Le ministre fédéral des Finances, Joe Oliver, persiste et signe: en dépit de la dégringolade des prix du pétrole brut et de la décision surprise de la Banque du Canada d’abaisser son taux directeur, le budget qu’il déposera au mois d’avril sera écrit à l’encre noire.
S’il s’est montré peu enclin à dévoiler son jeu pour y arriver, le grand argentier du pays a néanmoins rejeté du revers de la main les suggestions de certains observateurs à l’effet qu’un léger déficit n’aurait pas d’impact sur la situation économique canadienne.
«Nous n’allons pas faire de déficit parce que nous croyons qu’il est important de maintenir la confiance à l’endroit de l’économie canadienne [notamment] pour les investisseurs locaux et étrangers», a expliqué M. Oliver, au cours d’une entrevue accordée jeudi à La Presse Canadienne en marge du Forum économique de Davos, en Suisse.
Du même souffle, le ministre fédéral des Finances souligne que ces propositions des observateurs sont la preuve que l’économie canadienne se porte bien.
«S’ils disent qu’un [léger] déficit ne serait pas si mal, c’est parce que la position fiscale du pays est bonne», observe-t-il.
Pas surpris
Questionné sur la décision prise la veille par la Banque du Canada, M. Oliver a assuré ne pas avoir été prévenu de ce qui se tramait en coulisses, soulignant au passage qu’il n’était pas «surpris».
Dans la foulée de la glissade des prix du pétrole, l’institution a décidé — pour la première fois depuis septembre 2010 — d’abaisser son taux directeur quart de point pour le faire passer à 0,75 %.
Cette décision, qui a étonné plusieurs observateurs, semble démontrer à quel point les perspectives économiques canadiennes se sont affaiblies en quelque mois. Depuis l’été dernier, le cours du pétrole retraité de façon spectaculaire, passant d’environ 100 $ US le baril à moins de 50 $ US le baril.
Le ministre Oliver avait d’ailleurs averti en novembre que la baisse des prix du brut pourrait imposer une cure de minceur de 2,5 milliards $ par année aux revenus d’Ottawa entre 2015 et 2019. Cette situation affectera également les différents gouvernements provinciaux.
Des experts s’attendent à ce que les comptes du gouvernement fédéral pour 2015-16 flirtent avec un nouveau déficit, même si le gouvernement Harper martèle qu’il respectera son engagement d’atteindre l’équilibre budgétaire.
Du temps pour analyser
Critiqué de toutes parts par les partis d’opposition fédéraux pour avoir repoussé la date du dépôt de son budget — généralement dévoilé chaque année avant la fin de l’exercice le 31 mars — le ministre des Finances a de nouveau justifié sa décision en martelant qu’elle lui procurera plus de temps pour «analyser» la situation.
Sans affirmer s’il réduira les dépenses gouvernementales ou pigera dans son fonds de prévoyance de 3 milliards $ pour compenser la perte des revenus pétroliers, le ministre a reconnu que sa marge de manoeuvre était moindre qu’elle ne l’était il y a quelques mois.
«Nous n’avons pas du tout l’intention de couper dans les programmes mais il faut reconnaître que la flexibilité a diminué, ça c’est clair», a concédé M. Oliver.
Il a également tenté d’atténuer la polémique déclenchée par le ministre fédéral de l’Emploi, Jason Kenney, qui avait récemment laissé entendre — avant d’être contredit par un responsable gouvernemental — qu’Ottawa ne dilapiderait pas son fonds de prévoyance et que l’atteinte de l’équilibre budgétaire passerait peut-être par d’autres restrictions de dépenses.
«Mon portefeuille c’est les Finances et je suis au courant des pensées (de M. Kenney), a-t-il dit. Nous n’allons pas faire de coupes (dans les programmes) et nous allons honorer nos engagements.»
Quant à la révision à la baisse prévisions de croissance économique pour le Canada en 2015 dévoilées par le Fonds monétaire international (FMI), M. Oliver ne s’est pas montré particulièrement inquiet.
En début de semaine, l’organisme avait dit s’attendre à une croissance économique de 2,3 % au Canada en 2015, en recul par rapport à 2,4 $ dans ses prévisions émises il y a trois mois.
«Ils ont seulement diminué la croissance de 0,1 %, a rappelé M. Oliver. Ce n’est pas un gros pourcentage. Nous allons revoir les projections des 15 économistes du secteur privé avant le budget et on va effectuer nos conclusions fiscales.»
Par ailleurs, le FMI a également réduit à 2,1 % sa prévision de croissance du Canada pour l’an prochain, alors qu’elle était de 2,4 % en octobre dernier.
Pas question de déficit, réitère Joe Oliver
La chute des prix du pétrole n’altère en rien la détermination du ministre des Finances
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé