Voici, rendu public pour la première fois, le fameux « Rapport Alarie » où le Bloc avoue lui-même être « trop Montréalais » et faire preuve de « frénésie gauchiste ». C’est un rapport interne explosif commandé par Gilles Duceppe au lendemain du « désastre » du Bloc aux élections fédérales de 2006.
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NI MYSTÈRE, NI ÉNIGME…
Surtout pas «mou» ni «tranquille» … ou comment «le modèle Montréalais» ne passe pas à Québec
Hélène Alarie
Le 30 mai 2006
Rapport sur le recul du Bloc Québécois dans la grande région
de Québec et Chaudière-Appalaches à l’élection générale du 25 janvier
2006, commandé par Gilles Duceppe, président du Bloc Québécois, à
Hélène Alarie, vice-présidente nationale, lors de la rencontre du groupe
parlementaire du parti à Montréal le 26 janvier 2006.
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Je suis un chien qui ronge l’os
_ En le rongeant je prend mon repos
_ Un tems viendra qui nest pas venu
_ Que je morderay qui maura mordu*
*Inscription accompagnant le bas-relief La légende du Chien d’Or au-dessus de la porte du vieux bureau de poste à Québec.
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Monsieur Gilles Duceppe,
Président du Bloc Québécois.
Monsieur le Président,
Le 26 janvier dernier, vous me confiiez le mandat de mener une recherche sur la déconfiture de notre parti dans la grande région de Québec et de Chaudières-Appalaches lors des élections générales du 23 janvier 2006.
Loin d’être une corvée, j’ai trouvé ce travail stimulant, plein de découvertes et enrichissant sur le plan humain. Cela m’a rappelé ce principe de base de toute action politique : la nécessité de demeurer proche des militants qui sont le fondement même des idéaux que nous poursuivons. Ces gens m’ont fait part des inquiétudes qui les hantent quant à notre avenir avec une franchise et une ouverture éclairées en tout temps par leur attachement et leur dévouement à notre cause commune. Si certains mots ou certaines expressions employées dans ces pages peuvent paraître durs, je sais que vous comprenez l’ardeur pour notre cause qui les sous-tend.
Croyez, monsieur le Président, comme toujours, à l’expression de mon respect et à ma fidèle collaboration.
Hélène Alarie
_ Vice-présidente du Bloc Québécois
_ Saint-Jean-Chrysostome (Lévis)
_ Le 30 mai 2006
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Malgré une baisse importante de sa part du vote populaire par rapport à l’élection précédente pour l’ensemble des 75 circonscriptions du Québec (42.08 pour cent comparé à 48.5 pour cent en juin 2004), le bilan de l’élection générale du 23 janvier, 2006, est à bien des égards positif pour le Bloc Québécois. Nous avons fait des gains importants à Montréal, nous avons consolidé et élargi nos assises dans les communautés culturelles et l’électorat d’origine immigrante et nous avons battu des ministres Libéraux «seniors ». Nous avons réussi une percée dans l’Outaouais en gagnant la circonscription de Gatineau et nous avons remporté la victoire à l’échelle du Québec dans 51 des 75 circonscriptions, soit trois de moins qu’en 2004.
L’effondrement de nos troupes dans la grande région de Québec et dans Chaudières-Appalaches a toutefois laissé un vide incommensurable dans le mouvement souverainiste et laisse présager de sombres lendemains pour le Bloc Québécois ailleurs au Québec si nous ne corrigeons pas notre tir et si nous ne prenons garde à certaines dérives et ne parons pas à certaines lacunes. Cet effondrement a permis aux Conservateurs de Stephen Harper d’établir une solide tête de pont au Québec et, les mêmes causes ayant les mêmes effets, il est à craindre que ce parti, maintenant au pouvoir, ne réussisse à nous ébranler de façon beaucoup plus spectaculaire à la prochaine élection à moins que nous ne trouvions la clé du redressement qui s’impose.
Prenons conscience de l’étendue du désastre que représente le résultat du 23 janvier 2006 pour les militants souverainistes d’une région qui, dans leurs rêves, abriterait la capitale d’un pays. Seule la circonscription de Québec, avec la députée Christiane Gagnon, a survécu à la vague Conservatrice dans la capitale même et, en périphérie, Montmorency- Charlevoix-Haute-Côte-Nord, où Michel Guimond trouve ses appuis les plus sûrs en s’éloignant de la capitale. Nous avons perdu Beauport-Limoilou, Charlesbourg-Haute-Saint-Charles, Louis-Hébert et Louis-Saint-Laurent aux mains des Conservateurs et Portneuf-Jacques-Cartier au profit d’un député indépendant. Quant à la Rive-Sud, ce sont les circonscriptions de Lévis-Bellechasse, Lotbinière-Chutes-de-la-Chaudière et Mégantic-Érable qui ont subi le même sort. Sans oublier la Beauce, où tous les espoirs étaient permis après notre score de 36.2 pour cent en 2004 par rapport au 41.4 pour cent du Libéral, et Jonquière-Alma, jadis fief souverainiste, toutes deux circonscriptions passées aux mains des Conservateurs. Chose certaine, il s’agissait bien d’une vague provoquée par un phénomène d’ordre général et non d’une quelconque défaillance particulière de tel ou tel de nos candidats : Si l’on fait exception de l’animateur de radio et candidat indépendant André Arthur dans Portneuf, de Josée Verner, candidate défaite en 2004 propulsée un temps au poste de porte-parole des Conservateurs sous Brian Mulroney, et, à la marge, de Maxime Bernier, dont le père était lui aussi député Conservateur de Mulroney, tous les candidats Conservateurs étaient de parfaits inconnus avant le déclenchement des élections. Seul Arthur s’imposait de lui-même par la force de sa personnalité.
