental Collectif », a dit sortir de cette rencontre avec un optimisme prudent. « Il a réitéré ses cibles ambitieuses. Nous, notre questionnement, c'est de voir comment on peut les appliquer. Parce qu'on parle d'objectifs, mais on n'a pas présenté de moyens », a souligné le militant, qui fréquente le Cégep du Vieux-Montréal.
Le collectif « La Planète s'invite à l'Université » demande notamment la mise sur pied d'un programme d'éducation à l'environnement ainsi que l'adoption d'une loi climatique conforme aux recommandations du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius.
« Pour Le Futur Mtl », qui réunit des élèves du secondaire, partage ces revendications, tout comme « Devoir Environnemental Collectif ». Ce dernier regroupement, pour sa part de niveau collégial, réclame aussi l'interdiction des plastiques à usage unique et le retrait des investissements publics dans les énergies fossiles, entre autres.