Que le Canada jouisse de réserves prodigieuses en gaz naturel est évidemment un argument hautement défavorable au projet d'importation de gaz liquéfié d'outre-mer par Rabaska et à la réalisation de son port méthanier sur le territoire de la Capitale nationale.
La région — et le Québec en entier — seraient effectivement gagnants sur bien des plans si nous demeurions desservis en gaz albertain par gazoduc: pas de trafic de méthaniers (ces bombes flottantes), pas de retransformation à proximité des populations, une cible en moins pour d'éventuelles attaques terroristes, préservation de l'intérêt patrimonial mondialement reconnu de la Capitale nationale, préservation de notre potentiel agricole local, absence de toutes les nuisances propres aux ports méthaniers, et encore ….
Par ailleurs, il est connu qu'un approvisionnement en gaz par pipeline, plutôt que par importation de GNL, double le bilan de réduction en GES dans une perspective de substitution du mazout par le gaz naturel, ceci à cause des containtes énergivores du cycle de transformation gaz-GNL-gaz et du transport international de la ressource liquide.
On comprend mieux, du coup, que les inconditionnels de Rabaska (qui incluent nos élus) s'efforcent de convertir la population au mythe à l'effet que les prodigieuses réserves de l'Ouest canadien seraient limitées à 7-10 ans seulement et ce, en recourant à une rhétorique volontairement confuse utilisant un vocabulaire complexe du genre «productibilité» ou «réserves prouvées». Dit autrement : on se limite à informer les Québécois sur le stock des tablettes d'armoires en leur cachant les formidables réserves du garde-manger.
Les réserves en gaz de l'Ouest canadien ont été chiffrées publiquement à un minimum de 70 ans par l'Association canadienne du gaz et son directeur Division de la politique et de l'économie, M. Bryan Gormley, venu témoigner devant le BAPE en audiences publiques en janvier dernier. Évidemment, une minorité seulement de Québécois ont bénéficié de cette information, qui n'a d'ailleurs jamais été contestée par Rabaska lors de cette audience, alors que le promoteur a usé librement de son droit de rectification relativement à maints autres interventions faites devant la commission.
Élaborant sur les réserves chiffrées à 70 ans, M. Gormley a exprimé d'une façon on ne peut plus claire que «…le gaz naturel [...] on sait où il est. On connaît son emplacement. On connaît le potentiel géologique d'une ressource...» pour illustrer que sa présence a été inventoriée et que son exploitation future n'est qu'une question de raccordement. Son constat était certainement basé sur des études et prospections sérieuses, exactement, on l'imagine, comme dans le cas des réserves connues de gaz russe, arabe, africain ou vénézuélien que nos élus croient indispensable d'importer pour notre soi-disante «sécurité énergétique»
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Mathias Brandl
Sainte-Pétronille, I. O.
- Source
LE SOLEIL - POINT DE VUE
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