Elle en est à sa première campagne électorale à titre de chef de parti il est vrai. Le PQ qu’elle dirige tente également de se relever d’une sévère débâcle subie lors du dernier scrutin. La pression sur Pauline Marois est donc intense : un résultat mitigé, le soir du 8 décembre prochain, pourrait convaincre plusieurs souverainistes de la remplacer par Gilles Duceppe.
Certes, la leader péquiste n’a pas eu la tâche facile en début de campagne, avouons-le. L’investiture houleuse dans la circonscription de L’Assomption, le document interne du parti coulé dans les médias par une taupe mal attentionnée, ne sont que quelques exemples des embûches qu’elle a affrontés ces derniers jours.
Maintenant qu’il est clair que le Parti québécois sollicite un mandat de « gouverne provinciale », ne lui reste plus qu’à essayer de vaincre son principal rival sur son terrain, le Parti libéral. Ainsi, la formation de madame Marois multiplie les promesses électorales, comme son adversaire, alors que se dessine pourtant en toile de fond un ralentissement économique. Le spectacle qu’offrent ces partis qui se disputent le pouvoir à Québec manque manifestement de rigueur.
Il semble dorénavant admis et acceptable que le gouvernement du Québec renoue avec les déficits, puisque d’autres législatures vont aussi en faire pour lutter contre le ralentissement économique. Les Québécois assistent donc finalement à une bonne vieille campagne électorale. En cette ère « post déficit zéro », l’interventionnisme d’État n’est plus pestiféré! Tous les efforts collectifs réalisés dans les années 1990 pour équilibrer les finances publiques paraissent bel et bien appartenir à une époque révolue.
Le chef du Parti libéral, Jean Charest, a tout de même cru bon de ramener à la surface de notre mémoire commune cette douloureuse période de privation. Le retour à des budgets déficitaires, selon lui, ne doit pas pour autant autoriser les abus au point de devoir revivre une nouvelle fois d’autres compressions gouvernementales dramatiques. Le premier ministre sortant n’a pu ainsi s’empêcher d’égratigner Pauline Marois pour expliquer les difficultés que connaît aujourd’hui le réseau de la santé. Son programme de mise à la retraite adopté en 1997 serait la cause de la pénurie de main d’œuvre dont souffrent présentement plusieurs hôpitaux du Québec.
Ce sombre épisode des départs massifs à la retraite du personnel médical a tellement été évoqué ces dernières années par les fédéralistes qu’il prend aujourd’hui la forme d’une saga. Il aurait été bon que Pauline Marois remette les pendules à l’heure une fois pour toutes à ce sujet: si le gouvernement de Lucien Bouchard a adopté en catastrophe cette mesure, c’est qu’Ottawa venait de lui envoyer un paiement de transfert outrageusement amputé de plusieurs millions de dollars. Le gouvernement fédéral, encore secoué par la frousse référendaire de 1995, venait de découvrir une façon commode de punir les Québécois en équilibrant son budget sur leur dos. Pour éviter une baisse de sa côte de solvabilité de la part des maisons de crédit de New York, Québec n’avait donc d’autres choix que d’agir précipitamment. Ce qui ne donne pas toujours les résultats escomptés. Voilà ce que Pauline Marois devait répondre à Jean Charest, au lieu de lui avouer sa fierté d’avoir piloté ce dossier, en plus d’ajouter innocemment « qu’elle le referait, s’il le fallait! »
Un Québec souverain n’aurait jamais été bousculé de la sorte pour faire le ménage dans ses finances publiques. Il n’aurait donc pas posé de geste précipité, comme celui qui défraie présentement les manchettes. Si Jean Charest se permet de justifier son échec de raccourcir les délais d’attente pour obtenir une chirurgie en blâmant le gouvernement péquiste précédent, Pauline Marois devait l’imiter en identifiant le véritable coupable : Ottawa!
La chef du PQ a raté une belle occasion de prouver aux Québécois que Jean Charest défend les intérêts canadians, puisqu’il leur camoufle la vérité dans cette triste histoire. Au besoin, pour convaincre définitivement ceux qui ne l’ont toujours pas réalisé, Pauline Marois pouvait ajouter que son adversaire a reconnu, lors de la dernière campagne électorale, le droit au Canada de modifier les frontières d’un Québec souverain, au lendemain d’une déclaration d’indépendance. Celui qui aspire à la plus haute fonction d’un État ne la mérite pas, lorsqu’il n’ose pas protéger son intégrité territoriale énergiquement, sans hésitation, dès qu’on ose en douter. Jean Charest est indigne du poste qu’il convoite. Les Québécois doivent lui faire savoir qu’il s’est disqualifié, en choisissant le camp du Canada, contre le Québec. Voilà ce que doit marteler la leader péquiste.
Pauline Marois pourrait regretter sa malheureuse déclaration. Jean Charest et Mario Dumont cherchent par tous les moyens à susciter l’indignation dans la population. Ils essaient d’accoler à la chef du Parti québécois l’image de quelqu’un qui se soucie guère des conséquences que ses décisions apportent dans la population. Assurément, le débat des chefs qui approche sera une occasion en or pour ces adversaires fédéralistes d’enfoncer le clou. La tribune aurait pourtant été idéale pour mettre Jean Charest dans les câbles en démontrant clairement aux gens que le sort du Québec, pour lui, passe loin derrière celui du Canada. Et que ce choix ne changera pas, lorsque la récession économique frappera. Cet homme ne peut en conséquence devenir premier ministre du Québec.
Patrice Boileau
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
19 novembre 2008C'est plate à dire mais c'est en effet le goût que plusieurs de ses déclarations laissent en bouche. Un goût de vinaigre et pas de la meilleure qualité.
C'en est à se demander si elle croit vraiment qu'elle peut gagner l'élection. Et pourtant elle le pourrait. Mais grand Dieu qui donc la conseille ?
Archives de Vigile Répondre
19 novembre 2008Elle n'est pas maladroite à peu près: elle vient de déclarer que Jean Charest est «impuissant»...
Ma foi, que reste-t-il de sérieux dans le PQ?
P.B.