Aujourd’hui, le 21 janvier, c’est le jour du Drapeau. Bon nombre de lecteurs doivent se gratter la tête en se demandant ce que signifie cette journée, et pour cause. Encore méconnue de la majorité des Québécois, cette journée mémorielle est importante, puisqu’elle célèbre un puissant symbole d’appartenance à notre nation. Elle a été promulguée le 21 janvier 1998 par le gouvernement, au moment du 50e anniversaire du fleurdelisé. Pourtant, bon an, mal an, l’État québécois n’y porte que très peu d’attention en se contentant habituellement de publier un communiqué laconique. Et ça, c’est quand il n’oublie pas de le faire !
Rappelons que notre drapeau fut adopté le 21 janvier 1948 par le premier ministre Maurice Duplessis. Peu avant 15 h ce jour-là, le fleurdelisé fut hissé pour la première fois sur la tour du parlement à Québec et remplaça définitivement l’Union Jack. Cela fait de lui le plus ancien drapeau du Canada. Chaque année, le réseau du MNQ souligne avec des moyens dérisoires le jour du Drapeau. Dans la plupart des régions, des activités sont organisées, notamment dans les écoles et les municipalités. Malgré tout, force est de constater que cette journée est le parent pauvre des commémorations. À notre avis, il est plus que temps que l’État donne les moyens à cette journée mémorielle de rayonner suffisamment pour s’ancrer dans les mémoires. Plus largement, aucun ministère ou secrétariat n’est responsable d’une planification digne de ce nom des commémorations.
Notre intérêt pour les commémorations ne date pas d’hier, puisque depuis plus de 30 ans, nous sommes les maîtres d’oeuvre des célébrations de la fête nationale sur l’ensemble du territoire. En 2011, nous avons publié l’étude d’un des signataires de ce texte (M. Courtois), intitulée Les commémorations historiques nationales au Québec, laquelle réclamait une politique d’envergure. À la lumière de ses travaux, une évidence s’est imposée : sur le plan institutionnel, le Québec est un désert commémoratif.
Si on trouve au Québec comme ailleurs des pratiques commémoratives, on ne trouve aucune politique de commémoration structurée susceptible de revaloriser l’usage public de la mémoire. Voilà pourquoi nous souhaitons que l’État prenne enfin ses responsabilités en la matière afin de célébrer de façon digne les événements qui ont marqué notre histoire. Cela permettrait à l’État québécois de développer une expertise commémorative qui lui permettrait de cerner les grands moments à commémorer, les événements, les personnages, les périodes de notre histoire qui méritent d’être soulignés dans la mémoire publique.
À l’aube du 375e anniversaire de la fondation de Montréal où l’histoire risque d’être la grande absente du party, nous sonnons à nouveau l’alarme à ce sujet. Au cours des dernières années, nous avons souvent été témoins d’une improvisation désolante en matière de commémorations, comme en témoigne le silence autour du 250e anniversaire de la Conquête (2010), du 350e de l’arrivée des Filles du Roy (2013), et du 100e anniversaire de naissance de Félix Leclerc. À aucune de ces occasions, notre gouvernement n’a marqué le coup.
Pour inciter le gouvernement à prendre ses responsabilités, nous annonçons aujourd’hui que le Mouvement national des Québécoises et Québécois tiendra en octobre prochain d’importants états généraux sur les commémorations nationales et historiques. Ce grand rendez-vous aura pour objectif de mener une consultation et réflexion de fond sur l’avenir des commémorations au Québec. Notamment, sur le type de commémorations que nous souhaitons célébrer, les anniversaires historiques et politiques qui devraient être ajoutés au calendrier des commémorations officielles, l’implication de l’État et des acteurs concernés, etc. Nous souhaiterons également réfléchir à la préservation des lieux de mémoire importants. Enfin, nous discuterons de l’importance de mettre en valeur et préserver notre patrimoine vivant, ainsi que nos pratiques culturelles traditionnelles. À ce vaste programme, nous convions les Québécois !
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