Le mandate de notre enquête était clair : décortiquer exactement pourquoi des dizaines de milliers d’électeurs des régions de Québec et Chaudières-Appalaches, ayant voté pour le Bloc dans le passé, se sont tournés vers les Conservateurs. Nous avons décidé de procéder de la façon suivante :
(1) Février, mars, avril : rencontres individuelles avec une cinquantaine de personnes impliquées en politique, surtout nos candidats défaits et leurs principaux organisateurs mais aussi d’actuels et d’anciens députés du Bloc et du Parti Québécois et d’autres observateurs de la scène politique de la région.
(2) Avril, mai : « Focus groups » par une firme ayant la sensibilité sociale et politique de la région afin de confirmer ou infirmer les hypothèses soulevées par les rencontres individuelles.
(3) Avril, mai : Analyses organisationnelles, circonscription par circonscription.
(4) Mai : Recenser les nombreuses études existantes sur le sujet à la lumière du résultat électoral et des nouvelles réflexions que nous recueillons.
(5) Fin mai : rédaction d’un rapport destiné au président du parti basé sur nos propres entrevues et lectures auquel seront annexés le rapport sur les « focus groups » et des extraits de certains autres rapports antérieurs que l’on vient de mettre à notre disposition pour cette étude mais ont nous ignorons si le président du parti y a eu accès.
(6) Juin : Soumettre un plan d’action découlant de nos travaux au Bureau national.
Il est bien entendu que ce rapport, ayant été commandé par le président du parti, il lui appartient et il en disposera comme bon lui semble. La franchise parfois brutale avec laquelle certains de nos interlocuteurs se sont exprimés, et qui est reflétée dans certains passages de notre texte, impose une certaine prudence, il nous semble, quant à sa diffusion. Toutefois, le président du parti ayant fait allusion publiquement à ce qu’on a appelé « le rapport Alarie », il serait difficile, croyons-nous, d’en taire totalement le contenu ou de gommer son existence. Je propose que nous fassions part publiquement de certains faits saillants, entre autres des gestes qui seront posés et qui seront de toute façon visibles comme l’ouverture d’un bureau à Québec. D’autre part, le moment venu, à notre avis, d’admettre publiquement, sans en faire une séance d’auto-flagellation, que certaines attitudes et une certaine mentalité prévalant à Montréal, pas seulement au Bloc mais au Bloc aussi, sont blessantes pour les gens de Québec. Comme « le chien d’or » qui ronge son os, gravé dans la pierre à l’entrée du Bureau de poste du Vieux-Québec, cette population a fini par « mordre qui l’a mordu ».
Il ne faut pas chercher une seule et unique explication de la débandade qui nous a frappés mais bien, comme cela arrive souvent en pareil cas, de la confluence de plusieurs facteurs qui, réunis à un à un moment critique, ont provoqué notre chute. Deux phénomènes principaux ressortent.
D’une part, pour une variété de raisons, nous nous sommes trouvés du mauvais côté de la clôture dans la crise de confiance qui s’est développée entre une partie de la population de la région et une certaine élite locale dans ce qu’on a appelé l’affaire de la prostitution juvénile. D’un côté, les accusés dans cette affaire, dont Robert Gillet, le « morning man » de la radio dont les idées se rapprochaient le plus de la clientèle PQ-Bloc, ami du maire de l’époque Jean-Paul L’Allier, ainsi que François Houle, un autre personnage « branché », cadre de la firme de relations publiques National, président du Festival d’Été de Québec et, incidemment ancien adjoint de notre fondateur Lucien Bouchard et de Bernard Landry. De l’autre côté, les animateurs de radio Jeff Fillion et André Arthur, entre autres, qui crient à une collusion des élites locales pour étouffer un scandale dont les ramifications, prétendent-ils, s’étendent beaucoup plus loin. Alors que surviennent la menace de fermeture du poste CHOI-FM, l’antenne de Fillion, et les manifestations du rue, dont une comptant au moins 50,000 protestataires, nous sommes déjà identifiés, par défaut, comme étant dans l’autre camp. C’est la réplique quasi-identique de ce qui s’est passé à l’élection fédérale de 2000 alors que le gouvernement du Parti Québécois, craignant d’être accusé de viser la population du West Island s’il proposait une fusion municipale uniquement pour l’Île de Montréal, a lancé des fusions tous azimuts avec le tollé dont on se souvient dans la région de Québec. Cette fois-là aussi, nous avions écopé d’un ouragan dont nous n’étions aucunement responsables et cela nous avait coûté les circonscriptions de Louis-Saint-Laurent, Louis-Hébert et Portneuf.
