Le documentariste oscarisé Michael Moore n’a jamais eu peur de la polémique. En fait, on pourrait dire que c’est son gagne-pain depuis des années.
Si certains l’encensent et font de lui un héros populaire qui tient front courageusement aux plus puissants, d’autres l’accusent de tronquer la vérité et de souvent couper les coins ronds pour prouver son point.
Ses adversaires pour leur part disent qu’il est tout simplement anti-américain. Affirmation qu’il réfute entièrement en prétendant que ses positions critiques envers son pays émanent de l’immense amour qu’il voue à celui-ci.
Une chose est certaine, on ne peut nier qu’il a le don de mettre le doigt sur des enjeux divisés et qu’il sait faire réagir.
Dans cet esprit, Moore vient tout juste de publier un texte sur son site internet évoquant les raisons pour lesquelles il croit que Trump deviendra assurément le président des Etats-Unis aux prochaines élections.
Voici un résumé de ses propos
Raison #1 : Une question de mathématique
On sait que l’élection se fait par État. Chacun détient un certain poids en fonction de l’importance de sa population. Il est acquis d’avance que certains États iront traditionnellement aux républicains (Georgie, Idaho, etc.) On peut dire la même chose pour les démocrates.
Selon Moore, les gros États de la « rust belt » (ceinture de rouille) iront facilement à Trump. Ces États qu’on nomme ainsi parce qu’ils ont historiquement eu une économie manufacturière, l’acier et l’automobile entre autres, ont été durement affectés par les accords de libre-échange. Il fait référence à la Pennsylvanie, l’Ohio, le Michigan et le Wisconsin. Il rappelle que ces 4 États valent un total de 64 votes électoraux.
Par combien de votes électoraux Romney a-t-il perdu face à Obama en 2012 ? Vous l’aurez deviné, 64.
Le problème pour Hillary est qu’une bonne partie des mesures de libre-échange qui ont affecté cette région ont été mises en place durant la présidence de son mari. Il sera pratiquement impossible pour elle de charmer cet électorat de classe moyenne qui s’est senti délaissé par l’administration Clinton des années 90.
Il rappelle aussi que ces États traditionnellement à tendance démocrate ont tous élu des gouverneurs républicains depuis 2010.
Trump, avec ses menaces de surtaxer les producteurs expatriant leur production vers le Mexique, se donne des allures de héros face à de nombreux travailleurs de classe moyenne.
Raison #2 : Le dernier combat de l’homme blanc frustré
Selon Moore, l’homme blanc hétérosexuel américain vit présentement une grande insécurité qu’il exprime par un certain ras-le-bol. Les avancées au chapitre du droit des femmes, des gais, des transgenres et des minorités leur donnent l’impression d’une perte de pouvoir injuste.
Pendant que les gens à tendance libérale voient plutôt cela comme un rééquilibre et un réajustement des forces du pouvoir, Moore prétend qu’il serait naïf de croire que l’homme blanc moyen ne résistera pas face à tout ça.
Selon lui, ils feront tout pour empêcher l’élection d’une femme au pouvoir ce qui serait pour eux un symbole d’échec.
Raison # 3 : Le problème Hillary
Même si Moore prétend bien aimer Clinton, il admet qu’il fut très déçu de son vote en faveur de la guerre en Irak. Depuis, il s’était promis de ne jamais voter pour elle.
Si un adversaire comme Trump l’a contraint à changer d’idée, il se doute bien que bon nombre d’Américains n’auront pas le même réflexe.
Les résultats d’un sondage estimant que 70% des Américains croient qu’elle n’est pas digne de confiance et malhonnête confirment son impression.
Selon lui, aux yeux de l’électorat, elle représente la vieille garde. Le type de politicienne qui prend les positions non pas en fonction de ses convictions mais en fonction de ce qui la fera élire. Son changement d’attitude concernant le mariage gai en est un des nombreux exemples.
Finalement, elle ne semble pas en mesure de rallier les jeunes. Cette partie de l’électorat avait fortement contribué aux victoires d’Obama.
Raison # 4 : La déprime des pro-Sanders
Pour Moore, la question n’est pas de savoir si les fans de Bernie Sanders voteront pour Hillary. Il est plutôt question de l’état d’esprit dans lequel ils le feront.
Selon lui, ces électeurs au moral abimé se rendront aux urnes avec très peu d’enthousiasme. Ce sont des électeurs qui ne feront pas de bénévolat pour le parti et qui n’inciteront pas leur entourage à aller voter.
En gros, les démocrates auront beaucoup de difficultés à faire sortir le vote.
Raison 5 : L’effet Jesse Ventura
On se souviendra surtout de Jesse Ventura comme un ancien lutteur professionnel de la WWE des années 80. Ce lutteur avait contre toute attente été élu gouverneur du Minnesota dans les années 90.
Moore qui considère le Minnesota comme un État avec des électeurs rationnels et intelligents évalue qu’on ne peut pas sous-estimer les envies un peu cyniques et absurdes d’une bonne partie de l’électorat. Si pour lui l’élection de Ventura était une espèce de farce électorale, il croit que le même effet pourrait se produire aux présidentielles.
Le vote est un des derniers endroits où l’on peut être dans un anonymat complet, sans contrainte de temps et sans le jugement d’autrui. Selon lui, plusieurs électeurs qui normalement voteraient démocrates se diront « je coche Trump, juste pour voir ce que ça donnerait.» Comme si l’électorat était devenu un public votant à une télé-réalité et donc en fonction de ce qui le divertira le plus.
Et Trump, même si ses politiques restent à définir, une chose est certaine, il promet d’être divertissant.
Un peu d'espoir pour les anti-Trump
Si vous faites partie de ceux qui appréhendent nerveusement l’élection du milliardaire, Moore vous donne un peu d’espoir et promet un texte la semaine prochaine sur comment il sera possible de le battre.
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