Reporter de 10-15 ans le référendum

Ou comment créer un espace politique constitutionnel pour une partition du Québec?

La onzième province, un deuxième coup d’État!

Tribune libre

Quand plusieurs croient qu’il n’y a pas d’urgence à tenir un référendum, l’ignorance du jeu des adversaires pourrait être leur cheval de Troie. Ils laissent un vide politique qui pourrait être fatal.

Les réflexions sur 250 ans permettent de constater à tellement d’embûches et mesures suicidaires et assimilatrices que la prochaine mesure simulée de leurs moyens déjà utilisés serait une continuité, une hypothèse que je considère raisonnable, de ces mesures autodestructrices par la bande des Anglos-fédéralistes. Elle consiste à disloquer, défaire ou démanteler le territoire du Québec.

-* Mais c’est illégal dites-vous! Ils vous répondront que jamais ils ne feraient cela. Après le coup dissimulé, ils ne vous répondront même pas, tout simplement parce que nous n’aurons même pas les moyens de nous plaindre et surtout plusieurs des assimilés et colonisés de la belle province se montreront cocus contents. Phénomène amplifié avec une assemblée nationale devenu constitutionnellement eunuque et qui s’occuperait à faire un maudit bon gouvernement provincialiste, tous partis confondus.
La nature a horreur du vide et les hommes encore plus de la politique de la chaise vide constitutionnelle.

Elle est la clé majeure dont se sont servis nos adversaires depuis 250 ans pour obtenir la soumission de notre nation. Ce barbelé nous lacère dans notre liberté d’agir et nous enlève de la voilure. Ils veulent en plus nous ratatiner de nos terres. Ils ont commencé de bonne heure.

-Première partition : 1791, l’Ontario sort de la cuisse du Québec

31 décembre 1791. Deux ans après la Révolution française, l’ « Act »de George III séparait la « province of Quebec » (1) en deux pour des motifs qui me paraissent encore étrangers si ce n’est que les Britanniques voulaient exclure les loyalistes et fidèles au roi en provenance des États unis d’Amérique, des Coutumes de Paris, aux manières françaises et à sa gouvernance. Étrangers, parce que la proclamation royale sanctionnée à Londres le 22 juin 1774 (2) redonnait aux Français ses droits et un gouvernement qui devait, en tout respect de la proclamation, s’autogouverner.
Le souffle de la révolution américaine les avait incités, elle nous redonnait ce que les Britanniques se sont efforcés de dissimuler et d’ignorer, tous les attributs, les pouvoirs de gouvernement, de justice et de responsabilité de l’Édit de Louis XIV de 1663. (Je noterai pour certains que le Nouveau-Brunswick par ordre en conseil du 16 juin 1784 autorise le gouverneur de cette colonie à établir des cours de justice même en matière criminelle. De même, le Lower-Canada et le Upper Canada ont compétence pour nommer des juges et entendre toute cause civile et criminelle). (3)

Cette première partition du Québec avec comme ligne séparatrice la rivière Outaouais débuta par l’ordonnance autorisant trois personnes à agir dans de nouveaux districts en tant que juge de la Cour des plaidoyers communs (1). La création de cinq nouveaux districts judiciaires dans la province of Quebec en 1788; le district de Gaspé, de Lunebourg, Mecklenburg, Nassau et Hesse dont les quatre derniers forment l’embryon du « Upper-Canada » ce qui l’Ontario. Après quinze jours d’existence, la première loi de ce dernier est d’abolir le droit français applicable et lui substituer les lois anglaises. (3)

Deuxième partition 2021.

Depuis le dernier référendum neutralisé par les fédéralistes des quelques zélotes et presque unanimement les Anglos, ils ont pris le chemin de la ligne dure. Pour mettre toutes leurs énergies sur les espérances que c’est le dernier clou dans le cercueil et en finir avec l’idée de souveraineté du Québec, certains Anglos veulent faire de Montréal la onzième province. Mais cette idée qui semble neuve à plusieurs francophones est, en réalité, très vieille.
Depuis 40 ans, les séparatistes -fédéralistes ont mis en place des stratégies et des idées, toutes plus ingénieuses les unes que les autres, pour extirper une partie ou une autre de territoire du contrôle des francophones. N’a-t-il pas été dit le 16 décembre 1835 au Doric Club un mot qui résonne encore « la mort plutôt qu’une domination française » ou le célèbre « La démocratie pour ces Frenchs ? NEVER! »(5)

