Non, le racisme n’est pas « systémique » au Québec. En revanche, il est « institutionnel », affirme le tout nouveau chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon. À ses yeux, c’est d’abord le gouvernement fédéral qui doit faire un examen de conscience.
« Le choix des mots est important. C’est d’abord un racisme d’État, un racisme institutionnel qui découle du régime fédéral, et il faut le nommer, ce problème-là », explique le principal intéressé, en entrevue avec La Presse, au lendemain de sa victoire à la course à la direction du PQ.
Selon lui, la réalité est que le cadre légal canadien date d’une tout autre époque. « La Loi sur les Indiens est ségrégationniste et discriminatoire. On doit aller à l’origine du problème qu’est le colonialisme britannique. Les autochtones en sont les premières victimes », ajoute M. Plamondon, qui dénonce « les excuses et les mises en scène » de Justin Trudeau en matière de réconciliation, qui n’ont rien donné.
Dans son plan de lutte contre le racisme dévoilé en août, l’homme de 43 ans prévoit le déploiement de caméras corporelles dans tous les corps policiers. Il souhaite aussi créer un « projet pilote » d’intégration à l’emploi basé sur des curriculum vitæ anonymes, et refinancer le secteur des services sociaux. « Il n’y aura pas de dissension au Parti québécois sur l’importance d’agir », assure le péquiste.
C’est toute l’importance de faire un pays : pour négocier d’égal à égal, de nation à nation, avec chaque peuple autochtone, chaque communauté.
Paul St-Pierre Plamondon, nouveau chef du PQ
Souveraineté et coronavirus, un bon mélange ?
À ceux qui lui disent que la pandémie n’est pas le bon moment pour parler d’indépendance, Paul St-Pierre Plamondon rétorque que tout est dans le ton. « Il faut être approprié. Quand des vies humaines sont en jeu, c’est ça, le focus », martèle-t-il.
Mais le nouveau chef n’en démord pas : la pandémie peut contribuer à ouvrir un dialogue sur la souveraineté.
« Le contexte sanitaire démontre de façon très explicite les dysfonctionnements du Canada. Montréal qui est intervenu quand Ottawa ne voulait pas fermer les aéroports, ou les demandes de Québec sur l’armée dans les CHSLD qui n’ont pas fonctionné, ça le démontre », avance-t-il.
« Ça devient clair : ces problèmes découlent du fait qu’on n’est pas maîtres chez nous. On n’a pas les leviers sur le pouvoir, et on se fait toujours répondre non », ajoute celui qui ne tentera pas d’être élu avant 2022.
Il affirme que sa situation de « non-élu » lui permettra d’avoir la « flexibilité d’être sur le terrain », en soulignant que René Lévesque et Jacques Parizeau avaient eu le même genre de parcours. « Dans les deux cas, ça a mené à un référendum. Ce n’est pas qu’un hasard : quand un chef est dédié à la population, ça a une incidence sur la vigueur du mouvement », souligne M. Plamondon.
Quant à savoir s’il réussira à relancer le PQ, le nouveau chef demeure prudent. « Je le vois déjà l’engouement suite à mon élection, donc clairement, il y a en masse de place pour ce que nous avons à dire », soulève-t-il. « Il faut se garder d’être trop sévères envers nous, dans le contexte où le parti au pouvoir va toujours aller chercher des chiffres astronomiques en pleine crise. On aura une meilleure idée d’où se situe chaque formation lorsque le contexte politique normal reprendra », renchérit-il.
« PSPP » assure enfin qu’il talonnera Québec sur le fait français. « C’est très dérangeant de voir un gouvernement élu sur la base du nationalisme qui ne fait rien pour la langue française », lance-t-il, en demandant au passage des gestes concrets, qui iront au-delà des annonces.
En août, le ministre Simon Jolin-Barrette promettait de renforcer la position du français. Il entend assujettir à la loi 101 les entreprises de compétence fédérale présentes au Québec, comme VIA Rail. Le gouvernement prévoit aussi changer ses façons de faire en communiquant exclusivement en français avec les entreprises et autres organisations. « Je pense qu’on est rendus là », avait déclaré le député de Borduas.