Assumons le poids d’être du côté de la mesquinerie et de la petitesse puisque devant nous s’alignent en rangs serrés ces gens qui se réclament d’une «générosité universelle» et d’une «grandeur d’âme sans pareille». Égocentrisme opposé à altruisme, nous sommes en bien mauvaise posture.

Non, nous ne sommes pas insensibles au sort de ces femmes, hommes et enfants qui survivent dans les camps de réfugiés. Oui, nous appuyons une aide généreuse offerte aux personnes en détresse. Mais n’y aurait-il pas des interventions qui permettraient des solutions moins périlleuses que celles décrétées sans aucune discussion possible?

Un chœur mixte de voix libérales à faire pleurer une statue, les ténors Trudeau, Couillard et Coderre, a entonné un chant des sirènes lequel nous enjoint d’être réceptifs, ouverts, sans peur et sans reproche. Y être sourds ou seulement afficher un doigt de perplexité nous condamnent à être taxés de xénophobie. Pis, d’islamophobie. Honni soit qui plan y voit! Dans ce concert univoque, les médias consolident par leur aveuglement troublant la «fabrication du consensus». Après quoi, on s’étonnera de voir grimper la cote des mouvements de droite et de droite-droite, souvent seul espace où exprimer des inquiétudes bien fondées pour n’importe quel esprit raisonnable et à distance des intérêts politiciens.

Ce n’est pas tant la peur de voir des terroristes infiltrer le flux de réfugiés – terroristes peut-être déjà introduits dans des cellules dormantes et prêts à attaquer, ou qui repèreront de toute façon une faille dans nos systèmes de sécurité –, mais la peur de l’importation au quotidien de la violence, des voiles, des pratiques religieuses bitumineuses. De voir se répandre dans l’espace public ce communautarisme déstructurant notre société. De savoir que les femmes seront les premières victimes de ces mœurs patriarcales et déshumanisantes qui ont cours dans la culture religieuse de l’islam. De devoir subir le prosélytisme acharné de cette communauté, de même que son culte de la suprématie masculine, ce qu’ici nous tentons d’amoindrir, sinon d’abolir. Cologne, Stuttgart, Berlin, Düsseldorf, Francfort, Munich, Vienne, Salzbourg, Zurich, Helsinki au soir du 31 décembre dernier, et le silence imposé, n’ajoutent-ils pas une autre preuve, celle-là pétrifiante?

Le danger à craindre n’est pas tant dans l’immédiat qu’à moyen terme. La culture religieuse de l’islam qui nous est imposée par les chartes canadienne et québécoise, sanctionnée si besoin est par la Cour suprême, est autoritaire, souvent totalitaire; elle assassine musulmans, chrétiens ou athées, dissidents politiques, journalistes, femmes, hommes et enfants partout sur le globe. Dans quelques années, alors que nos actuels politiciens auront déserté la scène publique depuis longtemps, nous mesurerons peut-être l’étendue de notre prodigalité romanesque, voire de notre naïveté. Vous faites confiance à l’allié indéfectible de l’Arabie saoudite et du wahhabisme, le premier ministre québécois Philippe Couillard? Au premier ministre du Canada, Justin Trudeau, dont la fraîcheur n’arrive pas à masquer ses allégeances douteuses avec le multiculturalisme obstiné de son père? À la ministre de Patrimoine canadien, celle qui parle francophone (sic) et est responsable des langues officielles (eh oui!), Mélanie Joly? À les entendre, l’intégration repose sur le bout d’une baguette magique, alors qu’il faut compter une, deux ou même trois générations avant que l’on puisse constater une véritable adhésion au pays d’accueil. Il est impérieux que les réfugiés soient accompagnés de la façon la plus complète possible tout au long de leur cheminement, car il faut éviter l’exclusion qui mène à la frustration, au repli sur soi, si ce n’est à la radicalisation. Vous faites vraiment confiance à ces ténors libéraux trop pressés d’exécuter leur plan pour ne pas penser qu’il y a anguille sous roche?

Paraphrasons une autre fois Simone de Beauvoir : On ne naît pas terroriste, on le devient. Voici qu’une communauté de quelque 1 milliard 400 millions de personnes s’abreuve aux mêmes textes dits sacrés (coran, sunna, hadiths) que les islamistes et autres terroristes. Faut-il comprendre que l’islam est le terreau de l’islamisme? Les frontières entre l’un et l’autre sont poreuses et aisément franchissables. Résultat, elles sont aisément franchies par des musulmans du Moyen-Orient mais aussi par nombre d’Occidentaux. Il faut réformer l’islam de toute urgence, entendez-vous parfois? Qui observe le sang répandu en son nom aux quatre coins de la planète peut-il vraiment y croire? Waleed Al-Husseini, essayiste palestinien et fondateur du Conseil des ex-musulmans de France, nous exhorte à agir : «Pour empêcher d’autres massacres, il faut cesser de caresser le monstre, d’autant plus que la frontière est très perméable entre le musulman pieux, l’islamiste militant et le terroriste islamique».

Dans ce grand dérangement politique, alors que la paix confessionnelle qui avait cours au Québec depuis plusieurs décennies est mise à mal, peu d’entre nous semblent s’inquiéter de voir spolier notre langue, notre culture, nos valeurs. Soyons claires. Si nous voulons vivre en islam, il existe quelque cinquante pays où il est majoritaire. Si nous voulons vivre en islam, exilons-nous. Sinon, arrêtons «de caresser le monstre».

Ce faisant, nous affirmons notre identité, notre laïcité et nos valeurs démocratiques. Nous osons même la question hautement inflammable. Dans ce magma de bons sentiments, engoncé dans un discours néolibéral récité sans état d’âme par Philippe Couillard, le porte-voix «provincial» qui amalgame toutes nos questions légitimes à de la pure bêtise, avoisinant la trahison, que devient notre projet de pays?

Écrivaines et autres observatrices logeant à gauche du spectre politique

Claire Aubin
Djemila Benhabib
Nicole Côté
Andrée Ferretti
Thérèse Lamartine
Carole Lamoureux
Marthe Payette
Pol Pelletier
France Théoret
Andrée Yanacopoulo