En réalité, elle n’est jamais sortie de la tête de plusieurs Anglos depuis 1791. Les Britanniques en voulant corriger une bourde en ont créé une autre. En séparant en deux la Province of Quebec, il est resté quelques poches d’Anglos pris particulièrement dans les Township, l’ouest de Montréal et en Gaspé en minoritaire qui n’ont jamais pu accepter la moindre gouverne des français sur le territoire. De là, le désir de séparer tant mieux que mieux les poches d’Anglos pris dans la découpe maladroite s de 1791 des Britanniques à mille lieux. Le Québec bashing en a là ses origines.
À partir de la rue St Denis certain traçait la ligne de découpe. Depuis la neutralisation du référendum québécois de 1995 certains fédéralistes ont pris le tournant de vouloir en finir et d’écraser encore plus ces « frenchs », cette haine des indépendantistes comme extra, ils considèrent maintenant la ligne de Sorel à l’est et au sud, la ligne états-unienne. La laurentie réapparaît. Bref, les Anglos-séparatistes ont planifié et écrit plusieurs documents sur le sujet, des tonnes d’articles des journaux et des rencontres au plus haut sommet. Ils passent inaperçus par le mur linguistique naturel qui forme les nations. Nous par la langue, eux par rien qui n’est pas américain.

Depuis le mot de Trudeau que l’indépendance du Québec « serait un crime contre l’humanité » crié février 1977par le fronton de Washington sur tous les toits pour apeurer 300 millions d’Américains. Rien ne les arrête.
En premier, la stratégie du prétexte autochtoneà

L’appui du premier ministre Chrétien, à la déclaration du 29 janvier 1996 à propos d’un Québec divisible en vertu des revendications autochtones a produit des effets escomptés. Depuis, il est clair que les cris et les Inuits revendiquent leur propre sécession et attendent le moment propice. Le principe de partition, déjà bien réfléchi, est non seulement accepté par les anglophones et allophones, mais aussi par les autochtones. Le plat des restes du référendum les attire tous : lorgnant la bonne stratégie du chacun pour soi, mais qui ne le sera que pour un seul.

La priorité des négociations provinciales / fédérales va depuis quelques années à la question des autochtones. Les revendications traditionnelles du Québec sont sans aucune priorité, par la table constitutionnelle des 11 premiers ministres. La commission d’enquête sur les femmes autochtones du fédéral va sans doute aboutir à des recommandations vers une autonomie plus grande des communautés autochtones et faire valoir un horizon trompeur à la onzième province au nord.
Il pourrait même être question de référendum sur l’autonomie et les territoires de nations autochtones. La venue de droit de veto préalable des communautés autochtones, les avancées avec les Nations Unies et la possibilité de pouvoirs plus importants sur les territoires pourraient servir de toile de fond et ouvrir la voie à des confrontations par consultations possibles.

Le vide de ne pas avoir d’initiative et de faire un bon gouvernement va permettre à d’autres d’occuper le terrain.

Les Anglos/séparatistes profiteront de cette occasion pour demander un référendum canadien sur la question de la création d’une province pour régler la question des minorités, dont les Anglos.
Le Québec en ne prenant pas l’espace pour consulter sa population sur ce qui serait son indépendance sur le territoire se mets en situation de faiblesse pour négocier quoi que ce soit avec le fédéral depuis 25 ans. D’autant plus que le fédéral n’a pas relevé ses défauts constitutionnels et n’en a pas l’intention tant qu’il restera un seul de ces « Frenchs » revendicateurs.

Premier coup- la recherche du dernier coup

Les fédéralistes tenteraient de donner le coup de grâce, « le coup fatal du cou cassé » pour définitivement éradiquer tout mouvement politique possible des indépendantistes. Ils utiliseront la ruse, plus violente que la confrontation. C’est l’avantage des colonisateurs que de contrôler les lois, les médias nationaux et la force. Ils y mettront la subtilité nécessaire. Aussi, dans les circonstances, les fédéralistes chercheront par tous les moyens de faire infléchir ou influencer les membres du parti indépendantiste, comme ils l’ont déjà fait, favoriseront de l’intérieur comme de l’extérieur les candidatures qui reportent le plus possible le référendum.

Pour les oreilles molles et naïves qui n’y croient nullement, ils ont juste à se rappeler que la crise d’Oka était une crise constitutionnelle que d’aucuns ont appelée la « théorie du complot ». Elle a permis de neutraliser, détourner et saboter les tentatives du Québec de se faire un pays. Que les fédéralistes ont mandaté des officiers de la Gendarmerie royale du Canada pour infiltrer le Parti Québécois et aussi le Front de libération du Québec pour discréditer le nationalisme québécois aux yeux du peuple et de l’opinion internationale. Des bombes ont été posées par ces agents et des tactiques subversives utilisées.

