PHOTO D'ARCHIVES, AGENCE QMI, JOËL LEMAY
MISE À JOUR
Dans le domaine de la culture (musique, spectacles, livres, télévision, cinéma, variétés, métiers d’art, danse, etc.) il est possible de savoir à qui est destiné la moindre piastre investie par le gouvernement du Québec.
Il suffit de consulter le rapport annuel de gestion de la SODEC (Société de développement des entreprises culturelles) pour retracer les bénéficiaires de l’aide gouvernementale.
Ce n’est malheureusement pas le cas des entreprises des autres secteurs de l’activité économique lorsque l’aide gouvernementale provient par l’entremise des nombreux fonds privés financés par l’État.
Dans son article 1,5G$ de notre argent confié les yeux fermés au privé, mon collègue Sylvain Larocque met le doigt sur un grave problème de manque de transparence au sein du gouvernement caquiste.
«Les Québécois, écrit-il, ne peuvent pas savoir précisément où [est allé le quelque] 1,5G$ que le gouvernement a investis dans des fonds au cours des dernières années. Ce manque de transparence choque des experts en gouvernance.»
On fait ici référence aux fonds privés dans lesquels le super ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie de Pierre Fitzgibbon a investi des sommes considérables, notamment par l’entremise d’Investissement Québec et du Fonds du développement économique.
Il est impossible de connaître de la part des fonds privés en question, le nom des quelque 1000 entreprises bénéficiaires et plus, ainsi que le montant qu’elles ont obtenu en financement gouvernemental indirect.
Si la même aide financière de 25 000 $ ou plus avait été versée par le ministère de l’Économie, le nom de l’entreprise serait dévoilé. Mais quand cette même aide gouvernementale provient par l’entremise d’un fonds privé, l’obligation de divulguer le bénéficiaire tombe!
La raison évoquée par Investissement Québec pour ne pas transmettre le nom des bénéficiaires des fonds privés où il a investi : «En ce qui a trait à la liste des entreprises dans lesquelles ces fonds ont investi et les montants en cause, il s’avère que ces informations ne peuvent vous être transmises pour des raisons de confidentialité», a-t-on répondu à mon collègue Larocque.
Ce qui est encore plus troublant, c’est de voir le ministère de Fitzgibbon refuser de rendre publics les bénéficiaires du Fonds des transferts des entreprises du Québec, lequel fonds est lui-même géré par Investissement-Québec. La raison? «Afin de préserver la confidentialité des informations sur la situation financière des entreprises ayant bénéficié du FTEQ, une telle liste ne peut être partagée.»
On parle ici d’un fonds constitué en société en commandite qui dispose d’une capitalisation de 50 millions et dont les partenaires sont le Fonds du développement économique du gouvernement du Québec et les trois fonds fiscalisés qui doivent leur existence aux crédits d’impôt gouvernementaux, soit le Fonds de solidarité FTQ, Fondaction CSN et Capital régional et coopération Desjardins.
- Écoutez la rencontre Fortin-Montpetit avec Steve E. Fortin, chroniqueur au micro de Marie Montpetit via QUB radio :
ÇA SUFFIT
Avec nos milliards d’impôts, de taxes et d’épargnes, on finance annuellement des milliers d’entreprises sous différentes formes d’aide financière: subventions, prêts pardonnables, prêts conventionnels, investissements en capital de risque, etc.
Cela se fait soit directement par le gouvernement par l’entremise du ministère de l’Économie, d’Investissement Québec, du Fonds du développement économique, de la Caisse de dépôt et placement. Ou soit indirectement par l’entremise d’une panoplie de fonds privés financés en partie avec nos impôts, taxes et épargnes.
Je ne comprends pas pourquoi tout ce beau monde de la finance gouvernementale ne semble pas s’objecter à rendre public le nom des entreprises dans lesquelles ils injectent de l’argent, sauf lorsqu’il s’agit des entreprises qui reçoivent de l’aide gouvernementale par l’entremise des fonds privés.
MONSIEUR FITZGIBBON
Du haut de son statut de super ministre caquiste, Pierre Fitzgibbon a fustigé le Journal sur Twitter: «Les fonds supportés par le gouvernement ont des outils de gouvernance robustes qui font de la reddition de comptes au gouvernement, mais aussi à tous les investisseurs privés. Soit par manque de connaissance ou par mauvaise foi, ce genre d’article insulte des gestionnaires rigoureux de ces fonds.»
Monsieur Fitzgibbon, qui dit rigueur devrait également dire transparence. La règle devrait être la même pour toutes les entreprises qui reçoivent de l’aide gouvernementale grâce à nos impôts, taxes et épargnes.
Avec l’aide gouvernementale vient l’obligation de transparence. C’est à prendre ou à laisser.