Le Mouvement Québec français (MQF) salue l’annonce de la ministre de l’Immigration, Mme Kathleen Weil, d’investir 250 000 $ d’ici le 30 août à la promotion des cours de français auprès des immigrants qui sont conjoints des travailleurs qualifiés et auprès de ceux qui viennent rejoindre leur famille. Il s’agit d’une excellente décision puisque les personnes visées ne font pas partie des immigrants que le Québec choisit en fonction de la grille de sélection où la capacité à parler français facilite l’accès au territoire.
Cela étant dit, même avec ces investissements ciblés en francisation, la société québécoise ne réussira pas à franciser ses immigrants à un niveau tel que ces derniers feront usage du français dans l’espace public comme les immigrants font usage du français en France, de l’allemand en Allemagne et de l’anglais à Toronto. Rappelons que sur le territoire québécois, un citoyen sur huit est un immigrant, ce qui représente un million de Québécois. Un immigrant sur cinq (200 000) ne connaît pas le français et parmi ceux-ci, 160 000 ne connaissent que l’anglais outre leur langue maternelle. Ainsi, ils usent de l’anglais dans l’espace public et au travail. Pire, ils ne lisent, n’écoutent et ne regardent aucun journal, radio ou télévision de langue française et ne sont pas des consommateurs des arts et de la culture québécoise. Comme ils connaissent l’anglais, ils anglicisent la société au travail et dans les commerces puisque c’est la langue qu’ils utilisent dans l’espace public.
Devrait-on montrer ces immigrants du doigt pour l’anglicisation de notre société ? Aucunement ! La non-exemplarité linguistique de l’État québécois et une francisation non obligatoire de l’immigration expliquent que plusieurs font le choix de ne pas faire l’effort d’apprendre le français.
La non-exemplarité de l’État
Aujourd’hui, le bilinguisme institutionnel s’est grandement développé dans le secteur public québécois, notamment en raison d’un laxisme commandé par l’« approche client ». L’État québécois bilinguise ses institutions pour desservir des clients de la communauté d’expression anglaise. On ne parle plus de la communauté historique anglophone, mais de toute personne s’exprimant mieux en anglais qu’en français. Tous les immigrants qui préfèrent utiliser l’anglais que le français sont considérés comme faisant partie de la communauté d’expression anglaise. Ainsi, de plus en plus de postes du secteur public exigent la connaissance de l’anglais. Au lieu d’obliger les immigrants à se franciser et de fournir une allocation de 400 $ par semaine pendant 50 semaines à ceux qui suivent leur cours avec succès, l’État québécois investit dans la bilinguisation institutionnelle pour le 5 % de la population qui ne connaît pas le français. C’est le monde à l’envers !
Quand un immigrant communique par téléphone avec le gouvernement, la première chose qu’il entend est « For English instructions, press 9 ! » Le message envoyé par l’État est assez clair : « There is no need to learn French ! » De plus, quand un immigrant s’exprime un peu mieux en anglais qu’en français, un code de langue est inscrit au dossier, ce qui fait que pour le restant de ses jours, il recevra sa correspondance en anglais. Enfin, malgré le fait qu’il y ait une politique linguistique de l’administration publique, les directives ministérielles édictées par les différents ministères et organismes laissent la plupart du temps les employés de l’État faire l’arbitrage linguistique. Pour ne pas être réprimandés, plusieurs employés de l’État préfèrent passer directement à l’anglais en cas de doute.
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