D’autre part, il semble que dans l’affaire de la corruption Libérale, maintenant appelé « Gomery », nous avons semé la tempête mais ce sont les Conservateurs, du moins dans Québec et Chaudières-Appalaches, qui ont récolté le vent favorable qui a suivi. Toutes nos recherches et nos entrevues concordent : jusqu’à Noël, nous avions ce vent en poupe. A partir de la pause Noël-Jour-de-l’An, notre glissade a commencé et de façon dramatique. Pourquoi ici, et dans le comté de Jonquière, et pas ailleurs au Québec? Comme nous venons de l’évoquer, nos assises dans Québec-Chaudières- Appalaches étaient déjà plus fragiles qu’ailleurs au Québec pour les raisons ci-haut mentionnées et pour d’autres qui ressortent clairement de notre réflexion. L’effritement peut-il être limité à ces régions et même réparé ou va-t-il s’étendre ailleurs au Québec? Chose certaine – nos entrevues et nos sondages de l’époque concordent sur ce sujet – un revirement en faveur des Conservateurs s’est produit pendant la pause des Fêtes. « On a fait le procès des Libéraux de façon tellement efficace que, rendu à Noël, les électeurs les avaient trouvé coupables et l’affaire était classée dans leur esprit » nous raconte un candidat défait. « C’est comme si, après ça, on avait manqué de gaz. Notre annonce télévisée avec les boîtes de scrutin n’allait nulle part. Les électeurs se sont dit : tant qu’à se débarrasser des Libéraux, aussi bien aller au bout et élire des gens capables de former un nouveau gouvernement. »
C’est là que l’on mesure les dangers et la faiblesse d’une organisation électorale hautement concentrée à Montréal. La campagne allait bien à Montréal. Manifestement on a eu du mal à croire qu’elle pouvait aller mal ailleurs. Lorsque Bernard Plante, embauché temporairement pour renforcer nos communications dans la région de Québec, a senti le terrain glisser sous nos pieds dans Louis Saint-Laurent et la Beauce vers la fin de décembre et a demandé que l’on développe un argumentaire contre Stephen Harper pour la région, il s’est fait répondre à Montréal d’attendre après les débats télévisés des chefs en janvier. Des députés qui ont capté les premiers signaux avant-coureurs d’un électorat qui nous tournait le dos et s’en sont confiés au « National » n’ont pas eu l’impression d’être pris au sérieux. L’exécutif de la région de Québec du Bloc fait état d’une perte de 30 pour cent dans les pointages au cours des trois dernières semaines de la campagne. La réplique, lorsqu’elle est venue était trop tard et a raté la cible. Des candidats défaits, dans des circonscriptions où la musique country et les danses du dimanche après-midi dans des bars « western » sont populaires, ont hurlés en voyant les annonces utilisant un chapeau de « cowboy » pour dénoncer « le gars de Calgary ». Ça sentait la panique!
Nous rejoignons là, à notre avis, une des faiblesses fondamentales qui guettent le Bloc Québécois et menacent son avenir. Fondé par Lucien Bouchard, alliant au début des réfugiés du Parti Conservateur de l’époque comme Pierrette Venne et Nic Leblanc recruté originalement par Brian Mulroney, des fédéralistes Libéraux comme Jean Lapierre et des recrues venues de la gauche comme Gilles Duceppe et Francine Lalonde et de la droite rurale comme Odina Desrochers, le parti s’est graduellement positionné dans le centre-gauche sous son chef actuel, appuyé par une permanence centralisée à Ottawa et à Montréal où sont concentrées les pouvoirs budgétaires et décisionnels. C’est un contexte où des voix plus conservatrices dans les régions ont peu de chance d’être écoutées. C’est le cas de la région de Québec. Posons-nous franchement la question. Quelle chance aurait eu un nouveau candidat hypothétique de faire carrière au Bloc, à supposer qu’il en eût envie, s’il prônait – disons pour simplifier – de vieilles valeurs morales? Dans nos conversations qui, rappelons-le, étaient limitées à des député(e)s, candidats défaits, organisateurs et sympathisants souverainistes dans des régions concernées, la plainte revient comme une litanie : le Bloc, son chef, son organisation nationale, son programme, la couleur et l’odeur qu’ils dégagent sont trop Montréalais. C’est le côté sombre et peut-être le prix à payer pour la percée que nous avons fait chez les électeurs d’origine immigrante dans la région de Montréal. Phrase type que l’on entend à répétition : « Il n’y en avait que pour Montréal et les ethnies ». Qui a eu l’idée d’amener Luck Merville et un band chantant en partie en créole pour accompagner Gilles Duceppe lors de sa principale apparition à Québec? Nous n’en savons rien. Mais le résultat en a été un de stupéfaction de la part de certains organisateurs locaux. « Je ne suis pas raciste, en disait un rencontré sur place, et je ne paierais probablement pas pour écouter Luck Merville ailleurs, mais qu’est-ce qu’il fou là et ça a coûté combien? »
Il en va ainsi de d’autres aspects de ce qu’on pourrait appeler « le modèle Montréalais » et qui s’avère de plus en plus un boulet pour le Bloc Québécois dans cette région. « Des Bloquistes ont voté Conservateur parce qu’ils sont contre le mariage gai » nous a confié un jeune militant de Lévis-Bellechasse. « Notre position sur les armes-à-feu est trop Montréalaise et ne tient pas compte de notre réalité » déclare un ex-député qui n’a pas osé exprimer ces mêmes réserves lorsqu’il faisait partie du groupe parlementaire à Ottawa. « Il n’y a pas de lien émotif avec Polytechnique ici, on n’est pas à Montréal « affirme un collègue aux prises avec des cultivateurs et des chasseurs mécontents de l’appui du Bloc au Registre des armes-à-feu. « Est-ce qu’on pourrait parler d’autre chose que de suicide assisté? » demande un organisateur inquiet que le résultat de l’élection n’ait freiné en rien ce qu’il voit comme la frénésie gauchiste de certains députés Montréalais. « Notre campagne était Montréalaise mur-à-mur » se lamente un député battu. « Gilles Duceppe a mené une campagne « one size, one fit » renchérit un de ses collègues, battu lui aussi. « Tous les ordres venaient de Montréal » se plaint un autre député-candidat malheureux, une phrase qui revient mot pour mot dans la bouche de plusieurs de nos interlocuteurs. « On devrait parler du vrai monde et pas de mariage gai et de suicide assisté » dit un autre. « Notre plate-forme était trop à gauche, trop Montréalaise » dit un député d’une région avoisinante qui craint un déferlement Conservateur à la prochaine élection. C’est comme si le Bloc était perçu dans ses propres rangs dans Québec-Chaudière-Appalaches non pas comme le porteur des aspirations de ses propres militants dans la région mais comme une organisation étrangère bien en selle à Montréal voulant imposer sa vision d’une société « moderne, évoluée », multi-ethnique, multi-culturelle. « Chez nous, les Chevaliers de Colomb sont influents et ils font campagne contre le mariage gai » fait remarquer un député battu dans son comté rural. « C’est sûrement de bon ton à Montréal d’être contre le genre d’idées véhiculées par Jeff Fillion et CHOI-FM mais dans le comté, c’était un gros problème. Être contre Jeff Fillion, c’était être contre la liberté de parole, la liberté de presse. Les gens avaient l’impression de défendre la liberté de presse et nous autres on était absents ».
