Québec est prêt à prendre les moyens qu’il faut pour récupérer l’argent des subventions de taxis électriques de Téo qui ont pris le chemin de l’Ontario le mois dernier, a appris Le Journal.
« Transition énergétique Québec (TEQ) est bien au fait de la situation, qu’elle juge préoccupante », répond au Journal Nathalie Desrosiers, porte-parole de TEQ, quand on lui demande si le gouvernement veut ravoir l’argent de ses subventions destinées aux véhicules immatriculés au Québec qui sont rendus en Ontario.
Mi-février, des dizaines de voitures électriques de Téo ont pris le chemin de la province voisine de Doug Ford pour y être vendues aux enchères à meilleur prix qu’au Québec.
Le hic, c’est que le programme Roulez vert exige que « les véhicules acquis ou loués à long terme doivent demeurer immatriculés au Québec pendant une période minimale de 36 mois » pour avoir droit au fameux rabais allant jusqu’à 8000 $ par voiture.
« Démarches en vue »
Or, la société d’État Transition énergétique Québec (TEQ), qui relève du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, confirme qu’une partie des véhicules envoyés en Ontario n’ont plus droit aux subventions québécoises.
« Nous analysons la situation, ce qui pourrait mener à des démarches en vue d’assurer le respect des exigences du cadre normatif. Nous suivons le dossier de près », a précisé Nathalie Desrosiers aux communications de TEQ, sans donner plus de détails.
Même si elle tient à se faire rembourser, la société d’État n’a pas calculé encore la facture totale qu’elle va réclamer. « Nous préférons être prudents avec les chiffres à ce stade », insiste Mme Desrosiers.
On ignore pour l’instant le nombre exact de voitures qui ont reçu une subvention du gouvernement québécois avant d’être revendues en Ontario. Il est trop tôt pour savoir si le montant réclamé s’élèvera à des centaines de milliers de dollars ou franchira le million de dollars.
Une facture qui aurait pu être deux fois plus salée pour les contribuables parce qu’Alexandre Taillefer a fait du lobbyisme auprès du TEQ en 2017 pour essayer de faire passer la subvention de 8000 $ à 15 000 $, indique le Registre des lobbyistes.
Joints par Le Journal, ni Alexandre Taillefer, fondateur de Téo Taxi et associé principal du fonds XPND Capital, ni Dominic Becotte, associé au fonds et président-directeur général par intérim de Taxelco, n’ont accepté de répondre à nos questions.
Quant à Benoît Guigues, associé au cabinet comptable Richter et contrôleur de Taxelco, il n’a pas non plus rendu nos appels.
Plus de 25 millions $ de dettes plombaient les finances de Téo Taxi et de sa société mère, Taxelco, quand celle-ci s’est placée à l’abri de ses créanciers, le 29 janvier dernier. Au 1er mars 2019, ses créances totales s’élevaient à plus de 36 M$, selon Richter.
– Avec la collaboration de Sylvain Larocque