Le principal problème des médecins diplômés à l'étranger porte sur la formation qui varie beaucoup selon les pays.
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La Commission Bouchard-Taylor, tout comme certains politiciens, ont pointé les ordres professionnels en rapport avec les demandes de professionnels immigrants. Le Collège s'est senti interpellé puisqu'il est l'ordre professionnel qui s'est retrouvé le plus souvent dans les médias à ce sujet. Pourtant, c'est le Collège qui a ouvert ses portes le premier au début des années 1970 aux immigrants et qui comprend le plus grand nombre de professionnels diplômés hors Canada et États-Unis. Afin de dissiper tout malentendu, il serait bon que les commissaires sur les accommodements raisonnables, les politiciens et le grand public sachent ce qui en est vraiment quant aux médecins diplômés à l'étranger qui désirent venir pratiquer au Québec.
Mais tout d'abord, quelques chiffres significatifs : sur les 7000 médecins diplômés à l'étranger qui pratiquent au Canada, plus de 2000 ont un permis régulier au Québec, soit près du tiers de tous les médecins diplômés à l'étranger au Canada; soixante-quinze pays sont représentés. De plus, en 2006-2007, 21% de nos permis ont été attribués à des médecins diplômés à l'étranger soit presque le quart de tous les permis émis au Québec. Ces chiffres démontrent clairement que notre ordre professionnel n'a aucunement à rougir en rapport avec l'immigration.
Des améliorations importantes
Depuis les dernières années, nous avons fait tout notre possible pour améliorer la situation : nous avons créé un site Web avec toute l'information requise, organisé des rencontres d'information au moins 4 fois par année, allégé nos procédures à l'interne, impliqué plus de personnel dans ce dossier, remplacé notre examen sur les lois et la déontologie par un cours de formation, élaboré un cours de préparation aux examens en collaboration avec le ministère de l'Immigration et rencontré l'Office québécois de la langue française pour avoir des séances d'examens davantage adaptés au personnel professionnel. À cet effet, nous sommes le collège des médecins le plus avant-gardiste au Canada.
Le même problème partout
Le principal problème des médecins diplômés à l'étranger porte sur la formation qui varie beaucoup selon les pays. Le docteur Colin MacMillan, président de l'Association médicale canadienne, rapporte : «Vérifier la formation est difficile; les médecins étrangers arrivent avec des formations tellement différentes que parfois elles ne peuvent être validées.» (The Gazette, 30 avril 2007). De son côté, le docteur Paul Rainsberry, directeur de l'Éducation au Collège des médecins de famille du Canada, soutient : «Certaines personnes n'ont pas la compétence pour répondre aux standards canadiens ou ont laissé la pratique depuis trop d'années pour être encore compétents.» (The Gazette, 30 avril 2007).
Même constatation pour les pays de l'Union européenne. Dans son bulletin, l'Ordre des médecins de France parle de l'imprécision des durées de formation dans plusieurs pays et du flou sur les autorités compétentes censées délivrer les diplômes et attester de leur validité. L'Ordre conclut : «le principe de la libre circulation et du libre établissement des médecins à travers l'Europe ne sera véritablement accepté par les patients que si des règles claires et d'application rigoureuse sont posées. La qualité des soins est en jeu : cette directive ne doit pas déclencher un nivellement par le bas.» Que ce soit en Europe ou en Amérique, nous rencontrons les mêmes difficultés.
Devant toutes ces constatations, on peut plus facilement comprendre que tous sont appelés, mais tous ne sont pas élus. Contrairement à ce que certains pensent, nous sommes très ouverts aux médecins diplômés à l'étranger, mais ils doivent avoir la même compétence que celle qu'on exige de nos propres enfants dans les facultés de médecine. Tous doivent comprendre que nous ne pouvons nous permettre d'accréditer des médecins qui ne répondent pas aux normes nord-américaines. Le Collège des médecins du Québec n'a que deux mandats : la protection du public et la qualité de la médecine. C'est d'abord et avant tout ce que nous nous efforçons de faire.
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Yves Lamontagne, M.D.
Président-directeur général
Collège des médecins du Québec
- source
LE SOLEIL - POINT DE VUE
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