On comprend dans ce contexte comment le langage simple de Stephen Harper, avec ses cinq engagements faciles à saisir, a pu arriver comme une bouffée d’air frais. « Il a un langage pragmatique, facile à comprendre » dit un ex-ministre péquiste. « Les conservateurs séduisent par leurs idées simples. Le Bloc souffre de Montréalisation. Il n’a jamais valorisé le travail de ses députés dans la région alors que Harper donnait l’impression de s’appuyer sur une nouvelle équipe ». Un jeune organisateur abonde dans le même sens : « Les Conservateurs ont misé sur leurs vedettes en région et sur une publicité efficace comme celle qui montrait le Bloquiste s’épuisant sur une bicyclette stationnaire. Nous, nos candidats, on ne les voyait pas et notre publicité était inefficace ou carrément nuisible comme le chapeau de cow-boy. Que le Bloc Québécois se régionalise ou cesse ses activités ». L’hypothèse d’une dissolution du Bloc pour que les souverainistes cessent d’offrir une alternative fédérale aux Québécois et que l’on concentre toutes nos forces sur la bataille à Québec est revenue spontanément plusieurs fois pendant nos rencontres. On exprime souvent la déception que Gilles Duceppe n’ait pas fait le saut à Québec. Parfois, et c’est paradoxal, cette déception est exprimée par les mêmes personnes qui trouvent le Bloc trop « Montréal centrique » et insensible aux priorités de la région. C’est comme si la décision de Gilles Duceppe de demeurer sur la scène fédérale avait cristallisé l’impression qu’il est d’ailleurs, lointain.
Le Bloc, et c’est notre hypothèse, est en porte-à-faux avec le conservatisme (c minuscule) profond d’une grande partie de l’électorat de Québec-Chaudières-Appalaches, une population de vieille souche française, prudente, traditionnelle, francophone à 99 pour cent, qui, sans être raciste ou réactionnaire, ne voit pas nécessairement comme un modèle à imiter le Montréal multi- ethnique, le Montréal du village gai, le Montréal étonnamment anglais dans son centre-ville qu’ils découvrent à la télévision ou lors de visites dans la métropole. Ce n’est pas la première fois que cette population prend un virage électoral qui laisse les Montréalais perplexes. Dans les 27 circonscriptions raflées par les Créditistes de Réal Caouette en 1962, on retrouve plusieurs de celles dont il est question dans ce rapport. Qu’il suffise de penser aussi que les quatre députés Adéquistes de Mario Dumont – tous les élus ADQ sauf Dumont lui-même – représentent des circonscriptions que nous avons perdues aux Conservateurs. Dumont et plusieurs de ses députés ont ouvertement appuyé Harper et ses candidats Conservateurs locaux. Beau sujet de réflexion ; le fameux « consensus » réalisé par Lucien Bouchard aux côtés de Dumont et de Jacques Parizeau en 1995, l’avons-nous perdu depuis par une incapacité de s’entendre sur la souveraineté ou n’est-ce pas plutôt par une incompatibilité grandissante sur le plan social, ce même éloignement qui nous a chassé quasi-totalement de la carte électorale de cette région en janvier 2006?
Sur le terrain, la campagne du Bloc dans la région a été caractérisée par un manque total de cohésion, un chacun-pour-soi qui serait passé inaperçu si la vague de popularité du chef et du parti s’était maintenu jusqu’au 23 janvier. Parmi les contestations et les plaintes des candidats et de leurs organisations, retenons celles-ci :
• Campagne trop centrée sur Montréal et les ethnies.
• Absence d’un discours et d’un argumentaire convainquants qui devraient être au centre de toute campagne à Québec évoquant les immenses avantages politiques, économiques et culturels que l’accession à la souveraineté apporterait à notre capitale nationale. Pas un mot sur la capitale nationale dans la plate-forme de la campagne électorale.
• Nous avions une bonne plate-forme régionale sur des sujet terre-à-terre comme l’Aéroport, le Centre de tri postal, le Pont de Québec etc. mais il n’y a pas eu le renforcement publicitaire qu’il aurait fallu tout le long de la campagne. De surcroît, ce sont là des problèmes, et la performance des Conservateurs depuis l’élection en fournit la preuve, qu’un gouvernement fédéraliste peut résoudre. Nul besoin d’être souverainiste ou Bloquiste. A nous donc, à une prochaine élection, de nous positionner là ou les autre ne peuvent plus nous suivre : Faisons la démonstration de ce que cela nous coûte dans la région de Québec de ne pas être souverain, de n’être pour le gouvernement central qu’une région comme une autre.
