Pierre Karl Péladeau n’a pas encore confirmé qu’il se portait candidat à la chefferie du Parti québécois, un parti pas comme les autres, dit-il, mais sa réflexion, qu’il mène activement, porte sur les orientations qu’il entend présenter.
« Être chef du Parti québécois, ce n’est pas être chef de n’importe quel parti politique. C’est vraiment singulier parce que le chef du PQ a vocation de faire du Québec un pays », fait valoir le député et actionnaire de contrôle de Québecor dans une entrevue au Devoir.
« Ça vaut la peine d’y réfléchir. Ça vaut la peine aussi de réfléchir adéquatement [aux] modalités. Mes orientations, le programme. Comment vous voulez vous comporter et de quelle façon vous voulez le faire. Et c’est ça qui fait l’objet de ma réflexion », révèle-t-il.
Cette course à la chefferie dans laquelle il est précipité, « ce n’était pas le scénario auquel je m’attendais » quand il s’est porté candidat dans Saint-Jérôme. Avant le déclenchement des dernières élections, d’aucuns présumaient que Pauline Marois serait reportée au pouvoir, à la tête d’un gouvernement majoritaire ou à défaut, minoritaire. Le nouveau député aurait eu le temps de faire ses classes comme ministre avant d’aspirer aux plus hautes fonctions.
Pierre Karl Péladeau n’a pas l’intention de faire un saut de puce en politique. « Non, non, dit-il. J’ai fait le choix, je ne recule pas. Quand j’ai réfléchi à cette question, ça ne m’est pas arrivé de façon improvisée. » On ne quitte pas la direction d’un conglomérat comme Québecor « du jour au lendemain » ; ça se prépare, fait-il aussi remarquer. « Il a fallu que j’y réfléchisse, c’est un processus dans lequel je me suis engagé. J’ai eu des conversations avec M. Parizeau, évidemment avec Mme Marois. »
Ce sera une fiducie
L’actionnaire de contrôle de Québecor entend conserver ses actions pour les mettre dans une fiducie sans droit de regard s’il devient chef. Il s’en tiendra là. Quand il défend les crédits d’impôt pour les productions télévisuelles, offerts aussi à ses entreprises, il n’est pas en conflit d’intérêts, il défend l’intérêt général, dit-il, celui des petits producteurs indépendants. L’abolition de ces crédits d’impôt, « ça ne changerait pas grand-chose dans ma vie », soutient-il ; Québecor n’en souffrirait pas.
Dans cette controverse, la population est derrière lui, croit Pierre Karl Péladeau. Ses adversaires politiques cherchent « à faire dévier le débat », accuse-t-il. « Les gens vont se dire : c’est de l’acharnement, c’est de l’intimidation. »
Il revient sur la campagne électorale. « Il y a eu une adéquation beaucoup trop rapide — je dirais malsaine — entre la souveraineté et le référendum, un lien que le Parti libéral a exploité à fond la caisse, analyse-t-il aujourd’hui. On n’était pas préparé à ça. »
Suffisamment riches
Aspect négligé au cours de la campagne, la notion de la souveraineté est demeurée « trop conceptuelle », estime Pierre Karl Péladeau. « Moi, la souveraineté, c’est bien autre chose qu’un référendum. La souveraineté, ça se décline, ça se matérialise, ça se cristallise. » C’est la souveraineté énergétique, culturelle, alimentaire, en matière de télécommunications et de transport, la souveraineté du territoire.
Pierre Karl Péladeau ne veut pas convaincre les Québécois qu’une fois le ménage fait — « une formule à la mode », dit-il —, l’indépendance sera possible, comme François Legault le proposait à l’origine de la Coalition avenir Québec. Il veut plutôt démontrer que le gouvernement fédéral prélève de toutes sortes de manières des revenus qui appartiennent aux Québécois et qui ne sont pas comptabilisés. Il cite l’exemple des spectres de fréquences en téléphonie cellulaire au Québec qu’Ottawa a vendus : Vidéotron a versé 550 millions et Bell, Rogers et Telus ont fait de même. « C’est de l’argent qui vient des Québécois. »
La voie maritime, les aéroports et les ports au Québec, ce sont des infrastructures de compétence fédérale qui peuvent produire des revenus. « Il faut faire la nomenclature de toutes ces sources de revenus. Et à la fin de l’exercice, nous allons être en mesure de pouvoir démontrer hors de tout doute que nous sommes suffisamment riches pour être indépendants », avance-t-il.
Selon lui, la péréquation est un leurre. « La péréquation, ça consiste en la confiscation des revenus qui sont générés par les Québécois, sur leur territoire. »
Le Parti québécois a de l’avenir ? « Tout à fait, c’est le seul parti indépendantiste. L’indépendance a de l’avenir », affirme Pierre Karl Péladeau, citant son père, Pierre, qui jugeait la souveraineté « incontournable ».
COURSE À LA CHEFFERIE DU PQ
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