(Québec) Pierre Karl Péladeau ne peut pas devenir chef du Parti québécois tout en restant l'actionnaire de contrôle de Québecor, soutient son collègue péquiste Jean-François Lisée.
La propriété d'un empire médiatique, même si elle est confiée à une fiducie sans droit de regard, est incompatible avec le métier de politicien, affirme M. Lisée, l'un des candidats possibles à la direction péquiste.
«On est pour la séparation de l'Église et de l'État», lance le député de Rosemont. «Je pense qu'il faut aussi être pour la séparation des politiciens et des médias.»
Interrogé la veille à RDI économie, M. Péladeau s'est ouvert à confier ses actions à une fiducie sans droit de regard, mais s'est gardé d'envisager l'abandon de sa position d'actionnaire de contrôle de Québecor.
«Le cas particulier de la propriété des médias est un des éléments de l'équilibre démocratique, note M. Lisée. Pour moi, il n'est pas acceptable que l'on soit à la fois un politicien et un patron de presse. Il faut choisir.»
Les lois québécoises actuelles et le commissaire à l'éthique ne suffisent pas, selon lui. Il serait permis au député d'une région d'être propriétaire de la radio et de l'hebdo de son coin de pays, illustre-t-il. «En ce moment, c'est légal, mais je trouve que ce n'est pas acceptable, et il faut faire en sorte que ça ne soit pas le cas, affirme M. Lisée. C'est aux élus de l'Assemblée nationale de resserrer les règles.»
Jean-François Lisée assure qu'il ne remet pas en question le professionnalisme des journalistes de Québecor, mais croit que «l'apparence d'objectivité» doit primer dans l'esprit du public. À son avis, M. Péladeau a fait moins d'un an en politique, il est normal que sa situation ne soit pas régularisée, mais «ça ne peut pas être permanent». Toutefois, si M. Péladeau devient chef sans changer son statut, cela n'empêchera pas M. Lisée de se rallier à lui et au choix démocratique. «Je ne changerai pas d'opinion, mais on ne gagne pas tous ses combats», philosophe-t-il.
«Situation difficile»
Le premier ministre Philippe Couillard croit que le fait pour M. Péladeau d'être actionnaire de contrôle de Québecor «pose une situation difficile». Il refuse toutefois d'en dire plus, convaincu que le sujet continuera de toute façon d'alimenter la course à la direction du Parti québécois.
En revanche, il insiste pour dire que le meneur de l'actuelle précourse enfile des lunettes roses pour dépeindre la situation financière du Québec.
«Il devrait faire un examen sérieux de la situation, soutient M. Couillard. On a devant nous un défi considérable. Et si on ne sort pas de cette situation, on va s'enfoncer dans un gouffre dont on ne pourra plus se sortir et qui va être sur les épaules de nos enfants dans la prochaine génération.»
Le premier ministre fulmine lorsqu'il est question des critiques lancées par Pierre Karl Péladeau sur les politiques d'austérité de son gouvernement. «Comment pense-t-il que le gouvernement du Parti québécois, s'il avait été réélu, aurait réalisé l'équilibre budgétaire auquel M. [Nicolas] Marceau s'engageait?» demande-t-il.
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