• Pas de mise-en-valeur de nos candidats locaux dans la publicité non plus alors que les Conservateurs faisaient connaître chaque jour à la télévision Josée Verner, Maxime Bernier, Steve Blaney, Luc Harvey…
• Jusqu’à Noël, le slogan « Heureusement, ici c’est le Bloc » collait bien au rôle que nous avions joué pour dénoncer la corruption Libérale et provoquer l’enquête Gomery. Lorsqu’il est devenu évident qu’il fallait rajuster notre tir, la réponse a été totalement inadéquate. Il fallait mettre en relief le travail des députés et les autres réalisations du Bloc expliquer pourquoi « heureusement ici, c’est le Bloc ». Sans cette démonstration, notre slogan a pris des allures d’autosatisfaction, de « pétage de bretelles » selon l’expression d’un ex-député. Il faillait aussi lancer une offensive contre les Conservateurs. Cette contre-offensive est venue trop tard et a été jugée (le chapeau de cow-boy).
• On dénonce un culte du mystère et du secret dont on accuse le Comité électoral national : sondages gardés sous le manteau, documents pré-électoraux conservés à la seule intention, stratégies coup-de-poing dont on ne peut divulguer ni la forme ni la « timing », information que l’on se partage pas avec les principaux intéressés, des députés et leurs organisateurs qui luttent pour leur survie. Rien de nouveau dans ce ressentiment envers « le National » sauf qu’il est doublé, depuis la réforme du financement électoral par une impression que ces gens-là roulent en Cadillac : « Pachas … gros bourgeois … grosses ressources. »
• Système de communications sclérosé, centralisé à Montréal pendant la campagne et géré par des gens qui travaillent à l’année à Ottawa. Notre tentative d’introduire du sang neuf en la personne de Bernard Plante est perçue comme une mainmise de Montréal même s’il apportait une sensibilité fine de la région qui aurait pu aider plusieurs candidats. On le prenait pour un suppôt de François Leblanc ! Christiane Gagnon, jalouse de ses prérogatives de présidente du caucus régional, alimente le feu. La confusion règne. Lors d’événements à caractère régional, chacun tire la couverte. D’interminables discussions ont lui eu pour déterminer qui prendra la parole et quand. On se pousse pour être dans la photo, devant la caméra. Des députés parlent du « terrorisme de Christiane » alors que celle-ci a l’impression que son bureau fait tout le travail et qu’elle est victime d’un « gang de gars ».
Il faut d’autre part répondre à la question : comment Christiane Gagnon a-t-elle pu résister à la vague Conservatrice alors que les circonscriptions environnantes ont succombé ? Notons d’abord qu’Agnès Maltais, dont le comté provincial recoupe en partie celui de Mme Gagnon, a résisté à une vague Libérale dans des circonstances analogues. Ceci tiendrait à indiquer que la réponse se retrouve dans le type particulier d’électorat de la circonscription, sa personnalité et composition spécifiques, plutçot que dans une recette magique de la candidate. Soulignons quand même que Mme Gagnon et Mme maltais sont toutes les deux des battantes, des guerrières politiques exceptionnelles, ce qui n’est pas étranger à leur succès. Mais il faut aussi chercher une explication ailleurs. La circonscription de Mme Gagnon, comme celle de Louis-Hébert où notre candidat Roger Clavet n’a perdu que par une centaine de voix, contient une forte proportion de fonctionnaires et autres employés de l’État, des gens de condition souvent modeste mais dont la sécurité d’emploi et le degré de syndicalisation marquent un clivage très net avec le statut précaire des partisans les plus acharnés de Jeff Fillion et André Arthur, auditeurs les plus militants de l’ancien poste CHOI-FM et noyau dur de l’électoral de l’ADQ et probablement du Parti conservateur. (Voici à ce sujet en annexe les extraits des l’étude de Jean-Michel Marcoux et Jean-François Tremblay ainsi que le rapport de recherche de Pierre-Alain Cotnoir. C’est dans cette clientèle de fonctionnaires et autres employés de l’État syndiqués, souverainistes en bonne majorité, que l’ex-maire Jean-Paul L’Allier retrouvait ses plus forts appuis, constat qui se vérifie d’ailleurs dans l’organisation électorale de Mme Gagnon, proche de l’ancienne machine L’Allier.
