Justin Trudeau est un homme chanceux. Très chanceux.
Fils de l’ancien premier ministre fédéral Pierre Elliott Trudeau, son enfance fut dorée. Il a voyagé partout de par le monde. Il a côtoyé les plus grands chefs d’État et les vedettes les plus primées.
Adulte, il s’est marié et a eu de beaux enfants en parfaite santé.
Sans avoir même eu à faire de grandes études supérieures, après la longue traversée du désert post-scandale des commandites au PLC, il s’est aussi retrouvé chef du Parti libéral du Canada.
En partie grâce à la mauvaise campagne électorale du NPD en 2015, Justin Trudeau s’est enfin retrouvé à la tête d’un gouvernement libéral majoritaire.
Depuis, malgré des sondages en montagnes russes (*), on ne sent pas le PLC vraiment menacé de perdre les élections en 2019.
Andrew Scheer, chef des conservateurs est bien sympathique, mais sans plus. Au NPD, Jagmeet Singh impressionne peu.
Et ce n'est pas tout. L’homme chanceux qu’est Justin Trudeau, reçoit maintenant un autre beau cadeau de la vie : Maxime Bernier.
Ou pour paraphraser la publicité connue : Maxime? Eh oui. Maxime...
Je m’explique.
Député fédéral et libertarien d'obédience idéologique, Maxime Bernier a quitté les rangs du Parti conservateur du Canada (PCC) pour fonder son propre parti : le Parti populaire du Canada (PPC).
En autre choses, il s'en est durement pris à ce qu'il appelle le «multiculturalisme extrême» de Justin Tudeau et à ses politiques d'ouverture à l'immigration. Dans ce même dossier, il s'en est pris tout aussi durement à Andrew Scheer et au Parti conservateur.
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À l'annonce de son nouveau parti, on s’est beaucoup moqué de l'initiative de Maxime Bernier.
Mais attention. Comme Le Devoir le rapporte, M. Bernier :
«fait des adeptes et provoque même des changements d’allégeance. Non seulement le recrutement de membres dépasse les espérances du chef, mais plusieurs anciens organisateurs du Parti conservateur ont quitté le navire pour se joindre au Parti populaire du Canada.
Selon les informations obtenues par Le Devoir, le Parti populaire a recruté pas moins de 20 374 membres depuis son lancement officiel il y a deux semaines et demie. À titre de comparaison, le Parti conservateur compte environ 100 000 membres et le Parti vert, 20 000.
Le financement va aussi bon train. Le Parti populaire a déjà récolté presque 338 000 $, et ce, bien que la formation n’ait pas encore le pouvoir de remettre des reçus d’impôt (...) les organisateurs québécois qu’il recrute proviennent des rangs du parti d’Andrew Scheer. Des membres de sept associations de circonscription ont quitté leurs fonctions pour se joindre à M. Bernier et l’aider à bâtir des structures locales.»
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Pour Andrew Scheer, ce n’est vraiment pas une bonne nouvelle. Qui Maxime Bernier réussit à recruter dans les rangs des conservateurs constitue une perte sèche pour M. Scheer. Idem pour les fonds amassés par le PPC.
Et ce, à un an à peine des prochaines élections fédérales.
S’il fallait que la nouvelle formation de Maxime Bernier fasse boule de neige, même une boule modeste, le PCC en pâtira, c’est certain.
Pour le premier ministre Justin Trudeau, c’est un cadeau tombé du ciel.
Plus le Parti conservateur souffrira de la création du nouveau parti de M. Bernier, plus la réélection du PLC a de meilleurs chances de se matérialiser.
Comme je vous le disais, Justin Trudeau est un homme chanceux. Très chanceux.
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(*) Selon la firme Nanos, en date du 2 octobre, le PLC obtient 38% des intentions de vote. Le PCC est à 31,7%. Le NPD est 16,7% et le Parti vert, à 6%.