Mettre le cap sur l’indépendance, nous dit Bernard Landry. «Machiavélique et pédagogue Drainville» nous titre une autre analyse de Robert Barberis-Gervais reprise dans Le Devoir. Des journalistes et syndicalistes du SPQ libre se compromettent sur la question du leadership au PQ. En ces temps de haute turbulence politique, il n’en tient qu’à nous de tracer les lignes de ce qui forge notre conception de toute «mise en réserve» éventuelle pour la République du Québec.
Avant tout, il nous faut trouver le courage. Est-ce le courage de rompre les amarres? Pas nécessairement… il peut parfois être question de quelque vocation. Comme personne sourde, je fus amené à entrevoir les problématiques québécoises sous un œil nouveau. Cette même conception prit la forme d’Option Sourde, pour prolonger Option Québec et Option Citoyenne. Récemment encore, j’examinai les prépositions contradictoires de quelque option sourde qui s’éveillait en moi. Alors que Gilles Duceppe relançait de nouveau la polémique d’un éventuel leadership, j’entrepris alors la rédaction d’un poème.
Dans ma dernière chronique, j’ai écrit ceci :
«Le jour que j’appris la refondation du RIN, je restais sceptique face à la non-éventualité de la création d’un parti politique alternatif. En mon for intérieur, je redoutais que le statut-quo de la carte des partis PQ-PLQ-ADQ et même [ajoute-je] de QS allait suffire à l’ampleur du défi qui nous attend.»
Aujourd’hui même, je ne suis pas plus avancé dans mes réflexions. Il est temps de poser quelques actes et d’adopter des prises de position soigneusement pesées. A priori, j’élude la question de la CAQ qui est interchangeable avec les autres partis cités bien sûr à l’exception de QS. Option Nationale semble vouloir se donner un certain élan. Je suis d’ailleurs moi-même réfractaire à certains positionnements et stratégies de communication politique de la part d’Option Nationale et de Françoise David. Il s’avère que ces prises de position semblent nécessaires dans le contexte présent.
Statut-quo et cul-de-sac politique : appelez ça comme vous voulez, le temps ne se prête guère plus à la complaisance. D’aucuns aimeraient tant se vouer à l’éventualité d’une troisième voie politique au Québec. Nous n’en sommes plus là : c’est l’abdication ou le ressaisissement national. Gilles Duceppe, Pauline Marois et Bernard Drainville présentent actuellement trois faces contradictoires qui engendrent cette ultime impasse politique en notre conscience. Cette impasse touche à la stricte réalité des frontières partisanes du PQ.
Au premier plan, Bernard Drainville plaide pour le renouvellement tant souhaité du PQ. Encore éprouvé par la défaite post-2 mai 2011, Gilles Duceppe n’en démontre pas moins des habiletés politiques certaines. Pour sa part, Pauline Marois vit sur du temps semblant emprunté en tant que chef du PQ. Les députés démissionnaires de ce même parti constituent l’autre versant de la montagne. En filigrane, les alliances et pactes électoraux à conclure avec QS et/ou Option Nationale demeurent dans le rétroviseur de l’Option originelle. Il semble bien qu’il soit déjà tard…
En 1984, suite à l’élection du gouvernement progressiste-conservateur, René Lévesque avait mis le beau risque de l’avant. Face aux lendemains qui déchantent et avec le fossoyeur en chef Jean Charest, le Québec se trouve dans une posture fâcheuse. François Legault aurait l’outrecuidance de forcer la main à la compromission nationale ? Nous n’avons pas dit notre dernier mot. Le règne du lucide en chef, le schisteux Lucien Bouchard n’aurait que faire des voies démocratiques habituelles ? Soit. Le temps n’appartient plus aux apôtres du statut-quo.
