Nation québécoise

Le texte du commentaire de Claude Charron

La nation québécoise vue par les souverainistes québécois


Madame, monsieur, bonsoir.
(Le commentaire sur YouTube) Il y a des pays où la reconnaissance d'une nation par ses voisins va donner lieu à une volée de cloches des églises et à une liesse populaire qu'il est beau et bon de voir. Mais la nôtre, surgissant comme une brume sur un matin d'hiver, va probablement s'estomper dès que le bulletin de nouvelles nous l'annonçant sera terminé. Et je ne pense pas qu'il faille déranger l'indifférence populaire, ça n'en vaut pas la peine. Ce vote que plusieurs vont qualifier d'historique n'est à mes yeux qu'un acte de plus sur la scène de la comédie canadienne. Qu'en ce soir, ce soit les souverainistes qui rient jaune et les fédéralistes qui se tapent sur les cuisses indique bien qu'il est temps que le rideau tombe sur une farce qui n'aurait jamais dû exister.
Rien d'historique, donc, malgré ce qu'en disent les adeptes des petits pas. C'est tout au plus le triomphe d'une stratégie politicienne qui a d'ailleurs été tirée du chapeau de gens qui ne sont pas membres de cette nation et qui combattaient le principe même de cette reconnaissance il y a encore quelques semaines. Non, ce n'est pas l'aboutissement des demandes séculaires du Québec, c'est tout au plus une improvisation couronnée de succès d'une idée instantanée qui aura eu pour effet de noyer le poisson.
Revenons, si vous le voulez bien, sur les faits. C'est à l'intérieur du Parti libéral fédéral, vous le savez, que le débat a refait surface. Le prétendant Ignatieff s'est réveillé un matin ne se pouvant tout simplement plus de vivre dans un pays qui ne reconnaissait pas la nation québécoise et il a décidé d'étendre cette démangeaison à son parti. Mais son parti, c'est celui de Trudeau et de Chrétien, c'est-à-dire qu'y évoquer la moindre particularité québécoise est comme agiter la guenille rouge devant le taureau. Alors, le petit bouton d'Ignatieff est devenu une crise d'urticaire dans les autres provinces. Et même le prince héritier Justin 1er en a profité pour nous remontrer sa tête, qu'on couronnera bien sûr un jour.
Bref, la campagne d'Ignatieff s'est embourbée et il n'attendait sûrement pas le secours de là où il est venu. Car c'est le Bloc québécois qui, voulant profiter des malheurs de son adversaire, a voulu forcer la Chambre des communes à nier l'existence de la nation québécoise.
L'Albertain qui dirige le pays s'est emparé de cette idée le plus rapidement possible, au grand dam des stratèges qui entourent Gilles Duceppe. D'ailleurs, s'il y a une conséquence positive qu'on doit souhaiter de cette affaire, c'est que maintenant qu'il s'est fait mettre le nez dans son pipi, le Bloc quitte cette prétention agaçante à se vouloir le maître du jeu, alors qu'il fonctionne dans la maison mère du fédéralisme. Non, c'est Harper, plutôt, qui a fait double jeu, puisqu'en relançant la campagne d'Ignatieff, il se trouve ni plus ni moins qu'à le choisir comme chef de l'opposition, ce gaffeur professionnel qui échappe le ballon même quand personne n'y touche. Mais quoi qu'il en soit, trouvez-moi un pays au monde où un chef de gouvernement peut dire qu'une nation est une nation quand elle est à l'intérieur du pays, mais qu'elle n'est plus une nation si elle en décide autrement. Que cela conduise à de grands éclats de rire, ça n'aurait pas été surprenant, mais que celui qui profère une telle absurdité soit applaudi des 2 côtés de la Chambre, c'est à proprement parler aberrant.
Et d'ailleurs, le pire est encore à venir parce que le reste est presque à en pleurer. Jean Charest, c'est bien connu, est très vite à acheter et à nous revendre le moindre produit comestible qui sort d'Ottawa, et il nous a donc vendu la valeur nutritive non seulement de ce beigne, mais du trou qui venait avec le beigne. Chez les indépendantistes, c'est la débandade. Gilles Duceppe a voulu récupérer sa bévue par une trouvaille, celle du Québec actuellement au Canada, comme si c'était une nation touriste qui aurait pu se retrouver le lendemain au Maroc ou en Argentine. André Boisclair, qui aime beaucoup se faire désirer, a fini par intervenir avec une chanson dont on a oublié les paroles, mais qui, en gros, disait qu'il y voyait un progrès quelconque, ce qui, du coup, a obligé Duceppe à faire volte-face, à annoncer un changement dans son vote. Il a fendu l'air sur une 3e prise avec enthousiasme, nous a-t-il dit, comme s'il fallait en plus se faire dire cela. Mais pourquoi donc ce cirque a-t-il réussi à accaparer le chapiteau de l'actualité aussi longtemps pour s'achever dans le ridicule? Eh bien, c'est pour une seule raison, aussi gênante et humiliante soit-il de l'admettre. Oui, nous formons une nation depuis 2 siècles et demi, mais nous nous comportons rarement comme si nous en étions une. C'est comme si de colonie vaincue et abandonnée nous avions acquis ce statut presque malgré nous. Et le droit de gérer ses propres affaires, qui est inhérent à la notion de nation, nous semble parfois carrément étranger. Et c'est pour ça que des charlatans et des apprentis sorciers nous inondent de leur pacotille et de leurs mirages.
Moi, je retiendrai de cet épisode un sondage dans le Canada anglais qui indiquait qu'une majorité de gens était prête à reconnaître 50 nations amérindienne, mais pas la nation québécoise. Qu'on ne me dise pas qu'ils ne savent pas c'est quoi, une nation. C'est par pur mépris qu'ils nous le refusent et c'est pour ça que, quoi que votent leurs députés, ça ne changera strictement rien. Je vous jure que cette histoire triste l'est autant vue de loin que de près.
Merci de votre attention.


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