Alors que Washington tente de s'approprier la victoire contre l'Etat islamique, le ministère de la Défense russe a expliqué qu'un de ses avions de combat avait chassé un F-22 américain qui tentait d'empêcher des frappes russes contre Daesh en Syrie.
En conférence de presse le 9 décembre, le porte-parole du ministère russe de la Défense, le major-général Igor Konachenkov, est revenu sur un incident qui reflète selon lui l'attitude de l'armée armée américaine sur le théâtre des opérations en Syrie.
Le porte-parole a ainsi décrit les manœuvres d'un avion de combat américain F-22, le 23 novembre dernier près d'une base du groupe terroriste Etat islamique à l'ouest de l'Euphrate. Il a raconté comment ce dernier avait tenté d'empêcher deux Su-25 russes de mener des frappes aériennes contre cette position de l'Etat islamique. «Le F-22 a lancé des leurres pyrophores [une technique permettant de détourner les armements hostiles en les dirigeant vers un objet dégageant une forte chaleur] et utilisé ses freins aérodynamiques tout en manœuvrant constamment [près des avions russes], simulant un combat aérien», a déclaré le porte-parole, avant de préciser que le F-22 n'avait mis un terme à ses dangereuses manœuvres qu'après l'apparition d'un Soukhoï russe Su-35S.
Un comportement qui illustrerait parfaitement l'attitude de l'armée américaine, selon le major-général. Igor Konachenkov a en effet confié que la plupart des incidents aériens dans la zone de l'Euphrate venaient du fait que l'aviation américaine essayait de «se mettre en travers de la route» de son homologue russe lorsqu'elle celle-ci bombardait l'Etat islamique.
«La Syrie est un Etat souverain» : Moscou met les points sur les «i»
Ce récit sur les coulisses de la guerre contre l'Etat islamique intervient alors que Washington s'étend sur sa propre vision du conflit. Sur la chaîne CNN le 9 décembre, le lieutenant-colonel Damien Pickart, un porte-parole de l'armée américaine, a en effet dénoncé «une augmentation du comportement dangereux des avions russes». «Nous avons constaté entre et six et huit incidents par jour fin novembre, où des avions russes ou syriens ont pénétré dans notre espace aérien, à l'est de l'Euphrate», a-t-il déclaré en toute simplicité.
Igor Konachenkov s'est montré «dérouté» que Washington puisse considérer qu'«une partie de l'espace aérien syrien appartienne aux Etats-Unis». Le porte-parole russe a ainsi rappelé : «La Syrie est un Etat souverain, membre des Nations unies, cela signifie que [...] les Etats-Unis ne peuvent pas y avoir d'espace aérien "à eux".»
Ultime mise au point, Igor Konachenkov a fait remarquer que contrairement à l'armée de l'air russe, la coalition menée par les Etats-Unis opérait en Syrie «sans base légale», le Pentagone ne bénéficiant pas de l'approbation du gouvernement syrien pour intervenir sur son sol.
Washington nie
Si la guerre contre l'Etat islamique est en passe d'être totalement gagnée en Syrie, le combat de l'information est toujours, lui, bien présent. Pour le Pentagone, tout est bon pour minimiser l'influence russe aux yeux de l'opinion publique et mettre en valeur l'action américaine.
Revenant sur les propos d'Igor Konachenkov, un responsable de la coalition menée par Washington, sous couvert d'anonymat, a ainsi catégoriquement nié que l'aviation américaine entravait les opérations militaires russes en Syrie, déclarant au contraire que seules les actions des pilotes américains avaient permis de vaincre les terroristes. «La coalition internationale, pas la Russie ni le "régime" syrien, est la seule force qui a fait des progrès significatifs [contre Daesh]», a déclaré sans ciller ce responsable, dans des propos rapportés par Sputnik le 10 décembre.
Une ligne de conduite qui n'est pas nouvelle, puisqu'elle avait déjà été adoptée par l'administration américaine précédente. «[Les Russes] n'ont rien fait», avait ainsi affirmé le secrétaire à la Défense Ash Carter, dans un entretien à la chaîne télévisée américaine NBC le 8 janvier, à quelques jours du terme du mandat de Barack Obama. «Ils sont venus et ont dit qu'ils allaient combattre [Daesh] et aider dans la guerre civile en Syrie, [...] ils n'ont fait ni l'un ni l'autre. Par conséquent évidemment, nous combattons [Daesh] nous-même», avait-il affirmé.