Martin Croteau - La participation de deux groupes de musique à un spectacle de la Fête nationale a provoqué une telle controverse que les organisateurs craignent de devoir les retirer de la programmation. La raison: ils sont anglophones.
L'Autre St-Jean aura lieu le 23 juin au parc le Pélican, à l'angle du boulevard Saint-Joseph et de la rue Molson. L'objectif de la soirée est d'offrir aux Montréalais une solution de rechange au vaste spectacle de variétés qui a traditionnellement lieu au parc Maisonneuve à l'occasion de la Saint-Jean.
Bloodshot Bill et Lake of Stew, deux formations montréalaises, devaient s'y produire aux côtés des artistes francophones Malajube, Vincent Vallières, Les Dales Hawerchuck et Marie-Pierre Arthur. Mais jeudi, les organisateurs de la soirée leur ont expédié un courriel, les informant qu'un commanditaire s'opposait à leur présence pour des raisons «philosophiques».
Le groupe affirme que le français est en danger au Québec. Et pour cette raison, il s'oppose à ce qu'un artiste se produise en anglais à l'occasion de la Fête nationale.
Il a même menacé de tenir une manifestation si le programme avait lieu comme prévu. Et comme la police aurait obligé les organisateurs à payer des effectifs supplémentaires, ils ont avisé les artistes anglophones qu'ils pourraient bientôt être rayés de la programmation.
«Nous avions l'impression de faire partie d'un progressif, de participer à un événement où le vieux paradigme entre francophones et anglophones n'était plus là», a déploré Richard Rigby, l'un des membres de Lake of Stew, une formation qui joue du folk.
«J'étais honoré d'être un des premiers anglophones à participer à un spectacle de la Saint-Jean, a renchéri Bloodshot Bill, qui pilote un groupe rock. Nous sommes des Québécois, nous aussi, nous avons été élevés ici.»
Selon différentes sources, ce sont des personnes proches de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal qui sont à l'origine de cette farouche opposition.
«C'est le Comité de la Fête nationale et l'Association culturelle Louis-Hébert qui ont fait des pressions pour régler le problème», a indiqué une source au fait du dossier.
Il n'a toutefois pas été possible d'obtenir les commentaires de ces deux organisations, hier. Le président du Comité de la Fête nationale, Mario Beaulieu, n'a pu être joint, pas plus que Marilyne Lacombe, qui dirige l'Association culturelle Louis-Hébert.
Les organisateurs de L'Autre St-Jean ne sont guère plus loquaces. La porte-parole de l'entreprise C4, Paule Claveau, n'a pas rappelé La Presse. Son directeur Pierre Thibault passe le week-end à l'extérieur de Montréal, indique-t-on.
Le producteur du spectacle a rencontré l'organisme récalcitrant vendredi après-midi dans l'espoir de trouver un compromis. D'autres rencontres sont prévues demain.
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