Le moment était attendu depuis longtemps. La Coalition pour l'avenir du Québec s'est transformée hier en parti politique. Tous sont contents. Son leader, François Legault, est heureux de vivre ce «moment exaltant» et ses adversaires, de le voir enfin venir jouer sur la même glace qu'eux. Cette naissance d'un nouveau parti est de fait un événement à souligner.
Ce qui est une bonne nouvelle pour les adversaires de François Legault est aussi une bonne nouvelle pour les électeurs. La présence de ce nouveau parti enrichira le débat politique et forcera un brassage d'idées. L'appui populaire qu'il recueille depuis déjà plusieurs mois le place au centre de l'échiquier politique. Vers lui convergeront toutes les attaques, ce qui a commencé dès hier. De deux choses l'une: soit ses adversaires réussiront à le mettre sur la défensive, soit ses appuis populaires tiendront, ce qui obligera les autres partis à aller sur son terrain et à adapter leurs propres programmes.
D'emblée, il faut dire que la Coalition Avenir Québec n'est encore qu'un embryon de parti politique. Essentiellement, il est constitué de François Legault et d'un petit cercle de partisans qui ne se sont pas encore prononcés publiquement. Le nombre de membres est restreint, et la caisse est forcément vide. Surtout, il n'y a pas de programme. Du moins, ce qui en tient lieu est un plan d'action en vingt points qui touche cinq secteurs. Vingt points qui sont autant de problèmes à régler, un peu à la manière de la liste de problèmes mécaniques de notre voiture lorsqu'on va au garage.
La logique de François Legault est simple. Il s'agit de remettre le char de l'État en état de marche. Pourquoi seulement vingt points de son plan d'action? Parce qu'il faut parer au plus pressé, se concentrer sur l'essentiel, fait-il valoir. Ce faisant, il s'attaque aux frustrations les plus récurrentes chez ses concitoyens. Par exemple, assurer à chacun un médecin de famille, pourvoir à l'intégration des immigrants, augmenter le financement des universités, revoir les règles d'attribution des contrats publics, abolir les commissions scolaires. Tout cela financé par des réaménagements budgétaires, des allégements «considérables» de structures et des gains d'efficacité à Hydro-Québec. Autant de gestes qui bousculeront l'appareil étatique.
Cette approche fait l'impasse sur nombre d'autres problèmes ou priorités, comme l'environnement, l'aide sociale, les services à la petite enfance, les questions de justice et bien d'autres encore. Surtout, on n'y trouve pas de projet de société, ou une idéologie, qui porterait une vision de l'avenir de la société, comme cela trouve dans tous les autres partis.
Le slogan trouvé par François Legault, «agir pour l'avenir», est davantage un slogan électoral qu'une vision soutenue par des valeurs qui sont propres à son parti. Il est difficile qu'il en soit autrement quand on assoit à la même table fédéralistes et souverainistes, gens de gauche et de droite. Une coalition, implicitement, repose sur le plus petit commun dénominateur. Par définition, il s'agit d'une construction fragile, sujette aux tiraillements et à la négociation de compromis.
Depuis hier, la Coalition est soumise à l'épreuve du réel. Elle sera un révélateur de ses forces et de ses faiblesses. Pour l'instant, ce sont les faiblesses qui ressortent. La construction de ce parti est loin d'être terminée. Comme le disait François Legault hier lorsqu'il n'avait pas de réponses aux questions, «on verra!».
Coalition Avenir Québec
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