Les deux derniers billets signés par Louis Lapointe replacent à mon sens les pièces dans leur case respective sur l’échiquier souverainiste du Québec, d’un côté, la charte de la laïcité encadrant les valeurs québécoises, de l’autre, la souveraineté du Québec.
Quoique l’argumentaire de M. Lapointe puisse choquer les tenants du projet de charte du gouvernement péquiste, il n’en demeure pas moins que « notre combat n’est pas celui de l’identité québécoise. Il est celui de la souveraineté du Québec. »
http://www.vigile.net/De-la-cage-a-la-marmite-a-homards
Et, Louis Lapointe de pousser encore plus loin son argumentaire : « La laïcité ce n’est pas l’indépendance. Elle n’y conduit pas non plus. Le combat des indépendantistes n’est pas celui d’un Québec laïque dans un Canada uni, mais bien celui d’un Québec indépendant exerçant pleinement sa souveraineté, notamment en matière de laïcité. »
http://www.vigile.net/Grand-Jeu-ou-cavalier-seul
Loin de vouloir minimiser le débat actuel sur le projet de charte de la laïcité, il m’apparaît opportun de tirer les conclusions qui s’imposent à la suite des interventions de Louis Lapointe.
Dans un premier temps, quelle que soit l’issue que connaîtra le projet de loi 60, je crois sincèrement, à l’instar de Louis Lapointe, que, même dans l’hypothèse où elle recevrait l’aval de la Cour suprême, cette reconnaissance ne nous ferait pas avancer d’un iota dans notre démarche vers notre indépendance.
Ensuite, les arguments soulevés par la sortie de Roger Tassé concernant la charte de la laïcité, sous le couvercle d’une avancée vers la souveraineté du Québec, « sont peut-être de bon augure pour la laïcité et les droits et libertés au Canada, mais ils risquent aussi d’être un piège pour ces indépendantistes qui confondent identité, laïcité et souveraineté. »
En conclusion, je demeure convaincu que le projet de charte des valeurs québécoises demeure une pierre d’assise essentielle à l’affirmation de l’identité québécoise, tout en étant conscient qu’elle n’ouvrira pas la voie au processus d’accession du Québec à son indépendance.
Pour ce faire, le Parti québécois devra manifester clairement ses intentions en matière de souveraineté, notamment par la mise sur pied d’une Constituante qui devrait être soumise aux Québécois par voie référendaire. Tel est, à mon sens, le premier jalon à poser si nous désirons que le peuple du Québec assume le destin qui lui est dévolu, à savoir une nation légitime au sein du concert des nations.
Réaction aux deux derniers billets de Louis Lapointe
Ne pas confondre identité québécoise et indépendance du Québec
Tribune libre
Henri Marineau2095 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
8 janvier 2014Moi je vois le débat de la charte sous l'angle identité civile et identité religieuse. Le renforcement de l'identité civile au détriment de l'identité religieuse a pour but le renforcement de la cohésion sociale. À l'heure où la cohésion sociale, le civisme, l'esprit communautaire sont remplacés par l'individualisme, les droits individuels et l'identité religieuse, le renforcement de la nation devient difficile. Je pense que la charte travail au niveau du lien social, un lien qui se perd, qui était là en 80, qui était encore là en 95. Aujourd'hui le lien du québécois moyen avec la politique parle de lui-même. La souveraineté ou l'indépendance viendra lorsque le lien social sera suffisamment fort et la confiance envers nos leaders et notre système suffisante.
Marcel Haché Répondre
8 janvier 2014Le gouvernement péquiste se défend admirablement. Ce n’est pas lui ni les indépendantistes qui sont piégés par la Charte des Valeurs. Toute votre thèse et celle de Louis Lapointe est construite sur le droit, cependant que l’action du gouvernement s’inspire de ce que oubliez : l’opinion publique.
S’il fallait que Couillard se rallie à la charte des valeurs pour une raison aussi spécieuse qu’elle serait conforme à la Charte des Droit et Libertés du Canada, il arriverait au P.L.Q. ce qui est arrivé au P.L.Q. du dernier gouvernement de Robert Bourassa. La porte serait alors grande ouverte à l’aventure indépendantiste. Après avoir affirmé qu’il faudrait lui « passer sur le corps », un ralliement de Couillard à la Charte équivaudrait au suicide politique de sa formation, déjà affaiblie par sa gouvernance passée. Je reste poli.
Quant à la C.A.Q., si elle n’entre pas dans l’orbite du P.Q. à propos de la Charte, si elle préférait plutôt s’allier au P.L.Q. pour lui faire échec, elle pourrait être sanctionnée par l’électorat du Nous, sans aucune contrepartie possible pour elle auprès de l’électorat du West Island.
Si la Charte passe, une Porte reste entre-ouverte. Comme maintenant. Si la Charte ne passe pas bientôt (à l’A.N.), la Porte est grande ouverte pour que le gouvernement obtienne sa majorité et..et..et le droit de tenir enfin le Micro de la Nation, pour s’adresser à Nous.…
Pas besoin d’une majorité ni d’un Micro pour s’adresser aux juges et avocats du gouvernement des juges… Ce n’est pas là d’ailleurs le besoin des indépendantistes, et moins encore celui d’un gouvernement minoritaire.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
8 janvier 2014"...notamment par la mise sur pied d’une Constituante qui devrait être soumise aux Québécois par voie référendaire. Tel est, à mon sens, le premier jalon à poser..."
Les Écossais s'apprêtent à opérer dans le sens contraire: Gagner leur OUI au référendum pour ensuite publier leur constitution en tant que pays... et non en tant que province.
Jean-Pierre Bélisle Répondre
8 janvier 2014En tout cas, si la laïcité est une "pierre d’assise essentielle à l’affirmation de l’identité québécoise", cette identité m'apparait alors beaucoup plus en rapport avec la définition civique et contemporaine qu'ethnique et passéiste de notre nation. Sans par cela nier ce qu'ont pu être les "Habitants" aux différente étapes de leur histoire.
Archives de Vigile Répondre
8 janvier 2014Il est encore trop tôt pour le dire. Personnellement, j'ai tendance à penser le contraire : tout ce qui permet au peuple québécois de prendre conscience de sa véritable identité nous pave la voie de l'indépendance.
En tout cas, en ce qui me concerne, le projet de charte de la laïcité m'a permis de faire la paix - temporairement - avec le PQMarois et sa gouvernance dite "souverainiste".
Mais pas pour longtemps. On verra.
Pierre Cloutier