Depuis Victoriaville, nous assistons à une relance du mouvement de grève étudiante qui persiste de façon inédite. Il fallait s’y attendre avec le principe des dernières offres du gouvernement et le climat délétère qui a régné tout au long du conflit. La fin de non-recevoir à l’intransigeance se devait d’être entendue. Dans cette même veine, des parents ont initié le mouvement du carré blanc. Cette tentative d’un appel à la paix dans l’impasse actuelle autour du conflit aura l’effet d’une invitation à tempérer les ardeurs policières et gouvernementales.
À la lumière des faits établis, l’internaute Moïse Marcoux-Chabot a pu se prononcer->https://www.facebook.com/notes/mo%C3%AFse-marcoux-chabot/victoriaville-les-balles-de-plastique-sont-identifi%C3%A9es/2697594137991] la semaine dernière sur la teneur des balles de plastique et en direction de certaines têtes parmi les manifestant-e-s présents à Victoriaville. [Aussitôt, la levée des boucliers a été décrétée dans les grands médias. Nombre de relationnistes et de policiers – ou ex-policiers – de la SQ furent appelés en renfort pour gérer une crise médiatique. Rappelons qu’Amir Khadir et le PQ se sont dits en faveur d’une enquête indépendante des corps policiers sur les événements survenus à Victoriaville.
Aux lendemains du congrès libéral de Victoriaville, la paix sociale ne tient que sur un fil. Nous avons pu le réaliser en apprenant l’immobilisation des lignes de métro cette semaine. Dans certains poèmes rédigés au cours de la grève, je me suis inspiré de circonstances similaires pour m’inscrire en faux contre la tangente gouvernementale lors du conflit. Toujours aussi conscient de la notion de récupération politique que peut représenter la cause étudiante, nous pouvons déplorer tout autant les débordements et la tentation des autorités de réprimer plus sévèrement. Lors de cette situation spécifique, je tiens à saluer les appels au calme et m’inscris toujours tout autant en faux contre les détenteurs du pouvoir.
Ici même au Québec, nous constatons une divergence fondamentale dans les mœurs démocratiques et notre rapport face à l’Histoire. Nous ne pouvons nous réclamer d’une stricte gouvernance de nos destinées puisque nous n’avons jamais disposé des pleins pouvoirs. En outre, nous composons avec les réalités d’un Pouvoir qui s’inscrit comme Autre que celui propre à notre destin collectif. Nous avons connu en 1970 les Pierre Elliott Trudeau et Robert Bourassa. Aujourd’hui même, nous faisons face à la myriade autour de John James.
Combien faudra-t-il de Dominique Laliberté, Gabriel Duchesneau, Francis Grenier et autres éclopé-e-s pour faire entendre raison au gouvernement? Une balle de plastique s’adoucirait-elle en termes de force d’impact sous l’effet de quelques opérations orchestrées de relations publiques? Des injonctions ordonnant le retour pistonné de certains étudiant-e-s dans des classes autrement vides par la vacuité politique actuelle sauront-elles apaiser le climat déjà prompt à la confrontation? Décidemment, le problème est d’ordre politique et de rassemblement. C’est à nous de déterminer la suite des choses dans la révolution sociale qui s’annonce à l’horizon.
Il fut souvent question de démocratie au cours du conflit étudiant. Au-delà des considérations utilitaires, le vote exprimé en assemblées générales témoigne d’une grande polarisation dans les débats. Une part des étudiants est contrainte à revenir en classe dans une atmosphère survoltée et au gré de la valse-hésitation des injonctions. Les juges d’obédience libérale ont ouvert une brèche juridique et devant le vide politique actuel, il est difficile d’établir ce qui surviendra de la nécessité à sauvegarder le fragile équilibre démocratique garanti par les auspices d’une liberté d’association à respecter. Chose certaine, nous faisons face à des pouvoirs en désarroi et la cohorte étudiante persiste contre vents et marées.
Lors de ce qui fut appelé comme négociation de la part du gouvernement John James, nous avons pu lire le compte-rendu écrit des délégués de la CLASSE. Nous avons pu y apprendre qu’il n’était point question pour le gouvernement de mentionner pour l’instant quelque forme de moratoire qui suspendrait l’application de la hausse des frais scolaires, pas plus que l’éventualité d’États généraux sur l’Éducation. Comme pas de reconnaissance, nous devons accepter l’humilité du jugement face à l’Histoire. Nous évoquons parfois le concept de la tyrannie de la majorité et de quelque dictature par une minorité. Dans ce cas précis, nous ne pouvons pas laisser le gouvernement actuel prendre en otage l’expression d’une démocratie nécessaire à la sauvegarde des revendications de notre relève collective.
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3 commentaires
Élie Presseault Répondre
14 mai 2012Effectivement, nous ne parlons pas d’un gouvernement qui pratique la démocratie par inclination naturelle. Il l’utilise tout simplement en argument pour tenter de mieux en dénaturer les fondements. D’aucuns affirment que les institutions politiques d’inspiration britannique favorisent les prérogatives du premier ministre et de l’exécutif au détriment d’une meilleure balance des pouvoirs. Dans Trudeau et ses mesures de guerre vus du Canada anglais, nous pouvons lire un court texte de Robert MacGregor Dawson qui explique dans «Un octroi de pouvoir si absolu» (p. 65-67) que le pouvoir de faire loi peut se retrouver entre les mains d’un gratte-papier ou d’un policier et que la dimension de ce même pouvoir en paraît d’autant plus excessive par rapport à l’absence de démocratie dans les mœurs en cours.
Archives de Vigile Répondre
14 mai 2012La pratique de la démocratie est un art compliqué et difficile à appliquer. Il faut être doué et il semble bien que plusieurs personnes oeuvrant en politique, ne maîtrisent pas très bien cet art.
Archives de Vigile Répondre
14 mai 2012Il faut faire comprendre à ce gouvernement qu'il n'est pas sur le bon chemin.Il est sur le chemin de la dictature.
Ce n'est pas acceptable.