Le «vaccimpôt» du premier ministre, François Legault, serait «discriminatoire» et engagerait le Québec dans une «pente glissante vers la marchandisation» de la santé s’insurge un regroupement des médecins opposé à la mesure.
• À lire aussi - Taxer les non-vaccinés: des contestations judiciaires à venir, selon des spécialistes
• À lire aussi - Québec veut faire payer les adultes non vaccinés
Dans une lettre ouverte publiée mercredi, les Médecins québécois pour le régime public (MQRP) s’attaquent de front aux arguments avancés par le chef du gouvernement la veille pour justifier cette taxe.
Selon eux, les non-vaccinés n’ont pas à payer pour les «30 dernières années de gestion erratique et de sous-financement chronique» du réseau de la santé, la vraie raison pour laquelle les hôpitaux se trouvent au bord du gouffre devant la 5e vague.
«Imputer les problèmes actuels du système de santé à la population non vaccinée est un raccourci bien douteux, soulèvent-ils. Autrement dit, un système mieux soutenu arriverait à soigner plus facilement une population avec une couverture vaccinale de 88%.»
Qui plus est, ces docteurs en mission craignent qu’un «vaccimpôt» entraîne la province dans une «pente glissante vers la marchandisation» du système de santé.
«Notre modèle de financement de la santé n’est pas basé sur le fardeau des facteurs de risques d’un patient, incluant son statut vaccinal, mais bien sur l’imposition de ses revenus», rappellent-ils.
«Plusieurs facteurs mettent les gens à risque de se retrouver malades et de devoir être soignés dans le système de santé public - sédentarité, usage de substance, etc, d’ajouter MQRP. Ceux-ci sont souvent perçus comme de mauvais choix individuels, alors qu’en dessous se cachent des structures sociales complexes.»
Le regroupement de médecins s’interroge également à savoir si le gouvernement du Québec en a assez fait pour rejoindre les derniers non vaccinés, «ce sous-groupe de la population, qui est tout sauf homogène».
«[...] les populations les plus défavorisées; les personnes en situation d’itinérance, âgées à mobilité réduite, issus de l’immigration et ne maîtrisant pas les langues officielles, n’ayant pas accès à internet, ayant des problèmes de santé mentale, celles avec des troubles cognitifs, des enjeux d’analphabétisme ou qui sont en perte d’autonomie, etc», énumèrent-ils.
Plutôt que d’imposer la «taxation supplémentaire d’un sous-groupe de la population», MQRP propose «une réforme approfondie de notre système de santé et une valorisation des services publics».
«Nous rappelons au gouvernement que la lutte à la pandémie est contre un virus et non contre de nos concitoyens et que devant ce virus, nous nous ne sommes pas tous égaux», concluent-ils.
- Écoutez l’entrevue de Vardit Ravitsky, professeure de bioéthique à l’École de santé publique de l’Université de Montréal