L’ancien premier ministre aurait certainement apprécié l’endroit : une péniche sur la Seine au pied de la rue des Saints-Pères entre l’Académie française et le Louvre. À deux pas de Saint-Germain-des-prés, où Bernard Landry étudia trois ans à L’Institut d’études politiques de Paris, une cinquantaine de personnes lui ont rendu hommage en ce mercredi maussade. Un an presque jour pour jour après son décès, le 6 novembre 2018, cet hommage voulait d’abord rappeler l’attachement de l’ancien premier ministre à la France où il comptait de nombreux amis dans le monde politique et culturel.
« Voilà un homme qui aimait la France intellectuellement et physiquement ; et qui aimait la langue française comme on aime sa mère » a déclaré son épouse, Chantal Renaud-Landry, visiblement émue. Autour d’elle, plusieurs personnalités françaises et québécoises s’étaient déplacées, comme l’ancien premier ministre français Alain Juppé, les ex-ministres Pierre-André Wiltzer et Claude Charron ainsi que l’écrivain Dany Laferrière, membre de l’Académie française.
Il faut dire que Bernard Landry avait été introduit très tôt dans le monde politique français. À Sciences Po, il avait eu pour professeur le futur premier ministre Raymond Barre. En stage au ministère des Finances, il avait croisé l’ancien premier ministre Michel Debré et le futur président Valéry Giscard d’Estaing.
« Il avait une façon de nous écouter qui nous donnait l’impression d’être intelligent, a déclaré Dany Laferrière. Lorsque je cherchais à comprendre le Québec, il en était ému. » Pour son biographe et ami Jean-Yves Duthel, Bernard Landry fut un des rares ministres des Finances à considérer que, « pour un pays, le plus important n’était pas l’économie, mais la culture ». « Il se désolerait de l’anglicisation de Paris », a-t-il ajouté.
Président du Cercle des amis de Bernard Landry, Duthel a annoncé la création d’un Prix Bernard Landry de la francophilie. Celui-ci récompensera une personnalité dont l’action ou l’oeuvre « ouverte sur les continents » marque un attachement particulier à la France et à sa langue. Le jury, composé de personnalités françaises et québécoises du monde culturel, annoncera le nom du premier récipiendaire en mars avant le Salon du livre de Paris.
Se rappelant ses années à Sciences Po, où il avait présidé l’Association des étudiants québécois en France, Bernard Landry n’hésitait pas à conseiller aux jeunes Québécois qui voulaient étudier à l’étranger d’aller en France. « À cause de la facilité, de la communication linguistique », disait-il. Mais aussi parce que « nous sommes nord-américains, l’Amérique du Nord on la connaît de toute façon […]. Si on veut un réel séjour à l’étranger, c’est mieux à Paris qu’à Harvard. »