Les révélations des dernières semaines, qui faisaient état de nombreux
signes d'ingérence politique pour favoriser la réalisation du port
méthanier Rabaska, sont tout sauf rassurantes sur l'aspect sécuritaire de
la présence éventuelle de cette gigantesque activité gazière près de
Québec.

Mes deux enfants font partie des 142 jeunes de l'école primaire du village
de St-Laurent I.O. que les méthaniers longeront à moins de 800 mètres lors
de leur passage dans le chenal maritime. Ce qui me fait poser cette simple
question : seront-ils encore en sécurité avec la venue de Rabaska? Nos élus
nous assurent que le projet est conforme aux normes en vigueur. Aussi, ils
nous réfèrent inlassablement aux conclusions favorables du rapport du Bape,
dont ils ont fait leur credo.

Le problème avec le rapport du Bape, c'est que les propos qu'il nous offre
au chapitre des risques et de la sécurité du projet représentent ce qu'il y
a de moins rigoureux, voire de plus douteux comme exercice d'évaluation
environnementale : tout en écartant sans nuances les positions plus
prudentes et fort actuelles d'éminents experts internationaux du gaz
naturel liquéfié, on y permet à des analystes du MEDDP, peu spécialisés en
matière de GNL, de reprendre simplement les thèses du promoteur et
d'avaliser ses conclusions minimalistes au niveau de la sécurité,
conclusions qui sont d'ailleurs largement fondées sur des spéculations
d'ordre probabiliste. La sécurité de mes enfants devrait donc dépendre de
simples paris ??

Suite à d'autres recherches documentaires, on sera troublé d'apprendre que
parmi ces analystes du MEDDP, l'un déplorait verbalement, en début
d'audiences publiques, l'existence d'un vide réglementaire au niveau des
normes canadiennes quant à la définition des scénarios d'accidents relatifs
aux méthaniers et quant à l'imposition d'une zone d'exclusion autour de
ceux-ci : « Le déversement d'un méthanier ne fait pas partie de cette
notion de zone d'exclusion, de ce que j'ai pu voir au niveau de la norme
»..... «... je pense que le choix des scénarios a imposer pour définir des
zones d'exclusion associées à des seuils précis, ça doit faire l'objet de
discussions avec des experts très ferrés, selon moi, dans ce domaine-la....
» (DT-2, minutes de l'audience du 7.12.2006)

Il a été admis que le Bape a négligé, sur la question primordiale des
risques et de la sécurité, de faire appel dans ce mandat à des experts
indépendants et reconnus. Cela, à l'évidence, en dépit de l'opinion de ses
propres analystes au Ministère de l'Environnement. Pour ajouter à cette
négligence injustifiable, la Commission a passé sous silence, en l'absence
d'une norme canadienne applicable, l'existence d'un standard de 1,6 km
comme distance limitative entre méthaniers et activité humaine, en usage
chez nos voisins américains.

Pourquoi alors nous exiger d'accepter le passage de méthaniers à une
distance deux fois moindre que la norme américaine le long des côtes
habitées de l'Ile d'Orléans, sur la simple base que «.... les risques
paraissent acceptables...» ? Pourquoi proclamer que le projet respecte
toutes les normes, tout en sachant pertinemment que nos normes sont
incomplètes ?

Comment expliquer, au fait, que nos élus insistent autant pour nous
demander de respecter un rapport de Bape sur Rabaska que tout esprit
quelque peu scientifique jugera bâclé, voire biaisé, en matière de sécurité
??

MATHIAS BRANDL
Ste-Pétronille I.O.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --