Martine Ouellet a confirmé ce matin ce à quoi nous pouvions nous attendre, soit son départ prochain de la direction du Bloc québécois. Avec 32 pour cent d’appui dans le cadre du « Martinerendum », elle a pris la seule décision qui s’imposait. Le résultat à la première question, portant sur une promotion active de l’indépendance, qui s’est soldée par un appui de 64 pour cent des votants, a montré qu’il y avait un important écart entre le soutien dont bénéficiait la cheffe et celui à sa ligne politique. Cela signifie aussi que les électeurs bloquistes n’ont pas interprété la crise du leadership comme étant le résultat d’une polarisation entre la base indépendantiste et la « vieille garde ».
À titre personnel, je trouve toujours extrêmement dur à assister, sur le plan humain, à un discours de démission en politique. Ce n’est jamais quelque chose de facile pour quiconque a à tourner la page sur un engagement aussi prenant. Même quand nous n’apprécions pas la figure politique qui annonce son départ, souvent forcé, il faut se rappeler que la politique active, ça signifie des journées de 6h le matin à 11h le soir, à endurer les insultes, les caricatures et les mauvais sondages, pendant des années où on ne voit pas ses enfants grandir. Les gérants d’estrade qui prenaient plaisir à se réjouir avec méchanceté du départ de madame Ouellet devraient y penser deux fois avant de déverser leur haine aussi gratuitement. Le savoir-vivre, ça s’apprend.
Était-elle l’artisane de son propre malheur ? Je n’en sais rien. Je n’étais pas plus présent au caucus que la plupart de ceux et celles qui ont tranché si promptement sur sa culpabilité. Personnellement, je peine à croire qu’une telle crise puisse être la faute d’un seul camp. En fait, la responsabilité de tels événements n’incombe jamais à un seul côté. Le tribunal de l’unanimité a néanmoins rendu rapidement son jugement, et l’acharnement a été d’une intensité assez inégalée. Il est vrai que de perdre 7 députés sur 10 n’est pas anecdotique, et qu’il y a un prix politique à payer.
Quant à l’argument de la misogynie, qui justifierait le traitement dont elle a été l’objet, il est à employer avec beaucoup de prudence. Il est cependant indéniable qu’on insiste rarement autant sur les traits de caractère des chefs de sexe masculin.
Une chose est certaine, cette femme aux nerfs d’acier et à la détermination inébranlable a des qualités indéniables. Pensons, en guise d’exemple, à son action dans le dossier Gentilly-2 alors qu’elle était ministre des Ressources naturelles. Si les membres du Bloc ont conclu qu’elle n’était pas apte à les diriger, évitons de l’enterrer trop vite en dehors de l’arène politique.