L’autre jour, je me présente à Service Canada pour me procurer un formulaire. On m’accueille par un jovial « Bonjour, welcome ! » J’en reste bouche bée, au point d’oublier de demander si en Alberta ou en Saskatchewan, on utilise la formule « Hi, bienvenue ! »
Rentrée à la maison, je constate que j’ai besoin d’explications. J’appelle donc Service Canada, une préposée me répond, je pose quelques questions, elle me renseigne fort gentiment, et pour élucider un dernier point, elle me demande : « Avez-vous une application ? » Je panique un peu, parce que pour moi, les applications, c’est quelque chose d’assez mystérieux. Je hasarde donc : « Une application Internet… une application sur mon téléphone mobile… » Perplexe, elle précise : « Avez-vous fait une application ? » J’allume : elle veut savoir si j’ai déjà « présenté une demande » ! On n’aurait pas idée de demander à un contribuable anglophone : « Have you presented a demand ? » Cela me rappelle un autre formulaire où on demandait « pour » au lieu de « pendant » combien de temps une personne avait été invalide… mauvaise traduction de « for how long », bien entendu.
Même à la télé de Radio-Canada, combien de mots se perdent au profit de leurs faux amis anglais. Ainsi, on n’entend plus jamais parler d’« occasions », mais uniquement d’« opportunités », plus jamais d’« avenir », disparu au profit de « futur », on ne « prévoit » plus, on « anticipe » et ainsi de suite. Et que dire de mon GPS qui me demande de continuer « pour » (durée) au lieu de « sur » (distance) n kilomètres…
Je ne pense pas que les anglophones du Québec aient à déplorer pareille érosion de leur langue !