PKP: un homme et son péché

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Le vrai PKP

Non, il ne s'agit pas de l'histoire de Séraphin Poudrier, elle a déjà été racontée par Claude-Henri Grignon.

C'est plutôt de Pierre Karl Péladeau dont je veux parler. Son péché à lui, c'est qu'il a de l'argent, beaucoup d'argent. Sans le côté radin de Séraphin. On va le découvrir ici.
Oui, son père est passé avant lui et il n'a pas eu d'autre choix que de poursuivre son œuvre, en plongeant dans le business des communications, en faisant fructifier son capital. Jusque-là, ça peut aller, semble-t-il, quoique... une personne riche bien de chez nous, ça dérange un peu, car notre mentalité judéo-chrétienne a beaucoup de difficulté à l'accepter. On est plutôt habitué à voir les riches avec des noms anglais, ça passe mieux.
PKP a hérité d'imprimeries et de journaux, au moment où le monde des communications était en pleine mutation. Il fallait prendre le virage sinon, c'était la catastrophe assurée. Parmi les conflits les plus médiatisés, il y a eu la grève des pressiers au Journal de Montréal. Je m'en souviens très bien, j'avais ouvert un petit café, Les Utopistes, dont l'existence fut éphémère, malheureusement. Mon boui-boui avait pignon sur l'avenue Mont-Royal Est, tout près des bureaux du Journal. Pendant la grève, les pressiers venaient s'y réchauffer en prenant un café. Et ils parlaient beaucoup. Bien sûr, ils vouaient aux gémonies leur patron, mais, n'empêche, leur salaire frisait les 100 000$ par année pour trois ou quatre heures de travail par jour. Ils avaient tous deux jobs, deux chars, deux maisons. Je n'ai rien contre même si je suis nu comme Job, mais bon, je ne suis pas ici pour raconter mon histoire.
L'imprimerie était située à Mirabel, elle était des plus modernes et à la fine pointe de la technologie. Cela signifiait qu'il fallait réduire les effectifs. Ce que dix pressiers faisaient auparavant, bien souvent un ou deux pouvaient le faire avec ces nouvelles machines. Mais la FTQ ne voulait pas accepter cette réalité, malgré l'offre de généreuses primes de départ pour ses membres. Cela signifiait pour elle moins de cotisations. Les conditions de travail des pressiers n'avaient rien à voir avec ce que gagne la majorité des travailleurs. Il y avait même une clause qui indiquait qu'à leur retraite, leurs enfants devaient «hériter» de leur emploi. Le gros luxe. Finalement, le conflit s'est réglé, après plusieurs mois de grève, et les presses ont recommencé à tourner.
L'autre conflit le plus médiatisé, c'est le lock-out qui a frappé les journalistes les mieux payés de la profession. Cette fois-ci, c'était le syndicat de la CSN. Il avait plusieurs millions de $ en réserve et il pouvait donc tenir le coup très longtemps. Ce fut long et ce fut saignant. Pour comprendre rapidement les enjeux de ce conflit, je citerai un ancien journaliste du Journal de Montréal, Pierre Schneider: «Les chefs de pupitre parlaient beaucoup plus de leurs actions en bourse et de leurs investissements immobiliers... que d'information. [...] La convention blindée du syndicat était un gros obstacle à la pratique d'un journalisme efficace. Les journalistes et photographes se plaignaient tout le temps, gagnaient de très très gros salaires - la meilleure convention collective en Amérique du Nord - et avaient droit à un mois et demi de vacances payées par année. En plus des congés de maladie en-veux-tu-en-v'là, des absences syndicales, des libérations sans préavis, bref un fouillis pour tout directeur d'information qui tente de faire un journal avec des gens professionnels qui ont à cœur leur boulot. [...] Ces travailleurs, bien assis sur leur gros syndicat millionnaire, étaient devenus des entrepreneurs qui géraient leurs avoirs, leurs absences et leurs congés bien plus que l'information journalistique.»
(À suivre)


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