La politique est la fille légitime du couple Trahison et Mensonge.
Anonyme
Lors des précédentes élections législatives (2012), j’avais exprimé mon opinion au sujet des effets de l’élection du gouvernement péquiste minoritaire. J’avais souligné entre-autres que je n’étais pas un expert de la politique québécoise mais seulement un observateur qui tente de participer au débat général qui survient tous les quatre ans et dans certaines situations tous les 18 mois. Cela fait un peu plus de 20 jours qu’un nouveau gouvernement libéral majoritaire a été choisi par les électeurs québécois et l’encre des analystes, des politologues, et autres experts de la scène politique n’est pas encore totalement sèche que je me suis surpris à exprimer ma propre réflexion.
Avant de poursuivre, j’aimerais partager le conseil de mon vieux professeur de sociologie qui au début des années ‘’70’’, après ses cours, me répétait ce qui était son conseil essentiel :
Lorsque tu traites d’un sujet et que tu émets des hypothèses, me disait-il, veille à faire une pré-enquête dont tu analyseras les résultats ; tu feras suivre ce travail par une enquête plus pointue et tu poursuivras par une autre analyse des résultats obtenus ; le tout devra valider un des deux verdicts suivants : soit cette analyse confirmera toutes ou partie de tes hypothèses, soit elle infirmera toute ou partie de ces hypothèses. Ce n’est qu’à partir du verdict retenu que tu pourras émettre des recommandations. Mais reste prudent et nuancé quant à ces recommandations.
L’inverse est-il possible ? C'est-à-dire, à partir des résultats obtenus, une analyse objective et rationnelle est-elle faisable ? Oui ! Répondront tous les intéressés, du simple profane au plus spécialistes des experts. C’est le cas de le dire lorsqu’il s’agit de politique. Cela arrive même souvent. Les opinions, les avis, les appréciations, les jugements… sont exprimés par les déçus, les frustrés, les pours, les contres… y compris ceux qui le font en toute connaissance de cause ou/et parfois par ignorance. Les idées, les pensées, les actions et leurs effets, les visions et même les apparences qui ont fait l’objet de perceptions deviennent des convictions, des certitudes… Alors, une question m’a traversé l’esprit : en politique l’analyse répond elle aux mêmes canons, cadres de références, etc. que ceux de la sociologie ou est-elle différente parce qu’il s’agit précisément de politique ? La citation suivante d’un anonyme me rappelle que : La politique est la fille légitime du couple Trahison et Mensonge. C’est pour cela qu’elle interpelle toute la société et que toutes et tous en parlent.
La défaite du Parti Québécois en est un exemple à considérer avec une attention particulière. S’agit-il de l’échec d’une stratégie que personne n’avait anticipé ? Ce ne sont ni les libéraux, ni les autres partis qui le contrediront. S’agit-il d’un manque de vision réaliste ? S’agit-il d’un concours de circonstances imprévisibles ? Ou bien s’agit-il d’une adversité qui s’organisait depuis fort longtemps par les tenants du fédéralisme à la Canadienne ? Toutes ces réponses sont-elles acceptables ? À mon sens, oui !
Dans une telle situation, et après coup, beaucoup d’hypothèses, validées ou non, ont été émises. Les unes plus plausibles et plus pertinentes que les autres. Quelques-unes se classent parmi les plus saugrenues. Il y a celles qui sont favorables au Parti Libéral du Québec, grand vainqueur de cette bataille et il y a celles, disons le sans détours, qui sont défavorables au Parti Québécois, le malheureux perdant de cette joute électorale.
La faiblesse de la communication
Peut-on parler des causes puisque les effets sont connus ? Selon mes petites observations, je retiens que le manque de cohérence dans la stratégie de réplique (communication) aux adversaires a été d’une nullité sans équivoque. Pourtant, personne n’ignore que des stratèges en communication politique sont légions au sein ou à proximité des hommes forts de cette organisation politique. Il en est de même des économistes, des sociologues, des planificateurs, etc.
