Pauline Marois a proposé aux membres du parti québécois réunis en colloque la fin de semaine dernière à Drummondville de revoir les structures de l’État, principalement dans les secteurs de la santé, des services sociaux et de l’éducation. Il n’y a pas trop d’État au Québec, il y a trop de structures.
Toutefois, avant de remettre en question les agences de santé et les commissions scolaires, il faudrait obtenir un peu plus d’informations sur le genre de services que les Québécois veulent se donner.
Ma petite expérience comme cadre universitaire et comme membre de conseil d'administration dans le secteur de la santé et des services sociaux m’indique que le problème de ces deux réseaux en est un de subsidiarité.
Peu de programmes pour améliorer l'offre de services aux citoyens peuvent être développés dans les organisations sans obtenir préalablement les autorisations budgétaires du ministère et des agences, ce qui demande beaucoup de temps et de coordination entre les différents paliers de décision.
La lourdeur des réseaux, les impératifs politiques et les chasses gardées empêchent souvent les établissements qui sont en première ligne d’offrir aux citoyens les services appropriés au moment où ceux-ci sont requis.
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Dans une opinion publiée dans le Devoir du 18 mars 2005, Pour mieux investir- Deux solutions pour l’éducation, je donnais des exemples de ce qui pourrait être fait pour atteindre une plus grande efficacité dans notre réseau de l’éducation.
« Il y a une dizaine d'années, alors que j'étais secrétaire d'un comité de travail sur le baccalauréat en enseignement préscolaire et élémentaire, les professeurs d'université qui participaient à ce comité étaient unanimes à dire que ce n'était pas tant l'investissement en éducation que la répartition de l'enveloppe budgétaire qui posait problème au Québec.
De mémoire, l'exemple le plus éloquent était la situation en Finlande. Pour un budget équivalent, un même nombre d'étudiants et d'employés dans l'ensemble du réseau, les professeurs plus nombreux avaient un nombre beaucoup moins élevé d'élèves par classe ainsi que des taux de passage plus élevés et de décrochage moins élevés. En Finlande, à cette époque, il y avait 500 fonctionnaires qui laissaient travailler les professeurs; au Québec, il y en avait alors 5000 qui inventaient des réformes qui empêchaient les enseignants de faire leur travail depuis 30 ans.
En abolissant par attrition 4500 postes de fonctionnaire, en créant 4500 nouveaux postes de professeur et de spécialiste, on n'aurait pas besoin d'aller chercher du nouvel argent et on réglerait le principal problème en éducation: le taux d'encadrement par classe.
Cette solution, tout le monde la connaît, mais personne ne l'applique parce qu'elle signifie que la région de Québec perdrait 4500 fonctionnaires. Voilà une bonne suggestion pour la ministre Monique Jérôme-Forget, qui cherche des compressions utiles. Parions qu'elle n'osera pas! »
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En Finlande, il n’y a pas d’école privée, pas de commission scolaire, pas de droits de scolarité à l’université et les impôts des contribuables sont élevés.
Pour un nombre d’élèves équivalent, le budget que la Finlande consacre à l’éducation est le même que celui du Québec. Seule différence, à la fin des années 1980, la Finlande a réduit de 5000 à 500 le nombre de ses fonctionnaires au ministère de l’Éducation, créant des postes supplémentaires de spécialistes et d’enseignants dans les écoles et les classes de Finlande.
Ce n’est pas tout, pour s’assurer que tous les enfants aient mangé à leur faim lorsqu’ils sont assis sur les bancs d’école, la Finlande fournit gratuitement à tous les écoliers des repas complets. La preuve qu'on peut se donner plus de services en ayant moins de structures.
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Il y a certainement des avenues à explorer de ce côté sans sabrer dans les services de l'État. Si les chevauchements de programmes avec le gouvernement fédéral nous coûtent une fortune, ceux dans nos propres services n'ont pas pour autant raison d'être. Se mettre la tête dans le sable n'améliorera certainement pas la situation. Nous pouvons sûrement faire mieux. Voilà pourquoi nous voulons être indépendants.
Pour être crédible auprès des Québécois, le discours de l'indépendance doit non seulement être celui du partage et de la solidarité, il doit aussi être celui de l'efficacité. Choisir le Québec, c'est choisir un État performant au service de ses citoyens!
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Billet précédent: Annonce voilée du départ imminent de Jean Charest ?
Plus de services, moins de structures, un choix logique!
Chronique de Louis Lapointe
Louis Lapointe534 articles
L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fon...
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.
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2 commentaires
Pierre Schneider Répondre
21 mai 2010Votre texte est fort intéressant et l'exemple finlandais aurait de quoi inspirer nos élus.
Mais qui aura le courage de diminuer le nombre de fonctionnaires bureaucrates afin d'augmenter le personnel "sur le terrain' tant dans le domaine de l'Éducation que de la Santé ?
Le Québec est mûr pour une révolution qui puisse aller plus loin que toutes les réformes du passé. Je crois qu'il faut tout revoir de A à Z, soit le système dans son ensemble ainsi que nos institutions politiques toujours tributaires d'un système complètement dépassé et aliénant de monarchie constitutionnelle.
En attendant notre République....
Lionel Lemay Répondre
18 mai 2010Je lis vos articles depuis longtemps et je suis toujours étonné de l'intelligence avec laquelle vous analysez une situation et la clarté de vos commentaires sur la meilleure façon de régler le problême.
Je vous l'ai déjà dit, je vous verrais Premier Ministre du Québec comme chef du PQ.