Le nouveau gouvernement caquiste de François Legault réussira-t-il à freiner la mainmise étrangère sur nos fleurons québécois ?
Vient-il à peine d’arriver au pouvoir que le Québec perd déjà un autre fleuron.
Après les RONA, Camso, Tembec, Canam, Domtar, Molson, Cirque du Soleil, Biochem Pharma, Van Houtte, Provigo, Seagram, Cambior, Alcan... voilà qu’un autre fleuron québécois, Fordia, leader mondial de la fabrication d’outils de forage au diamant, vient également de tomber entre les mains d’une société étrangère.
Pour quelle raison cette fois ? Selon le récent reportage de mon collègue Francis Halin, les propriétaires de Fordia n’ont pu convaincre ni la Caisse de dépôt et placement du Québec ni le Fonds de solidarité de la FTQ d’aider à financer l’acquéreur québécois qui souhaitait prendre la relève.
Faute d’appui de la part de la Caisse et du Fonds FTQ à trouver un acquéreur québécois, Luc Paquet et son frère Alain ont finalement décidé de vendre l’entreprise familiale, que leur père (Clément) avait fondée en 1977, à la multinationale suédoise Epiroc.
Équipementier spécialisé dans l’exploration minière, Fordia exporte 70 % de ses produits hors du Canada. L’entreprise gère 14 bureaux corporatifs à travers le monde, emploie plus de 250 personnes et possède trois usines. Chiffre d’affaires annuel : 80 millions de dollars.
On parle ici d’une entreprise québécoise rentable, qui a bouclé avec profits rien de moins que 37 de ses 40 années financières.
La société suédoise Epiroc en est maintenant officiellement propriétaire depuis le 2 janvier dernier alors qu’elle va intégrer sa propre division d’équipementier à l’intérieur de Fordia.
La vente de Fordia à Epiroc a de quoi rabaisser nos attentes envers les hommes clés du gouvernement Legault en matière de protection de nos sièges sociaux. Pourquoi ?
FITZGIBBON ET DUBÉ
Un, parce que l’actuel président du Conseil du trésor, Christian Dubé, était « premier vice-président Québec » de la Caisse lorsque celle-ci a rejeté la demande d’aide de Fordia.
Deux, parce que l’actuel ministre de l’Économie et responsable d’Investissement Québec, Pierre Fitzgibbon, avait également rencontré les propriétaires de Fordia lorsqu’il travaillait pour la firme d’investissement privée Walter Capital.
Cette rencontre avec M. Fitzgibbon n’a également rien donné. Tout comme celle avec Gaétan Morin, le président du Fonds de solidarité de la FTQ, lequel fonds des travailleurs est indirectement financé grâce aux crédits d’impôt accordés aux actionnaires.
Concrètement, la protection de Fordia ne les intéressait pas !
Sous le gouvernement Legault, la Caisse et le Fonds de la FTQ défendront-ils mieux nos fleurons contre les prédateurs étrangers, d’autant qu’ils bénéficieront de l’appui d’Investissement Québec ?
On verra !
Sous Christian Dubé à la Caisse, on a notamment perdu RONA, Camso, en plus de privilégier l’achat de trains indiens pour le REM au lieu de trains de La Pocatière de Bombardier.
Quant à Pierre Fitzgibbon, il s’est personnellement enrichi avec la vente en 2014 d’Atrium Innovations (dont il était le PDG) au fonds européen Permira. La vente lui a rapporté 6,18 millions de dollars juste avec ses options et actions, en plus d’encaisser une prime liée à l’opération de 309 675 $.
Comme défenseurs de nos sièges sociaux, le passé des deux hommes clés de Legault n’est pas garant de l’avenir ! On verra...