Le ministre de l’Économie du Québec, Pierre Fitzgibbon, refuse de jeter la pierre à la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui détient 23 milliards $ de placements dans des paradis fiscaux.
«Le paradis fiscal n’est pas toujours signe de mauvaises pratiques. Les banques sont notoires pour être là-dedans. Je comprends le point. C’est très légitime, mais je ne pense pas que l’on doive accuser la Caisse de dépôt aujourd’hui», a dit au Journal de Montréal le ministre de l’Économie, après l’assemblée de Montréal International, jeudi.
La semaine dernière, l’organisme Canadiens pour une fiscalité équitable indiquait que les sociétés canadiennes ont plus de 350 milliards $ d’actifs dans les 12 paradis fiscaux les plus prisés en 2018. Au même moment, Le Journal révélait que la Caisse détient au moins 267 placements dans les paradis fiscaux, équivalant à 23 milliards $.
«300 milliards $ à investir»
Mais pour le ministre de l’Économie, il n’est pas question de « blâmer » la Caisse. « Il y a 300 milliards $ à investir. Ils veulent faire un rendement. C’est leur motif principal », estime Pierre Fitzgibbon, qui a déjà siégé au conseil d’administration de la Caisse.
Selon l’ex-associé directeur de Walter Capital, les banques et les fonds d’investissement ont des structures pour détenir des actifs étrangers, pas seulement « pour des questions d’impôts », mais aussi « pour des questions réglementaires ». Quand on lui demande pourquoi les géants du web doivent éviter les paradis fiscaux, alors que la Caisse, elle, peut les fréquenter, il dit que la situation ne se compare pas.
« La Caisse est un fonds d’investissement qui investit dans des compagnies qui, elles, ont des placements. À un moment donné, c’est dur pour la Caisse d’aller légiférer ce qui se passe dans les entreprises. Je serais prudent avant de blâmer la Caisse », conclut-il.