La fonction publique, « le fonctionnaire », pour ne pas dire « le syndrome du fonctionnaire » – ceux et celle qui le sont, ceux et celle qui ne le sont pas, sans parler des parents, voisins, amis, ennemis qui le sont – sont omni-présents à Québec, aussi ancrés dans le substrat social que le roc du Cap Diamant. Le langage direct, clair, pragmatique, cynique, provocateur, parfois incendiaire d’André Arthur, de Jeff Fillion et de leurs disciples est à l’exact antipode du discours complaisant, servile, lénifiant et souvent délibérément obscur du fonctionnaire moyen. Quel exutoire de voir les boss soupçonnés dans l’affaire de la prostitution juvénile, d’entendre les petits tours de passe-passe du directeur de service dévoilés à la radio où l’incompétence des soldats de Valcartier ridiculisée en ondes, de rigoler à l’écoute de la Marseillaise jouée pour se moquer du dernier voyage aux frais de la princesse de Louis Beaudoin à Paris ou de Jean-Paul L’Allier à La Rochelle ou encore de se délecter pour la centième fois à la récitation des noms des détenteurs du « pouvoir rose » à Québec, ces bonzes de l’Hôtel-de-ville, l’Archevêché, l’Université Laval, l’Assemblée nationale, l’Institut d’Optique et tous ces autres hauts lieux de parvenus prétentieux, de parler pointu et de « cocktails dînatoires ». Il y a un choc constant dans la population de la région de Québec, qui s’estompe dans le Beauce : fonctionnaires contre travailleurs et gens d’affaires. Chacun a un beau-frère ou une belle-sœur dans la fonction publique, qui jouit de congés de toutes sortes, de vacances, qui a une sécurité d’emploi, un salaire fixe et enfin une convention collective qui protège contre les aléas du métier. Sans parler de ce que nous pourrions appeler « le syndrome du voisin fonctionnaire ». Celui-là n’est à peine plus aimé que le col bleu à Montréal. Ceux qui triment dur à leur propre compte ou sous l’œil vigilant d’un patron inquiet du « payroll » de vendredi grimacent souvent à la vue de ce voisin apparemment sans souci du lendemain. Dans ce milieu homogène, où tout le monde se connaît, les commérages de quartier ne sont jamais loin des ondes de la radio. André Arthur disait de son ancien métier que « la radio à Québec est une radio de perron d’Église ». La politique aussi. Un député de Montréal, à l’abri de toute curiosité, peut faire un voyage d’une parfaite inutilité à Taiwan ou en Alaska. Pas à Québec.
Aurait-on pu, aurait-on dû prévoir le désastre de Québec ? La plus grande surprise pour l’auteure de ses lignes, pourtant vice-présidente nationale du Bloc depuis cinq ans, a été de découvrir le nombre de rapports, de sondages, de « focus-groups » la quantité de temps et d’énergie – et à quel prix ? – qui a été consacré à la problématique de la région de Québec au cabinet du chef du parti ces dernières années sans que le Bureau national n’en soit avisé ni apparemment que l’on n’ait sonné la cloche d’alarme chez les députés ou dans d’autres instances du parti. Qui était au courant de l’existence d’une « comité Roy » dont un militant nous parle, par exemple ? Nous avons dû avouer notre ignorance. D’autres disent avoir été mis au courant par un permanent du Parti Québécois de travaux auxquels le Bloc supposément participait. Quel ne fût notre étonnement de retrouver dans un rapport de recherche, préparé par Pierre-Alain Cotnoir et daté de mars 2006, que l’on a mis à notre disposition, de nombreuses allusions à des travaux conjoints, ou propositions de travaux du Bloc et du PQ avec des groupes de recherche, universitaires et privés consacrés à l’évolution politique de Québec-Chaudière-Appalaches. Citons quelques passages :
• « En mars 2004 en vue de la préparation de la campagne électorale fédérale, l’emphase était nettement mise sur les régions composant le Québec tranquille et la RMR de Québec dans l’identification des clientèles devant être ciblées »
• « C’est dans la grande région de Québec où le BQ obtient le moins d’appuis quand on examine les intentions de vote seulement de l’électorat francophone. La différence est suffisamment importante pour qu’on songe à mener des actions particulières dans cette région. Par ricochet, le PC obtient ses meilleurs résultats dans la région de Québec au sein de la zone Centre Sud Québec tranquille. Ces régions forment le talon d’Achille le plus facilement identifiable pour les formations souverainistes. Il renforce, si besoin était, la nécessité de mieux connaître les facteurs responsables de ces tendances. À l’hiver 2005, la préparation d’une vaste enquête quantitative au sein de la RMR de Québec et du Québec tranquille était donc amorcée. Le 10 février 2005, un comité formé d’universitaires, de militants et de membres du personnel politique a donc établi les grandes propositions de l’enquête et défini son échéancier de réalisation. »
• « Les terrains ont donc été réalisés par le firme Repère du 29 mars au 20 avril 2005 auprès de 957 répondants pour la région métropolitaine de Québec et des 988 répondants pour le Québec tranquille. De ces 1945 répondants, 694 provenaient des moniteurs réalisés pendant la campagne électorale de 2004. »
• « Deux hypothèses peuvent être formulés afin de rendre compte des différences électorales observées dans la RMR de Québec et au sein du Québec tranquille. Nous postulons la présence dans la région de Québec d’un contingent important formé de jeunes hommes (moins de 45 ans) adhérant à une idéologie de droite et nourrissant des ressentiments à l’endroit des élites ou des notables de la ville de Québec. Ce sont des jeunes relativement éduqués et pour la plupart travaillant à temps plein. Ces jeunes se sont abreuvés au discours néo-populiste d’un Jeff Fillion ou même auparavant d’un André Arthur. Ainsi, cette grande de la population est porté à s’opposer à la présence de l’État providence. Politiquement, ce contingent d’électeurs appuie plus massivement l’ADQ. Ce sont essentiellement des francophones s’identifiant comme Canadiens. Ils proviennent en bonne partie du groupe porteur des électeurs de moins de 55 ans actifs dans la société. Ils sont à droite pour le libéralisme économique et relativement ouverts pour le libéralisme culturel. Ce ne sont pas des normatifs. Ils ont un sentiment identitaire fort et considèrent que leur groupe d’appartenance est bien apprécié des autres groupes nationaux. Ils appuient le camp fédéraliste. Dans notre modèle, ils sont qualifiés de réfractaires. »
