Notre combat existentiel ne peut s'accommoder de superficialité politique

Martine Ouellet devra franchir le plafond de verre des banalités indépendantistes

Chronique de Gilles Verrier

Je passerai au moins l'été à construire ma base autonome durable (BAD) (*), ma version personnelle d'un concept de vie autonome mais reliée, surtout résiliente aux soubresauts attendus de l'économie, de la guerre et des désordres sociaux qui nous attendent. Avec un peu de chance je vous retrouverai en début d'hiver.
Martine Ouellet ne manque pas d'audace et son discours peut séduire. La vidéo du Lion d'Or témoigne de son bagout. (**). Serait-elle la Jeanne d'Arc du Québec? Ne rêvons pas trop qu'elle repousse les anglais à la mer. Toutefois, sa volonté d'assumer l'indépendance, elle insiste, séduit en comparaison du conformisme-système, lui aussi assumé, des autres candidats. Il faut saluer son courage de se lever contre vents, marées et probabilités... Mais son audace suffira-t-il à soulever les montagnes? À compenser sa courte perspective politique ?
Avec le pays volé de 1759-60, le pays volé de 1837-38, le pays exterminé de Riel, le pays assimilé dans les provinces et volé de nouveau en 1980 et 1995, il faut décidément être une bonne âme pour croire que le Canada nous laissera exceptionnellement voguer cette prochaine fois vers l'indépendance sans s'interposer avec des moyens qui ressortiront davantage de la guerre de quatrième génération (***).
C'est la naïveté de Martine Ouellet, issue de cette culture politique oublieuse qui nous a tant couté, de concéder que le Canada anglo-saxon est un pays élevé dans la démocratie, un pays qui nous accordera l'indépendance. Toute l'histoire de l'oeuvre française et catholique depuis la Nouvelle-France conquise, enseignée longtemps sous la devise «Je me souviens», est un dossier à charge qui prouve exactement le contraire. Or, si dans les circonstances on ne saurait appeler aux armes, défaite assurée, les nôtres ont déjà donné leur sang en 1837-38, tout projet politique qui détourne le regard sur l'absence de démocratie et de liberté au Canada à notre égard ne nous est pas moins suicidaire. Martine Ouellet, dormez-vous?
Martine Ouellet a à charge de nous dire comment le processus référendaire volé en 1995, «nous sommes en guerre» (dixit Chuck Guité), continuité d'un pratique anglo-saxonne de notre déni national pluri-séculaire, ne nous sera pas volé de nouveau lors d'un référendum en premier mandat. D'entrée de jeu, son esquive à cet égard devrait susciter les plus grandes inquiétudes de tous les patriotes avisés. Il nous faut redouter d'être témoin de la mise en place d'un nouvel échec inconsciemment programmé. Manque de franchise, manque de lucidité et peut-être même manque de simples connaissances historiques, qui sait? Mais cette fois-ci l'échec pourrait-être à jamais irrécupérable.
* http://www.egaliteetreconciliation.fr/Michel-Drac-entretien-Ma-BAD-et-mon-couteau-5379.html
** http://www.lebonnetdespatriotes.net/lbdp/index.php/video/item/6718-27052016-martine-ouellet-sur-la-voie-de-lindépendance-du-québec
*** http://lesakerfrancophone.fr/la-guerre-de-quatrieme-generation-evolue

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Gilles Verrier140 articles

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Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier à contre-courant la relance d'un souverainisme ambitieux, peu après le référendum de 1995. On peut communiquer avec moi et commenter mon blogue : http://gilles-verrier.blogspot.ca





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3 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    31 mai 2016

    Quelques députés libéraux seraient inquiets paraît-il. Sans doute le sont-ils un peu, beaucoup même, à cause de leur inquiétant chef Couillard. Nous les comprenons sans aucune compassion.
    Mais au vu de cette course à la chefferie péquiste, en particulier de cette gigantesque et abracadabrantesque proposition de Nicolas Marceau, nous commençons seulement à comprendre que ce n’est pas seulement l’inquiétant Couillard qui inquiète ses députés poltrons, nous commençons à comprendre qu’ils s’inquiètent déjà, ou qu’ils devraient s’inquiéter davantage, du probable effondrement sur lui-même de tout le mouvement indépendantiste, empêtré encore, comme chacun le sait, avec son éléphantesque référendum.
    Misère maudite. Si le P.Q. n’arrive pas à se reconnecté avec les aspirations toutes simples de l’électorat au cours de cette course à la chefferie, il en sortira un chef essoufflé, et la course de 2018 sera courue d’avance : c’est tout le 450 en général, et la région de Québec en particulier, qui deviendront ville ouverte à l’invasion de la C.A.Q.
    Eh oui…les référendeux auront alors de beaux jours devant eux pour organiser la tenue d’une marche, d’une pétition, d’un registre permanent, afin que soit tenu un troisième référendum. Les morts encore sur les listes pourront ainsi voter OUI en 2038…

  • François Ricard Répondre

    31 mai 2016

    Encore et toujoiurs ce maudit référendum!
    Un référendum, c'est un outil que l'on peut ou pas utiliser.
    Un référendum si les fédéralistes insistent.Pas de référendum comme projet de société.
    Nous prenons le pouvoir. Nous enclenchons le processus d’indépendance. Nous nous donnons une constitution républicaine. Un projet de pays que nous ferons tous ensemble.
    Et cette constitution d’un pays indépendant pourra être adoptée soit par un référendum soit par une élection.
    Si les fédéralistes tiennent mordicus à un référendum, qu’ils le demandent. Nous en négocierons le contenu et le moment.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    30 mai 2016


    Le piège référendaire

    Depuis le début du projet souverainiste, on a postulé que le Canada est un État démocratique, alors même qu'il a fait connaître clairement son intention qu'il ne reconnaîtrait pas le résultats d'un référendum gagnant.
    Comment expliquer qu'après tous ces années qui nous ont menées dans le cul-de-sac actuel, on soit incapable de faire ce constat qui s'impose depuis si longtemps ?
    «Il n'y a pas de politique qui vaille en dehors de la réalité » (Charles de Gaule)
    Or cette réalité est simple, le référendum proposé par les mandarins fédéraux à Claude Morin, n'a jamais eu aucune garantie d'effectivité : Face on perd, pile on de gagne pas.
    Retour sur le piège référendaire :
    http://www.radioego.com/ego/listen/22726
    JCPomerleau