Plus que de l'info

Enquête sur les médias



On l'a vu récemment avec les scandales municipaux dévoilés par plusieurs médias, dont La Presse. On en a eu un rappel samedi, avec la remise des prix récompensant les meilleures productions journalistiques du Québec. Des reportages dérangeants, souvent au point de forcer les pouvoirs publics à réagir. Et qui ne sont pas le résultat d'une génération spontanée. Sans le travail acharné des journalistes qui les ont sorties, et le soutien des entreprises qui les emploient, ces histoires-là n'auraient jamais vu le jour. Une telle information a un prix.
Pourtant, c'est généralement le contraire qu'on entend, et de plus en plus. «Toute l'information est gratuite sur l'internet.» Vraiment? Imaginez un instant que tous les reportages, toutes les chroniques mises en ligne par les grands médias disparaissent du web demain matin. Non seulement ici, mais aux États-Unis, en Europe et ailleurs. Maintenant, enlevez aussi tout ce qui, en ligne, reproduit ou fait référence à ces contenus. Vous voyez ce qui reste? C'est ça, l'information gratuite sur l'internet. Beaucoup de choses valables, utiles, intéressantes. Pas mal moins, toutefois, que ce que nous tenons pour acquis. Le reste, y compris la plupart des enquêtes, n'existe que parce que des médias en financent la production. Sauf que la santé financière de ces grands médias est actuellement mise à rude épreuve. Comment, dans ce contexte, garantir la survie de l'information journalistique de haut niveau?

La question a été au coeur des débats du congrès de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) ce week-end. La ministre de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre, vient de commander une analyse sur l'avenir de l'information au Québec. Un vaste mandat, qui s'intéressera notamment à la disponibilité de l'information locale et régionale.
Il ne faut toutefois pas s'attendre à ce que cette étude, promise pour la fin de 2010, trouve toutes les solutions. Aux États-Unis, où le paysage médiatique est autrement plus ravagé qu'ici, on a examiné le problème sous toutes ses coutures, sans grand résultat. Il y a bien quelques initiatives intéressantes - du financement provenant d'oeuvres philanthropiques, par exemple. Mais ce ne sont pas des modèles généralisables à l'ensemble de l'industrie.
Dans un rapport publié le mois dernier, un ex-patron du Washington Post propose plusieurs autres pistes. Des idées séduisantes sur papier, mais le monde n'est pas une page blanche. La plupart de ces suggestions sont difficilement applicables dans le contexte actuel.
Ce n'est pas le désintérêt qui menace l'information journalistique. Grâce à l'internet et aux multiples outils de partage, elle est plus populaire que jamais. Cependant, son apparente gratuité ne doit pas en faire oublier le prix, ni la valeur. Tous ceux qui la consultent doivent en prendre conscience. Car les journalistes et les médias ne peuvent pas être les seuls à la défendre.


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