Comment interpréter la gouvernance souverainiste ? Pour le moment, nous en avons fait uniquement une question de désaveu ou de mise en jeu du leadership de Pauline Marois. Nous n’avons pas osé aller au-delà des apparences. Chose certaine, le scepticisme est érigé en tant que signe de bonne foi. Gilles Duceppe n’a jamais dévoilé son jeu : renouvelant ses éloges de l’approche préconisée par Pauline Marois, ce dernier apparaît comme le gardien du statut-quo. La réalité en est toute autre…
Il y a quelques temps, je me suis penché sur le cas Pierre Curzi. Les démissions coup sur coup des Lapointe, Beaudoin, Curzi et Aussant ont sonné le glas de la tendance à l’oligarchie des partis politiques en général. Plus précisément, il s’agit de la prise des décisions concentrée entre les mains de quelques têtes dirigeantes. La saga de l’amphithéâtre et de l’alliance Labeaume-Péladeau fils ont achevé de nous montrer les dessous des riches qui se gavent des gagne-petit que nous sommes. Inclurons-nous pour autant Pauline Marois dans le lot ? Nous n’en sommes décidément plus là.
Face au caquètement d’une poule sans tête nationale, de l’élection d’une majorité de députés NPD au Québec et de la ritournelle du beau risque qu’Amir Khadir a repris dans sa superbe, le pouls électoral s’est accéléré à la faveur de sondages dé-favorables. Comme tout ce qui monte… finit par redescendre, le discours politique québécois doit s’étoffer. Pauline, pas Pauline, nous devons nous positionner politiquement.
Le salut… se retrouve peut-être hors des frontières partisanes, parfois en s’opposant, parfois en nous ménageant un camp nécessaire. Nous n’en sommes décidément plus au «crois ou meurs». Option Nationale semble refléter les besoins de la redécouverte du discours indépendantiste. Nous pourrions trouver que Jean-Martin Aussant postillonne certains substrats de discours péquiste, il n’en reste pas moins qu’il a tranché sa propre voie.
Quelqu’un soufflait l’éventualité d’un tandem à la tête du PQ… je pensais lointainement à la perspective d’Option Nationale… j’avais alors pensé à l’éventualité d’un tandem Duceppe-Curzi. Ces deux têtes d’affiche ne suffiraient pas elles seules à renverser la vapeur et en ce sens, Bernard Drainville pose le test de la légitimité électorale. Une femme de tête se propose-t-elle pour rebrasser les cartes ? Humblement, je vais retourner à quelque poème prochain… sans qu’il ne rime nécessairement avec ce que je viens d’avancer. C’est le signe d’une option sourde que je pose.
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2 commentaires
Élie Presseault Répondre
27 janvier 2012Si nous sommes pour nous objecter sur l'expression tant commune de «mise en réserve pour la République», c'est qu'il nous faut opérer dans le réel des actes et de la réalisation de nos intentions et des rêves qui nous animent collectivement.
À force d'écrire et de persévérer dans un cheminement, les textes qui s'accumulent au sein de Vigile.net et des cercles indépendantistes finiront par faire effet boule-de-neige. Bien sûr, nous avons une lutte et plusieurs combats à mener de front. Jusqu'à ce jour, je dois dire que les réponses fournies par Jean-Martin Aussant commencent à trouver un écho en ma conscience.
Au gré des mutations et des nécessités, Vigile.net constitue un phare aussi nécessaire que concret à la réalisation de nos aspirations. Soyez certain que je défendrai la pertinence du projet indépendantiste jusqu'à mon dernier souffle. La République doit voire le jour et se trouver inscrite dans la constitution que nous concevrons et ratifierons dans le concert des aspirations communes du peuple québécois.
Archives de Vigile Répondre
25 janvier 2012« Mise en réserve de la république » voilà une expression maintes fois utilisée par nos ( ex ) parlementaires péquistes. La république mérite mieux que de faire l'objet d'une expression aussi « commune ».
Vivement que l'on « dépéquise » l'indépendance.
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