Alain Aslan, sculpteur, était prêt à offrir ce buste à la Ville de Montréal à condition qu'il soit coulé en bronze et placé à l'extérieur.
Photo Ivanoh Demers, La Presse
Éric Clément - Il y aura 40 ans demain que le général de Gaulle a prononcé son célèbre discours à l'hôtel de ville de Montréal, et l'homme d'État français suscite toujours la controverse. En effet, la métropole a refusé, par deux fois, de l'honorer publiquement en installant son buste au parc La Fontaine.
Considéré comme le plus beau et le plus fidèle à son modèle, ce buste de Charles de Gaulle a été créé peu après sa mort, en 1970, par le célèbre sculpteur français Alain Aslan, qui vit aujourd'hui dans les Laurentides.
Sollicité par les autorités françaises il y a quelques années, M. Aslan était prêt à offrir ce buste à la Ville de Montréal à condition qu'il soit coulé en bronze et placé à l'extérieur. C'est François Lubrina, délégué de l'Assemblée des Français de l'étranger, qui s'est occupé du dossier.
«L'ex-maire Pierre Bourque n'avait pas fait de suivi à notre proposition et le maire Gérald Tremblay n'était d'accord que pour le placer à l'hôtel de ville dans un endroit discret peu accessible au public», dit-il.
M. Lubrina et d'autres membres de la communauté française du Québec souhaitaient que le buste soit placé devant le monument à Charles de Gaulle, en face de l'hôpital Notre-Dame, au bord du parc La Fontaine.
«Le monument actuel ne représente rien, dit M. Lubrina. On demandait l'autorisation de mettre le buste devant cet obélisque de granit offert par Jacques Chirac en 1992. Sinon, on ne demandait rien. Cela n'aurait rien coûté à la Ville et cela n'associait pas le général au message du balcon mais à son message universel.»
Selon M. Lubrina, c'est le maire de l'arrondissement de Ville-Marie, Benoît Labonté, responsable des arts et de la culture à Montréal, et le comité qu'il avait formé qui ont décidé que le buste serait placé discrètement dans une galerie de l'hôtel de ville, non loin du balcon. Pourtant, le maire Tremblay aimait beaucoup ce buste, dit M. Lubrina.
«Quand je suis allé le montrer à Gérald Tremblay, il l'a regardé sous tous les angles et il l'a lui-même ramené sur un petit chariot, rue Notre-Dame, jusqu'à ma voiture, dit M. Lubrina. Tous les gens étaient surpris de voir le maire transporter ce buste de De Gaulle sur un diable dans la rue!»
Loin d'être vexé que Montréal n'ait pas accepté son cadeau, le sculpteur Alain Aslan a toutefois pris acte des imbroglios nés de sa généreuse proposition: il conservera le buste chez lui. «Ils ont trop tordu le nez, maintenant c'est trop tard» dit-il.
À la Ville, le chargé de communication Philippe Sabourin dit que l'administration n'a pas dit son dernier mot: «On veut faire cela dans les règles de l'art. Le dossier n'est pas clos.»
Mais pour l'artiste, il n'est plus question d'en parler. Alain Aslan est l'auteur du buste de Brigitte Bardot en Marianne, lequel trône dans les mairies françaises. Il est aussi connu pour les célèbres «pin u » qui ont illustré le magazine Lui pendant des années. Ses oeuvres seront exposées à Paris l'hiver prochain. Aucun musée québécois ne s'est pour l'instant montré intéressé à présenter sa collection impressionnante de sculptures, de peintures et de dessins coquins, renommés dans le monde entier.
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