Beaucoup de réactions à ce billet sur les politiciens canadiens qui se disputent à propos de l’Afghanistan. Quelques mises au point s’imposent.
D’abord, j’écris que l’Albertain du 24 Sussex commence à m’énerver. Il n’en fallait pas plus pour que quelques génies, dotés d’une loupe, toujours à la recherche d’une sympathie souverainiste au détour d’une virgule ou d’un participe passé, m’ «accusent» de sympathie souverainiste. On en est là, dans ce pays tordu, dans ce pays schizo. Je me sens tata de le souligner, mais il semble que bien des tatas ont commenté, aujourd’hui, il faut donc parfois expliquer simplement : Stephen Harper est un député albertain. C’est tout. Pas de complot. S’il avait s’était appelé Tremblay, qu’il eut été député du Lac, j’aurais écrit : le Bleuet du 24 Sussex m’énerve.
Nos bons soldats, maintenant. Il s’en trouve toujours pour faire le parallèle boiteux suivant : Critiquer la mission, c’est critiquer le soldat. Ça n’a aucun rapport. Je n’ai pas d’admiration particulière pour les soldats. En Occident, ce sont des volontaires. Personne ne les force à s’enrôler. Ils ont fait le choix de devenir soldats professionnels. Je le dis sans aucune forme de mépris. J’admire leur idéalisme, leur dévouement, oui. Mais une fois sous les drapeaux, ils doivent obéir aux ordres. Et là, en 2007, les ordres, c’est d’aller se battre en Afghanistan. Or, critiquer ces ordres, ce n’est pas critiquer les troupes. Pas du tout. Ça n’a aucun rapport. Je peux trouver la mission stupide et le soldat honorable. Toujours opposer le « Support the Troops » aux critiques de la politique canadienne en Afghanistan, ça ne sert qu’à une seule chose : faire taire les critiques de la mission, justement.
Et voulez-vous me sacrer la paix avec le soldat-qui-défend-notre-mode-de-vie-et-notre-liberté, svp ? Vous avalez la propagande soft de toutes les armées professionnelles du monde. Aucune guerre, depuis la Deuxième guerre mondiale, n’a menacé notre mode de vie, notre liberté, tout ça. Depuis que les Alliés sont allés botter le derrière des Allemands, aucun «ennemi» ne menaçait notre liberté.
Enfin, aucun qui puisse être battu par une armée. Et puis, l’Occident fait des guerres de choix, pas des guerres de nécessité. Est-ce à dire qu’il faut supprimer l’armée ? Non. Il faut en avoir une. Mais c’est un mal nécessaire. Mais si vous croyez vraiment que l’absence d’une armée nous livrerait aux terroristes et aux invasions nord-coréennes, eh bien vous êtes murs pour Rambo IV.
Le moral des troupes, maintenant. Un lecteur souligne que ce n’est « pas très encourageant » pour nos soldats d’être en Afghanistan et de savoir que la mission est critiquée au Canada. Ah oui ? Tant pis. Le soldat canadien moderne est en Afghanistan, me dit-on, pour défendre «NOS» valeurs. Eh bien une de nos valeurs, au Canada et en Occident, c’est la liberté d’expression. Le soldat canadien défend une société ouverte, qui prône le droit à la dissidence, le choc des débats, la libre circulation des idées. C’est ce qu’on veut imposer aux Afghans. C’est ça, à la fin, qu’il s’en (va) défendre là-bas, le soldat canadien. Il s’en va pas seulement donner des bonbons aux p’tits Afghans. Alors je dis : critiquons, critiquons, critiquons. C’est sain.
Si le soldat canadien est prêt à mourir pour instaurer « nos » valeurs en Afghanistan, il va survivre à l’expression de ces valeurs ici. Sinon, qu’il change de métier.
Mission en Afghanistan: critiquons, critiquons, critiquons
Si le soldat canadien est prêt à mourir pour instaurer « nos » valeurs en Afghanistan, il va survivre à l’expression de ces valeurs ici. Sinon, qu’il change de métier.
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