Si nous citons en longueur certains passages de ce document, c’est pour souligner que les avertissements et signes avant-coureurs de ce qui est arrivé le 23 janvier 2006 n’ont pas manqué. Le Bloc a participé financièrement et autrement à certaines des recherches auxquelles on été associé ? Si oui, le président du parti a-t-il été averti avec suffisamment de clarté et d’insistance du danger qui nous guettait. Chose certaine, et l’auteure de ces lignes peut en témoigner, nulle part dans la préparation nationale de la campagne pour la région de Québec n’a-t-on senti une telle urgence. D’autre part, certains de nos anciens députés d’arrière-banc, le groupe qu’on affublait du sobriquet « les VTT », avaient un profil en certains points identiques à cet électorat qui nous a échappé. Nous connaissons bien toutes les autres raisons expliquant l’éloignement de ce groupe de la direction du parti mais là n’est pas propos. Posons-nous franchement la question: pour un parti né d’une coalition de couleur autonomiste et dont l’objectif central, comme au Parti Québécois, est de rallier tous les Québécois derrière le but de la souveraineté, avons-nous tenu compte correctement du courant moins à gauche, moins urbain représenté par ces députés? Toutefois certains chercheurs idéologiquement plus près de notre président font état publiquement depuis plusieurs années de la possibilité d’une percée Conservatrice significative dans la grande ceinture rurale de Québec et les régions environnantes. Dans le volumineux document de Cotnoir dont nous venons de parler, on cite un article de Pierre Drouilly publié dans le quotidien La Presse le 28 mai 1997 évoquant la possibilité d’une victoire du parti Conservateur dans une dizaine de circonscriptions de ce qu’il appelle <
Trop d’études ont été faites, et bien plus savantes que ne pourrait être la nôtre, pour que nous tentions d’analyser en profondeur, encore une fois, l’âme et les motivations de la population de Québec-Chaudière-Appalaches. Simplement, nous aimerions attirer l’attention des dirigeants de notre parti sur le fait que certaines études auxquelles nous semblons avoir été associés, notamment sur l’influence des postes de radio de la région, souffrent de bizarres lacunes. Comment, par exemple, a-t-on pu passer à côté du phénomène du minuscule poste CKNU de Donaconna qu’André Arthur a réussi à imposer comme no. 1 d’écoute dans la région de Québec le midi alors que le signal était si faible dans certains secteurs de la ville que le capter était un exploit? On n’a pas non plus, sauf erreur, analysé l’influence des postes de Sainte-Marie et de Saint-Georges dans la Beauce alors qu’on a sauté à certaines conclusions sur les attitudes des auditeurs de cette région. Et les savantes analyses du tissu sociologique de Québec et la grande région environnante son, à notre humble avis, entachées d’un vice majeur que j’appellerai <
On le sent bien : la percée des Conservateurs dans la région de Québec-Chaudière-Appalaches à la dernière élection ne résulte ni d’une identité de vues de la population avec le parti de Stephen Harper, ni dune supériorité quelconque dans la qualité de leurs candidats, ni nécessairement d’un changement de cap politique durable. Simplement, la perspective de rejeter encore une fois le Parti Libéral du Canada, dont le nom risque pour longtemps de demeurer synonyme de corruption, semble avoir provoqué une réflexion particulière chez cette population proche d’un lieu de pouvoir (l’Assemblée nationale du Québec) des conséquences de demeurer exclu beaucoup plus longtemps de la «table de décisions». Nos candidats n’avaient pas de réponse efficace à cette litanie des conservateurs sur les conséquences négatives de ne pas être <
Il faut bien le constater : ce que ce débat a mis en relief, et ce que nos propres recherches tendent à confirmer, non seulement a-t-on senti un vacuum politique dans la région de Québec mais on ne voit pas poindre à l’horizon des leaders régionaux, dans notre parti ou ailleurs, susceptibles de combler ce vide. Cette région est en mal de réussites et de victoires. Aussi puéril que cela puisse paraître aux intellectuels de salon ou aux <
Comme le <
Avant de terminer la rédaction de ce rapport, nous avons remis à M. Gilles Duceppe à la mi-mai une liste succincte de recommandations concrètes que voici :
RECOMMANDATIONS
(1) NOMINATION D’UN REPRÉSENTANT DU BLOC QUÉBÉCOIS DANS LA RÉGION DE QUÉBEC, QUELQU’UN AYANT UNE FORTE PERSONNALITÉ, DÉJÀ CONNU DU PUBLIC, CAPABLE NON SEULEMENT D’ÉPAULER LE OU LES DÉPUTÉS DE LA RÉGION MAIS AUSSI DE PORTER LE BALLON TOUT SEUL AU BESOIN, DE RÉAGIR RAPIDEMENT DANS LES MÉDIA SUR DES SUJETS TOUCHANT LA RÉGION ET DE FAIRE SENTIR EN TOUT TEMPS LA PRÉSENCE DU BLOC.
(2) OUVERTURE D’UN BUREAU POUR CE REPRÉSENTANT. LE BUT SERA D’OBTENIR LE MAXIMUM D’IMPACT AVEC LE MINIMUM DE MOYENS. IDÉALEMENT, CE BUREAU SERA À UNE COURTE DISTANCE À PIED DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE POUR QU’IL SOIT RÉALISTE D’Y CONVOQUER DES JOURNALISTES DE LA TRIBUNE DE LA PRESSE POUR DE COURTS POINTS DE PRESSE. LE REPRÉSENTANT DOIT RAPIDEMENT S’IMPOSER SUR LA COLLINE COMME UNE FIGURE FAMILIÈRE QUE L’ON N’HÉSITE PAS À APPELER À PIED LEVÉ POUR UNE RÉACTION À UN ÉVÉNEMENT.
