La chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, se dit «étonnée» du «changement de cap total» de son prédécesseur, Michel Gauthier, qui a rallié le Parti conservateur du Canada dont elle considère les positions comme complètement opposées à celles de son parti.
«Il faut avoir un peu de mémoire et se souvenir à quel point on voulait sortir Stephen Harper du pouvoir en 2015», a martelé Mme Ouellet en entrevue avec Le Journal en rappelant qu’elle n’avait pas connu personnellement M. Gauthier.
L’ancien chef du Bloc québécois (BQ) a signé sa carte de membre du Parti conservateur (PCC) devant la presse, samedi.
«Les gouvernements Mulroney et Harper, ça a été des gouvernements sensibles au Québec, ils ont posé des gestes significatifs de reconnaissance du Québec, a-t-il ensuite insisté lors d’une mêlée de presse. C’est le parti le plus près des nationalistes québécois, le plus sensible au Québec.»
L’ancien député ne compte toutefois pas briguer un siège à la Chambre des communes à l’élection fédérale de 2019. Il compterait plutôt prêter main-forte aux candidats conservateurs au Québec.
Parti pétrolier
Or, le PCC «n’est pas en phase avec les intérêts du Québec», a insisté Martine Ouellet.
«C’est un parti pétrolier [...] qui n’a pas aidé au développement économique du Québec, qui a défait le registre des armes à feu», a-t-elle énuméré en ajoutant que «ce n’est pas l’arrivée d’Andrew Scheer qui va y changer grand-chose».
Elle cite en exemple l’intervention controversée du député conservateur Ted Falk qui a crié haut et fort à la Chambre des communes, en pleine période des questions, mercredi dernier, que l’avortement n’est pas un droit.
Hier, le chef conservateur Andrew Scheer a pourtant insisté qu’il ne rouvrirait pas le débat sur l’avortement ni sur le mariage entre personnes du même sexe même s’il a déjà exprimé publiquement son opposition à ce sujet.
«Monde de calinours»
Lors du Conseil national de l’aile québécoise de son parti qui se tenait cette fin de semaine à Saint-Hyacinthe, Andrew Scheer a tendu la main aux Québécois.
Dans un discours de ralliement destiné aux quelque 400 militants du parti rassemblés au Centre de congrès, il a invité les «nationalistes qui sont tannés des chicanes» et les «fédéralistes qui n’en peuvent plus de voir Justin Trudeau vivre dans son monde de Calinours» à joindre son parti.
Mais le chef conservateur est «complètement dans le champ» aux dires de Mme Ouellet.
«Les Québécois sont beaucoup plus progressifs et pro-environnement», a-t-elle insisté admettant toutefois que son parti traversait une crise. Elle espère que celle-ci pourra se résorber avec le vote de confiance à son égard qui doit avoir lieu le 1er et le 2 juin prochain.