Les erreurs économiques et les irritants
Le programme économique, quant à lui, ne pouvait être que celui d'un gouvernement majoritaire au lieu d’être celui de la réserve, de la retenue, du discernement. Ce qui n’était pas le cas. Comment un gouvernement minoritaire peut-il parler de déficit zéro ou de retour à l’équilibre budgétaire, c’est à dire un programme d’austérité, alors que le citoyen se trouve dans un état de précarité et de vulnérabilité particulière. À présent qu’il est majoritaire le parti libéral ne manquera pas de prôner un tel programme.
Bien entendu, d’aucuns me rappelleront les autres irritants tels que, le timing de la fuite relative au projet de charte des valeurs, l’intrusion dans le champ communicationnel du référendum, le rôle des médias inclusifs, etc. Tous des domaines de prédilection des adversaires. Ils y ont bien joué leurs rôles. Pendant que le gouvernement Marois œuvrait à gouverner, bien entendu en commettant des erreurs telle qu’entre autres la suspension des travaux de la Commission Charbonneau, etc. -, alors que les opposants avaient une avance sur le terrain de la réplique.
Les actions combinées des fédéralistes et des médias inclusifs
Dans les prochaines années, les codes d’éthique et ceux de la déontologie, les principes de l’honnêteté intellectuelle seront sans aucun doute des domaines d’analyses, de réflexions et d’études des sections de formation en journalisme et en sciences de l’information. Le rôle des médias télévisuels, radiophoniques et écrits ont, à mon humble avis, failli à leur devoir d’information de toutes les couches de la population. En effet, des pans entiers de citoyens du Québec ont durant cette campagne électorale été méprisés, ignorés et dédaignés dans leur droit à l’information. Le reste se passe de commentaires.
Le Parti Québécois, son organisation et son fonctionnement.
Si les stratégies des parties adverses ont fonctionné elles ont été surtout performantes grâce à leur combinaison avec celles des fédéralistes. Personne ne saurait le nier.
À ce stade de la réflexion le Parti Québécois a failli dans sa vision et sa démarche globales. Cela ne serait pas arrivé si les axes de travail de la plateforme électorale - s’il y en avait une - n’avaient pas été corrompus par les incohérences des messages diffusés. Était-ce généré par des désaccords internes ou par le manque de patience pour ne pas dire de précipitation de certains dauphins ? Était-ce en raison de facteurs exogènes nocifs ? Une chose est certaine c’est qu’un parti bien bâti, avec des fondements solides… se relève vite parce que ses leaders, ses militants, ses sympathisants, ses organisations de proximité sont confiants dans le contenu de son projet de société. Est-ce le cas pour le Parti Québécois post 07 avril 2014 ? Le proche avenir nous le dira.
Des suggestions : Une cure de désintoxication... !?
À mon sens ce Parti a besoin d’une véritable cure de désintoxication. Oui, il doit réformer son organisation, son fonctionnement et sa stratégie de gouvernance. Il doit aussi revoir ses liens et ses relations avec le citoyen et ses représentants sociaux. Il doit choisir des hommes et des femmes qui ne craignent pas de rencontrer le citoyen, de lui parler et surtout de l’écouter. Il s’agit d’une véritable opération de séduction citoyenne. Et pour terminer le projet de pays devra tenir compte des changements intervenus depuis plus de dix ans au sein de la société toute entière.
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5 commentaires
Chrystian Lauzon Répondre
26 avril 2014M. Chikhi,
Vous dites de vraies affaires, permettez-moi d’en préciser d’autres, sur hier et pour demain. En fait, pour bien enfoncer les libéraux dans l’opinion publique, en les tenant occupés à protéger leurs arrières et se défendre, et ce, sans aucun frais publicitaire pour les contribuables, la Commission aurait dû être bonifiée d’une enquête sur le vol de la Caisse de dépôt, d’une part. D’autre part, faire se poursuivre, comme vous le dites la commission Charbonneau durant la campagne électorale, mais cette dernière déclenchée seulement après que le PLQ soit bien enlisé dans les enquêtes publiques.
Aussi, la Charte des valeurs aurait pu être votée, la loi sur l’euthanasie, tout en amenant l’opposition à forcer le déclenchement d’élection, ce qui l’aurait dévalorisé aux yeux de la population. Pourquoi avoir baissé les bras si vite? Les conditions gagnantes ne devaient pas relever des sondages, mais plutôt de stratégies clairement réfléchies, sans détours et solidement implantées. Même la Charte n’a pas été utilisée durant la campagne électorale, c’était l’atout majeur supposément.