(3) UNE DES TÂCHES DU REPRÉSENTANT SERA D’AIDER À PRÉPARER – ET À PROMOUVOIR – UN COLLOQUE SUR « QUÉBEC CAPITALE D’UN PAYS » QUI SERA GREFFÉ AU CONSEIL GÉNÉRAL DU PARTI À QUÉBEC À L’AUTOMNE. CE COLLOQUE DEVRA FAIRE RÊVER LES GENS DE QUÉBEC AUX AVANTAGES QUI DÉCOULERAIENT DU STATUT DE VÉRITABLE CAPITALE D’UN PAYS, UNE TÂCHE À LAQUELLE LE PARTI QUÉBÉCOIS DEPUIS PRESQUE 40 ANS ET LE BLOC ONT LAMENTABLEMENT FAILLI. LE COLLOQUE DOIT DÉBOUCHER SUR UN ARGUMENTAIRE SOLIDE UTILISABLE PAR NOS CANDIDATS DE LA RÉGION DANS L’ÉLECTION GÉNÉRALE QUI VA SUIVRE.
(4) GILLES DUCEPPE DOIT FAIRE DE LA RÉGION DE QUÉBEC UNE PRIORITÉ, QUITTE À CHAMBARDER CERTAINES HABITUDES ET MÉCONTENTER CERTAINS COMTÉS ET GROUPES DE LA RÉGION DE MONTRÉAL QUI RÉCLAMENT SA PRÉSENCE. UN REPRÉSENTANT À QUÉBEC, UN BUREAU À QUÉBEC, C’EST BIEN. MAIS IL N’Y A QU’UNE FAÇON DE BRISER UNE FOIS ET POUR TOUTE L’IMPRESSION QUE NOTRE CAPITALE N’A QU’UNE IMPORTANCE SECONDAIRE POUR LE PARTI : IL FAUT UNE PRÉSENCE PERSISTANTE, RÉPÉTITIVE DU CHEF, MARTELER LE MESSAGE QUE SI NOUS FAISONS LES EFFORTS QUE NOUS FAISONS DANS L’AUTRE CAPITALE, C’EST POUR QUE QUÉBEC ASSUME CE RÔLE DANS UN AVENIR PROCHE.
Au cours de la période de quatre mois pendant laquelle nous avons mené cette enquête, les perspectives d’une remontée rapide du Bloc Québécois dans la région de Québec ne nous paraissaient pas bonnes. Nous disons bien ‘pendant ces quatre mois’ car le climat politique peut changer aussi rapidement que la marée montante remplace la vieille marée baissante dans le chenal de l’Île d’Orléans à l’approche de Québec. Cela étant dit, nous sommes d’avis qu’il va falloir un solide coup de barre dans plusieurs de nos façons de faire avant d’imaginer un retour au niveau de confiance que la population nous manifestait jadis. L’impression générale qui se dégage du Bloc Québécois ne rejoint pas, à notre avis, les préoccupations d’une grande partie de l’électorat de Québec et sa Rive-Sud. Non plus, le craignons-nous, d’une bonne partie du Québec encore représentée aujourd’hui par nos députés – dans des circonscriptions, pour simplifier, qui correspondent étrangement à la vieille carte Créditistes de 1962-1979. À moins de mettre la pédale douce sur des « causes » à la mode mais encore marginales touchant les problèmes probablement louables de certains groupes minoritaires, nous risquons de voir s’éloigner de nous ces populations rurales, semi-rurales ou simplement urbaines mais de pensée et culture traditionnelles. Il faut « recentrer » ce parti, le ramener sur l’autoroute de la classe moyenne ciblée avec succès par le gouvernement Harper.
En ce qui touche la région de Québec et sa Rive-Sud en particulier, il faut mettre en œuvre des stratégies bien précises pour reconquérir éventuellement des circonscriptions perdues aux mains des Conservateurs. D’abord, voyons le bon côté de notre malheur : une opportunité rare s’ouvre devant nous de renouveler notre équipe dont certains membres défaits ont perdu la confiance des militants et organisateurs que nous avons interviewés. Misons cette fois-ci sur la qualité. Sans contrecarrer les statuts du part, rien ne nous interdit de rechercher résolument des candidats de valeur répondant aux aspirations de leurs circonscriptions et, dans le cas de Québec, de la future capitale d’un pays. L’attaché(e) politique est peut-être le ou la mieux-placé(e) pour vendre des cartes et gagner une investiture mais n’est pas nécessairement une figure marquante pour nous mener à la victoire. Cela veut dire ouvrir les fenêtres du parti à des nouveaux venus et de nouvelles idées – peut-être à la faveur d’événements comme le colloque sur « Québec capitale d’un pays » que nous suggérions plus haut. Ceci implique une mise-en-œuvre immédiate des préparatifs électoraux en adaptant le parti à cette nouvelle réalité sans jamais oublier toutefois la promotion de notre bilan et la réaffirmation de notre raison d’être. Les choix judicieux que nous venons de faire des « parrains » pour les circonscriptions orphelines, en s’appuyant sur les désirs du milieu, sont un premier jalon positif dans cette direction.
Nous ne le répéterons jamais trop : pour reprendre notre place dans l’échiquier politique de la grande région du Québec, nous devrons mettre la future capitale de notre pays au centre de nos préoccupations, de nos discours et de nos choix. Nous devons miser sur la fierté des Québécois de Québec.
Un vrai Wikileak dans la campagne
Ni mystère, ni énigme…
Surtout pas «mou» ni «tranquille» … ou comment «le modèle Montréalais» ne passe pas à Québec
Élections fédérales - 2011 - le BQ et le Québec
Éric Duhaime17 articles
Consultant auprès de partis politiques marocains et mauritaniens et ex-conseiller politique de Mario Dumont
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