De même, il n’a jamais été possible de faire enquête complète au Canada dans le cas de l’accusation d’avoir fomenté un coup d’État exécuté par B Laskin juge en chef de la Cour suprême du Canada qui a traficoté un jugement complaisant afin de rapatrier la constitution de Londres avec P.E.Trudeau, premier ministre du Canada au pouvoir. Malgré l’unanimité de la résolution produite par l’Assemblée nationale le 15 avril 2013, le gouvernement fédéraliste refuse depuis les révélations de l’historien Frédéric Bastien (4) d’ouvrir ses archives pour se disculper. Ce scénario ne peut pas être impossible.

Deuxième coup. Sans référendum en vue, Il suffirait que les fédéralistes fassent le mort jusqu’après l’élection générale le premier octobre 2018. Stabiliser les indépendantistes ne représenterait plus aucun danger. A contrario, en aucun cas, les fédéralistes ne veulent s’exposer à découvert et montrer leurs plus grandes faiblesses. Ce scénario est à proscrire et une intervention stratégique des fédéralistes sera nécessaire au moment des élections. Les arguments les plus bas et vicieux sont à prévoir. Faire appel à la solidarité des Anglos est un coup gagnant.

Le troisième coup, l’élection gagnée, il s’agit prendre de court le mouvement indépendantiste, en déclenchant un référendum canadien sur une onzième province qui serait hypothétiquement suivi d’un autre pour les autochtones dans le nord. Les difficultés des provinces de l’ouest avec les autochtones feraient avorter le projet. Entre-temps, il aurait servi d’écran pour démanteler le Québec et rejoindre le vieux projet du secrétaire de Lord Durham de province de la Laurentie, une sorte de réserve pour français, sous le contrôle du fédéral, édenté et dégriffé.

Le fait que le Québec ne soit pas consulté et ne donne son imprimatur sera simplement mis aux oubliettes. Un deuxième coup d’État à la constitution n’est pas nécessairement illégal en vertu de la volonté référendaire qui modèlerait l’avenir. Tout au plus illégitimes, les actes et gestes auront cours étant donné la faible force stratégique du Québec et les assimilés nombreux qui verraient même des avantages en bons colonisés de la partition. L’évaluation des faibles chances que cela se rende comme plainte aux Nations Unies de la part d’une majorité.

Un peuple qui s’est dit non, en référendum deux fois, est une proie facile. Tout comme le Québec l’a été avec 74 députés sur 75 du parti libéral à l’élection du gouvernement de Trudeau le 18 février 1980 pour avaliser ses prétentions contre le nationalisme.

Réf. :
(1) Université de Laval : http://www.axl.cefan.ulaval.ca/amnord/cndconst1791.htm
(2) L’Assemblée nationale : http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/lexique/acte-de-quebec-(1774).html
(3) L’histoire des institutions judiciaires du Canada, Luc Huppé, 2007, Wilson et Lafleur Ltée.

(4) La Bataille de Londres, Frédéric Bastien, 2013 Édition Boréal


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1 commentaire

  • François A. Lachapelle Répondre

    12 août 2016

    Devant une possible partition du Québec orchestrée par le ministère du Premier ministre du CND, appelé Conseil privé, il faut que les Québécois(ES) s'entretiennent de ce sujet. Il est fort probable, c'est plus que fort possible, que déjà, des équipes de fonctionnaires à Ottawa travaillent sur ce sujet.
    Votre article est une précieuse contribution à un tel débat. Comment faire en sorte que le sujet sorte dans les médias et rejoigne la population dans leurs chaumières ?
    Avec l'État fédéral canadien, avec l'asservissement de Radio-Canada français à promouvoir l'unité du Canada en français en partenariat avec le journal fédéraliste La Presse, propriété de Power Corp et de la famille Desmarais, le marteau tape souvent sur le clou, à répétition, comme le supplice de la goutte d'eau.
    Les fédéralistes mènent le bal à Ottawa, à Québec et à Montréal avec les Trudeau, Couillard et Coderre et dans des centaines d'autres villes du Québec.
    Les dominateurs sont à l'oeuvre et le 150e du Canada en 2017 sera un sauf-conduit pour parader et faire sonner les trompettes.
    L'arrivée d'une présidente du PQ comme Martine Ouellet pourra-t-elle endiguer trop d'ampleur aux projets assimilateurs d'Ottawa ? Cela est possible avec beaucoup de courage et de stratégie dans le sens du "pouvoir au peuple", une réelle démocratie ce dont le Canada va prétendre mais sera incapable de le faire.
    Donc, une vraie démocratie avec le pouvoir au peuple devrait être le mot d'ordre de l'équipe gagnante. L'équipe de Martine Ouellet peut-elle être à la hauteur ?