Et au lieu de juger le peuple en disant qu’il n’est pas prêt pour un référendum, valait mieux être prêt soi-même pour le défendre, et pouvoir le prouver sur tous les plans ou ne pas en parler du tout. Ce n’est pas le client qu’il faut blâmer, mais le véhicule à vendre qu’il faut valoriser. Ce qui fait un bon vendeur, ce sont moins ses idées que les preuves en actions, en faits, qui les rendent valables auprès de l’acheteur. La vérité est moins utile en elle-même que d’arriver à faire croire qu’elle est incontournablement la meilleure pour avancer : c’est ainsi que le rêve peut précéder sa réalisation. Praxis est le mot-clé.
Et qu’a-t-on fait de Télé-Québec? Rien du tout! À mon avis, PKP, au lieu de le charismatiser, serait mieux utilisé dédié aux stratégies médiatiques, réseautage affairiste et tout le volet économie, pour vendre l’indépendance en ramassant toutes les preuves tangibles ou crédiblement projetables. Une saine propagande est inévitable pour contrecarrer celle sans limite des libéraux. PKP, c’est l’artillerie lourde, on ne la met jamais à l’avant, on en prend soin et on la réserve dans l’ombre pour l’effet choc, surprise. PKP peut toujours faire des sorties fulgurantes, il contient cette force de crédibilité, ce qui apeure l’ennemi d’ailleurs.
Au débat d’idées, le PQ doit développer plutôt le sens du combat par actions sur le terrain, s’il vise une victoire de l’indépendance, non une gouvernance de remplacement, les carriéristes se satisfaisant d’être l’équipe d’entretien ménager qui nettoie la soue à cochon laissée par les libéraux. C’est quoi la priorité, le but? Gouverner à nouveau ou faire l’indépendance? Poser la question, c’est forcer de définir un PQ à grand projet essentiel de survie d’un nation ou seulement un petit parti à pécule, à pouvoir et pension de politicien comme d'autres.
Fernand Lachaine Répondre
26 avril 2014Vos commentaires illustrent bien la présente situation. Ce qui m'a frappé le plus dans cette campagne électorale c'est la faiblesse de nos moyens d'intervention et de RÉPLIQUE.
Depuis, nous sommes à même de constater que les médias ne sont pas sympathiques à l'Indépendance du Québec sauf une minorité qui ont été plus équilibrés dans leurs analyses, commentaires et "scoops" etc.
Un autre point dont vous ne faites pas mention mais qui devra être abordé très sérieusement et avec humilité c'est la division entre indépendantistes (parfois même de la haine).
Si nous sommes incapables de resserrer les rangs nous envoyons un message très nocif et "toxique" à la population et aux sympathisants. J'ose espérer que le mouvement indépendantiste trouvera la "clé du consensus".
Merci de vos commentaires vraiment terre-à-terre qui apportent l'eau au moulin pour nous éclairer tous et toutes.
Archives de Vigile Répondre
25 avril 2014Ferid Chikhi - Effectivement, le PQ avait exigé l'instauration de cette commission. Mais la Commission étant indépendante, le gouvernement ne pouvait faire ingérence dans sa décision de suspendre ses travaux.
Ferid Chikhi Répondre
25 avril 2014M. Drouin,
Vous avez tout à fait raison ''ce n'est pas le gouvernement Marois qui a suspendu les travaux de la Commission Charbonneau mais la Commission elle même... celle-ci étant indépendante et apolitique... en théorie''... Sauf erreur de ma part, c'est bien le PQ lorsqu'il était dans l'oppostion qui a ''exigé'' la création de cette commission... je m'étais attendu à ce qu'il en fasse de même pour qu'elle poursuive ses travaux, campagne électorale ou pas.
Salutations
Archives de Vigile Répondre
24 avril 2014Vous dites: "Pendant que le gouvernement Marois œuvrait à gouverner, bien entendu en commettant des erreurs telle qu’entre autres la suspension des travaux de la Commission Charbonneau..." Notez que ce n'est pas le gouvernement Marois qui a suspendu les travaux de la Commission Charbonneau mais bien la ceic elle-même, celle-ci étant indépendante et apolitique... en théorie.