«Mission accomplished» : le désordre est partout !

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C'est à ça que ça ressemble, la chute d'un empire

«Mission accomplished» : on se souvient de la déclaration bouffonne de «W.» Bush à bord de l’USS Abraham Lincoln à propos de la vertueuse libération de l’Irak. C’était le 1er mai 2003. Dix ans et un million de morts plus tard, le soldat Ryan s’est carapaté sur la pointe des pieds, laissant le pays à sa ruine et aux 800 morts mensuels de sa guerre civile. C’est que l’Oncle Sam avait d’autres fers au feu, dont le soutien des bouchers-djihadistes actifs en Syrie, parmi lesquels le fameux groupe de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) qui marche aujourd’hui sur Bagdad. Fameux bilan. Ajoutez à cela le bourbier afghan ; le ratage libyen ; les guerres larvées au Pakistan et au Yémen ou, enfin, la nouvelle guerre froide déclenchée en Ukraine, et vous aurez l’image assez fidèle d’une machinerie US productrice d’un chaos phénoménal qui se propage partout comme un feu de brousse.
Une phase éruptive
On se demande ou tout cela va s’arrêter et, si cela ne s’arrête pas, où tout cela va conduire. Le bilan des 20 dernières années de leadership US laisse en effet pantois. A ce stade, ce n’est plus du leadership, c’est du massacre.
Tout se passe en effet comme si la machinerie du Système américaniste était soudainement entrée dans une phase éruptive, avec surproduction d’un chaos et d’un désordre au demeurant parfaitement conformes à son essence. On dirait un phénomène de saturation chimique, où la densité du mal accumulé au cœur du Système est devenue telle qu’il ne peut plus être contenu et qu’il déborde, se nourrissant désormais de lui-même, incontrôlable. Toutes les magouilles, les saletés, les trahisons et les crimes perpétrés bien évidemment au nom des valeurs indépassables que l’on sait remontent à la surface et éclatent partout, comme des bulles de magma, obligeant le Système aux volte-face et contorsions les plus spectaculaires pour échapper aux éclaboussures et, ainsi, tenter de «perdurer dans son être».
Contorsions-Système
Si elle n’impliquait des océans de sang, l’affaire en serait presque comique. Ainsi, après que Washington eut soutenu l’EIIL via ses alliés turcs et saoudiens pour taper sur Bachar el-Assad et contrer l’influence de l’Iran chiite en Irak, voici que le monstre a échappé au contrôle de ses maîtres et tente d’établir désormais un Etat islamique à cheval sur l’Irak et la Syrie. Sur les deux théâtres d’opérations, la stratégie de Washington vient donc de virer au cauchemar.
En Irak, la seule option qui reste à la Maison-Blanche pour contenir la contagion djihadiste est désormais de s’appuyer sur Téhéran, au grand dam de l’Etat-voyou israélien et des monarques du Golfe qui voient avec effroi le retour au pas de charge de l’Iran comme gendarme régional incontournable. Côté syrien, même constat : il va falloir composer avec Bachar el-Assad pour contrer autant que possible l’avancée de l’EIIL sur le front ouest, et du même coup réduire également l’hydre terroriste façonnée par trois ans de soutien atlantiste aveugle aux clones d’al-Qaïda, avec ses hordes de combattants «étrangers» dont on sait qu’ils finiront par revenir porter le fer à domicile.
Tout le sel de l’affaire est qu’on voit mal comment Washington pourrait réussir à circonscrire ces nouveaux incendies sans le soutien de… la Russie. Là encore, les contorsions s’annoncent spectaculaires et l’on se réjouit de voir les services de com’ de la Maison-Blanche à la manœuvre.
Une logique implacable
Tout le problème, c’est que les contorsions les plus extravagantes ne changeront rien au fait que le mal est là, constitutif du Système américaniste lui-même, et que donc rien ne pourra enrayer la logique destructrice engagée. Toutes les manœuvres destinées à éteindre les incendies en cours ou à venir ne feront qu’en allumer d’autres, toujours plus improbables, toujours plus ravageurs, tout simplement parce le mal ne peut qu’engendrer le mal. Sous l’impulsion du néolibéralisme dévastateur du Système américaniste, même les rendez-vous les plus festifs sont désormais devenus symboles de honte et d’injustice, comme cette Coupe du monde de football aujourd’hui synonyme de corruption et de prévarication, et pourtant sensée faire émerger une joie primesautière de la misère des favelas.
Il peut paraître hasardeux de tirer un parallèle entre la manipulation des groupes terroristes sur les théâtres d’opérations atlantistes et les malversations de la FIFA, et pourtant, nous pourrions tout aussi bien y ajouter les OGM, le triomphe des banksters ou les tentacules liberticides de la NSA, car le principe régissant cette «pollution» globale du monde est pour nous le même : un Système corrupteur par essence, destructeur par nature.
«W.» avait finalement raison, «Mission accomplished» : le désordre est partout ! Mais il signifie aussi l’accélération de l’effondrement d’un Système qui finira nécessairement par se dévorer lui-même.


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